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Déracinements, exils et renaissances, de Françoise Gardiol

Publié le 16 février 2022 par Francisrichard @francisrichard
Déracinements, exils et renaissances, de Françoise Gardiol

Les Gardiol,

une épopée en lettres minuscules

qui court les siècles,

traverse les continents,

chemine sur les traces des vaudois,

chante l'évangile des pauvres,

danse au rythme des persécutions,

fuit sur des sentiers d'exil...

Tel est le début de l'épilogue de Déracinements, exils et renaissances, où le patronyme d'une famille, Gardiol, qui est celui de l'auteure, se trouve mêlé à l'Histoire.

Ce n'est pas seulement un nom qu'elle porte:

Je porte aussi une communauté de valeurs, une terre, une langue.

Comme une aventure qui me dépasse,

en voyage dans le temps et l'espace

avec un héritage séculaire qui me traverse.

Comme elle le dit à la fin du prologue...

Le temps est celui qui va du XIIe siècle à aujourd'hui; l'espace, celui dont l'origine se trouve en Languedoc et Piémont et s'étend à l'Europe du Nord et du Sud, aux nouveaux mondes des Amériques du Sud et du Nord.

La communauté de valeurs est celle des vaudois, qu'il faut entendre dans le sens de cette église chrétienne dissidente, considérée comme hérétique, alliée à l'église réformée pour combattre celle du pape et des catholiques.

La terre, c'est surtout celle des vallées piémontaises, où les vaudois se sont réfugiés à une époque, puis, d'où d'aucuns, à une autre, sont partis en exil avant que d'autres ne reviennent parce qu'ils avaient bien trop le mal du pays.

La langue, c'est le gardiol:

Une langue qui a survécu

à travers les siècles

en un seul lieu sur la planète,

une "espèce" menacée,

c'est la surprise

des linguistes découvreurs du gardiol

au sud de l'Italie

il y a environ trois décennies!

Ce récit est donc celui de persécutés pour leur foi et leurs idées.

Le premier reproche qui pourrait lui être fait serait la façon manichéenne de raconter l'Histoire avec d'un côté le camp du Mal, celui des catholiques, et de l'autre le camp du Bien, celui de tous les autres, ligués contre lui.

Le second serait de juger les faits du passé à l'aune de l'esprit de notre temps, en oubliant le contexte qui non pas le justifie mais permet de le comprendre, et qui ne peut être rendu par les seuls témoignages à charge d'un seul camp.

Pour éclairer ce propos je citerai, à titre d'exemple, un fait historique soigneusement effacé des mémoires et qui montre que l'Histoire est toujours plus complexe que celle que l'on trouve dans les livres de l'Histoire dominante.

Tout le monde connaît le massacre de la Saint-Barthélémy, mais qui sait que, six ans auparavant, à Nîmes, à la Saint-Michel, nombre de catholiques ont été massacrés, des prêtres et des religieux égorgés par des... protestants?

L'an passé, j'ai chroniqué Clothilde au temps de la Saint-Barthélémy d'Henri Gautschi, auquel un tel reproche de simplification ne peut être fait. Mais cela ne veut pas dire que le souffle épique de celui-ci ne m'emporte pas...

L'épigraphe d'Antonio Gramsci, en tête du prologue, dit au lecteur que le dessein de ce récit transcende toutes querelles puisque nous sommes, nolens volens, des héritiers, qu'il ne faut jamais l'oublier, sans en être responsables:

Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va.

Francis Richard

Déracinements, exils et renaissances - Des routes Gardiol, Françoise Gardiol, 224 pages, Éditions de l'Aire


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