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Concerto pour quatre mains

Publié le 01 avril 2022 par Adtraviata
Concerto pour quatre mains

Quatrième de couverture :

D’un côté Jean Villemont, avocat pénaliste amoureux des sommets et sa consoeur Leila Naciri. De l’autre, Franck Jammet, braqueur virtuose et sa compagne Julie Narmon, aussi discrète qu’efficace. Entre eux, un homme et une affaire. Où se trouvait Franck Jammet la nuit du 18 au 19 février 2013 ? Pourquoi Jean Villemont ne se contente-t-il pas de la version officielle ? Qui a réalisé le casse du siècle ?

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé la plume de Paul Colize et surtout son art de mener une intrigue en mêlant plusieurs points de vue et plusieurs voix.

Le roman commence par une page mystérieuse, quelqu’un sort de prison après une peine visiblement éprouvante et il promet à une journaliste « d’entrer dans la légende ». Ensuite on plonge dans « le casse du siècle », aussi efficace que rapide à l’aéroport de Zaventem. Le roman va alors dérouler les chapitres, en alternant l’enquête sur le casse de l’aéroport, la vie et les exploits de Franck Jammet, un braqueur chef de bande, réputé pour son efficacité, la précision de ses attaques et surtout son élégance (jamais de coups de feu, jamais aucun blessé lors de ses braquages) et enfin le travail et la vie de Jean Villemont, un avocat pénaliste réputé à qui on demande d’assurer la défense d’Akim Bachir, un obscur petit braqueur sans envergure. Malgré le peu d’intérêt de cette affaire, Jean Villemont est intrigué par son client qui se fait passer à tabac en prison au point d’atterrir aux soins intensifs et, en acceptant de le défendre, met le doigt dans un engrenage fatidique. Evidemment les fils qui relient le brillant cambrioleur et le petit délinquant seront habilement, que dis-je brillamment tissés par Paul Colize dans des chapitres courts, nerveux, non dénués d’humour (à commencer par le malin plaisir que prend l’auteur à donner pour titres à ses chapitres les derniers mots de chacun).

Le romancier explique à la fin qu’il s’est inspiré de deux personnages réels dans l’histoire judiciaire belge : l’avocat pénaliste Pierre Monville (devenu Jean Villemont dans le roman) et le braqueur François Troukens, sorti de prison avec deux diplômes universitaires et devenu auteur et cinéaste. Si l’issue du roman dépasse de loin la réalité, de nombreux points communs unissent celle-ci et la fiction et honnêtement, c’est passionnant de suivre les deux hommes, l’un dans son parcours de braqueur, l’autre dans son travail d’avocat (et sa vie privée qui lui donne de l’humanité). Tous deux nous font un peu comprendre les arcanes de la justice et de la prison belges. Tous deux sont des virtuoses dans leur genre. Les femmes de leur vie ne sont pas là pour décorer non plus. Tous deux auraient pu être amis…

« Le pénal est la branche la moins rémunératrice, mais la plus passionnante du droit. L’avocat pénaliste est en constante représentation. Il doit avoir le sens du théâtre, être un orateur habile, tenace et combatif. Il lui faut sans cesse user de sa force de persuasion pour défendre les intérêts de son client. « 

« Ce que je m’abstiens de dire à nos futures divas du barreau, c’est qu’en plus du travail, la différence entre un avocat qui réussit et celui qui végète est en bonne partie due à la maîtrise d’une science inexacte qui n’est pas enseignée à l’université.
Elle s’appelle le feeling, le flair ou l’intuition. »

« Lors de ma première visite, je pensais qu’il n’y avait qu’à la pousser [la porte]. Le gardien m’avait stoppé d’un geste, comme il venait de surprendre un gamin en train de faire une bêtise.
-Non, Maître, ça ne marche pas comme ça. Ici, vous n’avez jamais qu’une seule porte ouverte à la fois.
La phrase m’était restée en mémoire. La privation de liberté se résume à ces quelques mots. En rentrant chez moi, ce soir là, j’ai calculé le nombre de portes que comptait la maison. Dix-sept. J’étais cerné de portes, mais à quelques exceptions près, elles étaient ouvertes.
En prison, la liberté se mesure à l’intervalle qui sépare deux portes closes. »

« – Francis Lambotte m’a dit le plus grand mal de vous. J’en ai déduit que vous ne pouviez être que quelqu’un d’intéressant.
Je lui rends son compliment.
– J’étais certain que vous n’étiez pas homme à écouter les ragots. Le plaisir est pour moi. »

Paul COLIZE, Concerto pour quatre mains, Pocket, 2017 (Fleuve éditions, 2015)

Le Mois belge commence bien avec ce roman que je classe en Noir corbeau. Ingamnic a lu le même roman, allons découvrir son avis.

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