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son temps

Publié le 19 mars 2022 par Modotcom
son temps

ça y est
au québec on relâche pour une ixième fois
les mesures sanitaires
suffisamment cette fois
pour que les entreprises
demandent à leurs employés
de revenir travailler au bureau
au moins en mode hybride

ce sera la poussée
pour repeupler les quartiers
en dehors des bureaux à domicile
les sorties au restaurant
et dans les bars
et même les fameux cinq à sept
dès la venue du printemps
alors que les établissements les plus téméraires
feront  terrasses sur les trottoirs

ce jeudi soir
alors qu'on embarquait nos provisions
dans le coffre de l'auto
pour venir au chalet
nous nous sommes remémorés
qu'à peine quelques années auparavant
nous serions sortis à la même heure
pour un cinq à sept
avec nos collègues de travail

cela fait deux ans que je n'ai pas travaillé
physiquement avec des gens
et je ne m'ennuie pas du tout
on se voit en ms teams
plus souvent même qu'avant
et je ne peux pas concevoir qu'auparavant
on n'avait pas assez de se voir toute la journée
qu'on voulait en plus aller socialiser ensemble
après

mais je n'ai pas toujours été sauvage

non

il y a vingt-cinq ans
j'étais la it girl au travail
j'avais mon bureau
au milieu de la place
pour que tout le monde
arrête me voir
s'il avait besoin de quelque chose
on ne me dérangeait jamais
j'organisais les partys
les lunchs d'anniversaire
j'amenais les restants de mes bouquets de fleurs
pour embellir le bureau
je faisais de l'animation
je n'avais jamais assez de vie sociale
je ne pouvais pas m'imaginer une vie sans sortir
et pendant ma période célibataire
j'ai même fréquenté de peau des collègues de travail
il n'existait personne
que je voyais plus souvent qu'eux
et dont j'étais la plus complice
et des années après
je me rendais compte que je n'étais pas seule
à vivre du par au avec dans le travail
j'ai connu plein de couples de banque
et quelques couples d'agence
collés pour durer

le bureau était le lieu de socialisation
par excellence
pour tous ceux qui étaient callés
à un travail salarié
work hard
play hard
qu'ils disaient

jamais je ne me serais doutée
que j'allais  tant apprécier
une vie si calme depuis ces derniers temps
sans multitudes de contacts
sans animation culturelle
sans brouhaha

je retourne bien sûr
dans les restos et sur les terrasses
m'enivrer de l'esprit festif de la ville
mais sans collègues de travail
c'est bien mieux

comme le dit l'homme-chat

chaque chose en son temps.


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