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Pâques 1884 — L'impératrice d'Autriche à Heidelberg (1) — Un article du journal L'Univers

Publié le 19 avril 2022 par Luc-Henri Roger @munichandco
Pâques 1884 — L'impératrice d'Autriche à Heidelberg (1) — Un article du journal L'UniversLe Schlosshotel et le sanatorium d'Heidelberg en 1888
Sissi  et sa fille Marie-Valérie séjournèrent à Heidelberg du 5 avril au 1er mai 1884, après y avoir fait une excursion depuis Bade le 2 avril. L'impératrice Elisabeth y prend notamment des cours d'escrime chez le maître d'armes universitaire Friedrich Schulze (1851-1907).  Elle y séjourneront à nouveau l'année suivante, du 2 avril au 10 mai 1885, puis, accompagnées du fiancé de Marie-Valérie, du 3 au 8 avril 1890. 
Notre article, extrait d'un journal catholique de 1884, s'intéresse surtout aux cérémonies de la fête de Pâques auxquelles les deux femmes assistent, à la santé de l'impératrice et aux visites qu'elle reçut à Heidelberg.
L'impératrice d'Autriche à Heidelberg [Un article du quotidien L'Univers (1) du 29 avril 1884]
   On nous écrit de Heidelberg, le 21 avril 1884 :    S. M. l'impératrice Elisabeth d'Autriche est ici depuis une quinzaine de jours. On assure qu'elle restera encore jusqu'à la, fin du mois et, si le temps s'y prêtait,  jusque vers le 10 mai.   Sa Majesté ne devait tout d'abord venir qu'après les fêtes de Pâques, mais elle a quitté Wiesbade pour une raison qui fait grandement honneur à la souveraine. À Wiesbade, l'impératrice Elisabeth a dû suivre les offices, comme tous les fidèles, dans un hangar qui sert d'église aux catholiques de cette station balnéaire, depuis que la secte reinkensienne (2) s'est emparée de la superbe église paroissiale, construite avec l'argent des catholiques de l'univers entier. Dans le hangar de Wiesbade, Sa Majesté et son auguste fille, Mme l'archiduchesse Marie-Valérie, se trouvaient naturellement fort à l'étroit, l'église provisoire suffisant à peine à la foule des catholiques. Sa Majesté a donc abrégé sa cure pour venir s'installer ici. D'autre part, le public balnéaire et surtout le monde ploutocrate de Francfort, de Mayence et d'autres villes rhénanes et mœnanes, incommodaient par leur curiosité irrespectueuse et fort inconvenante Sa Majesté et son auguste fille.   Ici, très heureusement, il n'en est pas ainsi. L'Impératrice s'est installée avec Mme l'archiduchesse Marie-Valerie et leurs suites au Schloshôtel, c'est-à-dire dans le superbe hôtel bâti au-dessus de l'ancien parterre français des jardins du château du Heildelberg, ancienne résidence électorale palatine et berceau de la maison palatine à laquelle appartient Sa Majesté.   Comme l'hôtel est situé au-dessus du palais électoral palatin, déjà bâti à mi-côte, l'impératrice peut facilement se dérober à la curiosité de badauds irrespectueux et mal élevés, comme à Wiesbade.   Sa Majesté a aussi la satisfaction de pouvoir suivre les offices dans un édifice digne de notre culte, car, à Heidelberg, quoique la même secte reinkensienne ait pu nous voler la collégiale de Saint-Esprit et l'église Saint-Anne, il nous est restée la splendide église des RR. PP. jésuites.  Le jeudi saint et le vendredi saint, Sa Majesté, son auguste fille et leurs nobles suites ont suivi, le matin et le soir, les offices en l'église des RR. PP. jésuites. S.A.I. et R. Mme la princesse d'Isembourg, archiduchesse d'Autriche, belle-sœur de Mgr le prince de Lœwenstein, qui était venue d'Offenbach faire une visite à l'impératrice, a été présente aux mêmes offices. Le samedi saint, Sa Majesté a assisté à la- bénédiction de l'eau, et le saint jour de Pâques S. A. R. Mme la comtesse de Trani, princesse royale des Deux-Sicile, soeur de Sa Majesté, ainsi sa fille, arrivées la veille au soir de Bade, se sont rendues en compagnie de l'impératrice, de Mme l'archiduchesse Marie-Valérie, dès six heures et demie du matin, à l'église des RR. PP. jésuites, pour y assister à la Célébration de la messe de résurrection.   