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" Speaking Tango " Minino Garay fait tanguer le Sunside

Publié le 30 mars 2022 par Assurbanipal

Paris, Ile de France, France

Samedi 26 mars 2022, 20h30

Concert de sortie de l'album " Speaking Tango "

Minino Garay: voix, batterie, percussions

Lionel Suarez: accordéon

Cédric Hanriot: piano

Christophe Wallemme: contrebasse

Ray Colom: trompette

Anastasya Terenkova : piano

Georgi Anichenko : violoncelle

Lectrices séductrices, lecteurs ravageurs, ce blog a déjà célébré les louanges de votre nouvelle arme fatale, l'album " Speaking Tango " de Minino Garay. L'absence du piano du pauvre au profit de l'accordéon du riche m'avait frappé dans cet album. C'est pourquoi des 3 concerts de sortie au Sunside (jeudi 24 mars avec Manu Codjia à la guitare, vendredi 25 mars avec Jean-Marc Ecay à la guitare, samedi 26 mars avec Lionel Suarez à l'accordéon), j'ai choisi de me rendre à celui du samedi 26 mars avec le partenaire de Minino Garay au sein du Quarteto Gardel, petite formation dédiée au mélange Tango et Jazz contemporain.

" Chico de mi barrio ". Lionel Suarez est tout de suite dans la place. Ca balance sévère. L'accordéon nous enveloppe. La rythmique pulse sévère. La voix de Minino Garay scande en rythme. ll ne chante pas. Il parle en rythme. La voix se fait caressante sur le solo final du piano.

" Solo con un beso " ( '" Seulement avec un baiser ", je suppose). Minino scatte en phase avec sa batterie. Le contrebassiste fait la percussion en tapotant ses cordes. Le rythme accélère doucement. Christophe Walleme a repris le pizzicato. Minino ses percussions. Par rapport à l'album, il me manque la voix de femme en réponse même si Minino fait des efforts pour chanter masculin & féminin. Solo de contrebasse majestueux souligné par l'accordéon, ponctué par le piano et Minino. Ca marche, je me balance doucement sur ma chaise.

" Desencuentros ". Un spectateur propose de traduire par " rendez-vous manqués". Un tango énergique. L'accordéon de Lionel Suarez ajoute vraiment des couleurs à cette musique déjà chatoyante. Minino Garay chante l'échec joyeusement et en rythme. Solo de piano romantique à souhait mais toujours bien soutenu rythmiquement par les 3 autres musiciens. Solo de Lionel Suarez bien poussé par la rythmique. Ca balance grave.

Le quartet démarre énergiquement. Un tango, ca ne s'écoute pas, ça se danse. Minino Garay le dit d'ailleurs. Au Sunside, il n'y a pas la place. A défaut, debout comme assis, les spectateurs dansent sur place. Moi compris. L'accordéoniste en remet une couche. C'est de plus en plus rythmé, percutant. Le piano emballe le tout. Je vois arriver un guitariste avec sa housse en bandoulière. Un invité sur la scène je présume. Un trompettiste se met en lèvres derrière moi. C'est le dernier des 3 concerts de sortie de l'album " Speaking Tango ". C'est la fiesta. Elle a déjà commencé avec le quartet. Contrebasse & batterie pulsent alors que Lionel Suarez nous la fait au sentiment. Ca marche évidemment. Jolie montée dans l'aigu de l'accordéon. Tout en finesse et en précision. Ca joue, nom de Zeus! Ca envoie et ça réplique entre les 4. Derrière moi, exclamations de joie en espagnol.

Le trompettiste Ray Colom monte sur scène. Un titre de Charles Romuald Gardes (1890-1935) dit Carlos Gardel, la légende du tango, né à Toulouse en France. Le pianiste joue fluide, liquide. Minino Garay dit le texte tout en douceur. Puis le quintette part tout en douceur et en souplesse. Un tango nostalgique à souhait. La trompette se marie en douceur à l'accordéon. Je me balance doucement sur mon siège. Doux solo de trompette qui s'élève clair. Avec un bon feeling latino. A titre de comparaison, écoutez Dizzy Gillespie au Rendez Vous Club de Buenos Aires en 1956 avec l'orchestre d'Osvaldo Fresedo.

