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« Pas un pas ne se perd », le spectacle musical qui vient en aide aux enfants migrants !

Publié le 26 avril 2022 par Captain_h0wdy @twit2mat
« Pas un pas ne se perd », le spectacle musical qui vient en aide aux enfants migrants !

Mais quel monde. Des années plus tard je m'en souviens. Stalingrad, la station avoisinant mon lycée. Chaque fois que je rejoignais le métro ou que j'en sortait, c'était là. Ils étaient là.

"Les migrants". Ceux qu'on qualifie par le statut qu'ils acquièrent une fois leur pays derrière eux. On les désigne par leur différence, on les catégorise. Il faut bien leur donner un nom me dira-t-on. Leurs tentes plantées à même le bitume, menaçant de s'envoler à la moindre bourrasque, le métro qui vrombit au-dessus, comme pour écraser encore plus ceux qui le sont déjà par leur situation, leur histoire, leur périple. Et les gens. Les hommes, les femmes, les enfants. L'incompréhensible, l'incroyable. Ce n'est jamais aussi percutant qu'en vrai, hors des écrans de télé, de portable, d'où l'horreur devient étouffée, amoindrie, lointaine.

C'est pour ces gens là que "Pas un pas ne se perd" le spectacle musical dont je vous parle existe. C'est pour eux qu'il a été écrit. En fait non. C'est le révoltant de leur quotidien, le résultant de leur état et de leur parcours qui a initié cet espèce de concert et rameuté l'équipe nécessaire pour le monter, le produire, l'accueillir, le montrer, le chanter, le jouer, l'incarner. Les trois chanteuses : Myra Zbib, Sara Belviso et Dimitra Kontou. Le pianiste Yassine Zerhouni et le guitariste et beatboxer Nathan Guhl. Attention ils chantent tous et sont également comédiens.

La direction musicale est dirigée par Hugo Jasienski. Le principe est de reprendre une partie du répertoire de la grande et inimitable chanteuse parisienne la plus internationale de France et la plus intemporelle : Edith Piaf. Elle est ravivée pendant 40 minutes, en vous évitant l'habituelle exclusivité redondante de ses plus gros tubes. "La vie en rose" ? "Milord" ? "Padam padam" ? Bien entendu ! Mais pas que, on a droit à des morceaux peu connus dont on se délecte tout autant. Et comme si ce n'était pas suffisant, toutes les chansons sont retravaillées, et certaines transposées dans une langue étrangère, vous aurez droit à de l'espagnol, de l'arabe et, il me semble, du grec. Etrangement ça ne choque pas, ça ne dérange pas. Chaque traduction est mesurée pour que ça sonne aussi bien qu'en français, pour que la musicalité soit respectée.

Les trois comédiennes sont formidables, elles jouent avec plaisir et adresse sans rentrer dans l'excès, et les deux musiciens sont plus discrets mais ô combien indispensables. La salle de La Flèche d'Or dans le 20ème arrondissement de Paris, lieu à taille humaine en rend le moment encore plus chaleureux et proche du public qu'il ne l'est déjà. Simplicité et complicité sont au rendez-vous. L'espace est si réduit que la scène n'est plus la scène, la barrière entre nous et eux se désagrège pour nous offrir une expérience émouvante et, pourrait-on dire, palpable. La troupe se mélange à nous autres, jouant avec leur art et avec l'espace. Attention, ils ne se contentent pas de chanter et de jouer. Une théâtralité, une joie de rentrer dans un rôle si délicat et minimaliste soit-il, se fait ressentir, entendre, et voir dès le départ. La mise en scène est ingénieuse, et renforce le contact entre les personnes.

Avec une entrée à un prix flexible en fonction de ce qu'on peut donner individuellement, l'entièreté des sous récoltés revient à l'association Les midis du MIE, qui vient en aide aux enfants migrants de Paris, mineurs, isolés et à la rue. Vous pouvez retrouver le détail de leur démarche et des informations complémentaires sur leurs comptes Facebook et Instagram. Ils ne demandent aucune adhésion ou aucun minimum concernant l'aide apportée aux enfants, tous aident comme ils peuvent, quand ils peuvent.

Malheureusement je n'ai pas de date à vous proposer pour le spectacle, au moins vous aurez trace de son existence, et j'aurais tenté de transmettre une partie du message qu'il a voulu mettre en avant. Celui de la culture, des origines, de l'appartenance, de la musique, de l'amour, et plein d'autres choses encore. Un beau spectacle, une salle à découvrir et une initiative à honorer !


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