Mardi 15 est arrivé Mgr Meyer, abbas infulatus. grand aumônier de Sa Majesté et curé du palais impérial de la Hofburg de Vienne, confesseur de Sa Majesté.     Vendredi 18, l'impératrice, Mme l'archiduchesse Marie Valérie, leurs nobles suites et tout le personnel de leurs maisons sont allés faire leur communion pascale en la même église des RR. PP. jésuites.     Hier, dimanche de Quasimodo, les enfants en âge de première communion ont été admis à la sainte table. Sa Majesté, pensant que parmi les jeunes communiants devaient se trouver des enfants pauvres, a fait remettre, après la messe, à M. le curé de la paroisse, la somme de 500 fr., pour qu'elle soit immédiatement distribuée aux enfants nécessiteux. Cet acte de charité a été d'autant plus apprécié, que Sa Majesté et son auguste fille ont déjà édifié tout le monde, par leur piété touchants et par leur imposante simplicité. La communauté catholique est très heureuse de voir cette souveraine donner un si bel exemple de vertus charitables.     La semaine passée, le grand-duc de Bade, Mme la grande-duchesse de Bade et les princes de Bade, leurs fils, sont venus faire une visite à l'impératrice. Sa Majesté est allée samedi, après midi, à Carlsruhe, pour la rendre.     L'impératrice, qui avait cherché aux eaux de Wiesbade un soulagement à ses douleurs névralgiques, continue ici un traitement qui doit lui procurer un allègement de ses douleurs. Comme Sa Majesté ne souffre ni d'une maladie proprement dite, ni d'une lésion interne, les médecins lui ont prescrit des exercices dont ils se promettent, sinon la disparition complète des douleurs névralgiques et rhumatismales du moins un abaissement notable de leur caractère aigu. C'est ainsi que Sa Majesté fait de longues courses à pied et à cheval pour se procurer des fatigues corporelles ; elle se livre aussi, sur le conseil de ses médecins, à des exercices de corps capables de rendre à ses nerfs leur élasticité.                   L'impératrice ne paraît pas trop souffrante, sa taille svelte et son port de souveraine sont les mêmes qu'il y a vingt ans, mais ses traits fins et délicats portent une légère trace de ses douleurs névralgiques, ce qui donne à ses traits je ne sais quel air de mélancolie et de résignation.    À Wiesbade,  l'impératrice a laissé de riches offrandes aux sœurs de Saint-Vincent de Paul et à des établissements catholiques, comme elle a fait ici à l'occasion de la première communion. Cette charité, unie au bel exemple donné par l'impératrice, lui ont gagné tous les cœurs, si touchés déjà par le spectacle des souffrances physiques qu'elle endure depuis si longtemps.
(1) L'Univers fut un journal catholique ultramonain.

(2) Joseph Hubert Reinkens (né le 1er mars 1821 à Burtscheid, mort le 4 janvier 1896 à Bonn) est le fondateur et le premier évêque de l'Église vieille-catholique allemande. Il est ordonné prêtre catholique le 3 septembre 1848 à Cologne.  Après avoir obtenu un doctorat de théologie à Munich en 1850 grâce à une thèse sur Clément d'Alexandrie, il reçoit un poste de professeur à l'université de Breslau. En 1865-1866, il en est le recteur. Lors du conflit entre l'évêque Heinrich Förster et Jean-Baptiste Baltzer, il soutient le professeur. Avec Ignaz von Döllinger, Johann Friedrich von Schulte et Franz Heinrich Reusch, il publie la déclaration de Nuremberg le 26 et 27 août 1870 contre le premier concile œcuménique du Vatican et l'infaillibilité pontificale. Il se consacre à la fondation du diocèse catholique des vieux-catholiques en Allemagne qui en fait son premier évêque le 4 juin 1873 à Cologne. Le 11 août 1873, il est sacré à Rotterdam par Hermann Heykamp, l'évêque vieux-catholique de Deventer. Il est évêque jusqu'à sa mort en 1896.


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