" Que Arajo ". Minino Garay avoue avoir copié Camille Bertault et sa chanson " Je vieillis ". Justement, Camille est dans la salle. Elle approuve. Le trompettiste joue des palmas. Né à Paris, il a grandi à Barcelone. Un tango énervé. La voix grogne. La musique s'agite. Ray Colom joue de la trompette. Ca swingue bien. Tout s'arrête pour une grosse pulsation de contrebasse.

PAUSE

Pendant la Première guerre mondiale, en France, la musique allemande était interdite. Plus de Beethoven, Schumann, Schubert, Wagner au programme. Pas un seul orchestre ou artiste allemand ne pouvait jouer. Je présume qu'il en était de même en Allemagne pour la musique française. En 2022, alors que la Russie a envahi l'Ukraine, les artistes russes sont ostracisés dans de nombreux pays, notamment en France. Comme s'ils étaient responsables des actes de leur Gouvernement. Minino Garay est lui aussi fâché de cet amalgame entre politique et culture. Il pose un acte concret en invitant sur scène deux artistes russes qui vivent à Paris, la pianiste Anastasya Terenkova et le violoncelliste Georgi Anichenko. Avec ce trio inédit, ca swingue avec l'âme slave. Des Argentins d'ascendance slave, il en existe forcément. " L'homme descend du singe. L'Argentin descend du bateau " (proverbe argentin). La patte classique et l'école russe s'entendent dans le jeu des musiciens. Le tango vire au menuet. Tout en finesse. Belle attaque finale du trio. Une composition d'Astor Piazzola dont le titre m'échappe.

Minino Garay complète son propos en citant un des trois membres de la Sainte Trinité argentine (Messi, Maradona, Francesco ou François). " Moi je peux faire des conneries mais, le ballon, on ne le salit pas " (Diego Armando Maradona). On ne mélange pas culture et politique rappelle Minino Garay. Retour du quartet sur scène. Minino va dire un poème argentin de 1886 ou 1910. Je n'ai pas bien compris même en français. Un texte scandé. Le groupe balance et ma tête aussi. J'aime beaucoup cette chanson sur l'album. Pareil en concert. Le piano tourne en boucle, fait monter la tension, la libère. Lionel Suarez est à l'ocarina il me semble. Cf extrait audio au dessus de l'article.

" Speaking Tango " c'est le Slam Tango de Minino Garay. Titre album. Une composition de Lionel Suarez déjà jouée par le Quarteto Gardel. Ca ondule toujours et moi aussi. Le tempo s'accélère, emballé par l'accordéon. La rythmique impulse. Ca swingue terrible. Ray Colom se prépare à remonter sur scène.

Pour sortir du tango, une milonga, autre danse argentine. " Senora Egualidad " (Madame Egalité). Tempo lent. La musique accélère au son de l'accordéon. Nostalgie, quand tu nous tiens.

" Volver ". Un standard de Carlos Gardel. Ecrit de retour en Argentine après un séjour en France où il fut filmé aux studios de Joinville le Pont (94). Gardel avait quitté la France avec sa mère à l'âge de 3 ans. Intro en solo d'accordéon. Nostalgique à souhait. C'est le retour. Après cette longue et belle introduction, le quartet repart joyeusement. Minino ne parle pas. Il joue. Il nous sort un solo de percussions dont il a le secret. Rapide, sec, précis, chaud. En résonnance avec les autres musiciens. Il est reparti aux baguettes sur les tambours. Ca vibre dans le ventre. Minino lâche les chevaux sur les cymbales. Les tambours roulent toujours. Ca marche. Hurlements de joie du public qui applaudit.

Ray Colom remonte sur scène. Minino Garay chante les louanges de Francis Marmande, journaliste du Monde, qui a écrit un article élogieux sur l'album " Speaking Tango ". Au public de chanter. Minino Garay bat des mains pour nous donner le tempo. Ca chaloupe tranquille. Le trompettiste envoie du son. Ca pétarade et swingue latino. Comme tout le monde, je chante " Amame on line ". Une chanson sur les réseaux sociaux en ligne, je présume.

C'était l'envoi final de ce concert. Rien à ajouter. J'espère simplement que " Speaking Tango " sera joué cet été dans des festivals en plein air afin que vous ayez la place d'y danser ensemble, lectrices séductrices, lecteurs ravageurs.


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