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BNPL : la fin du far west

Publié le 17 mai 2022 par Patriceb @cestpasmonidee
KlarnaAprès plusieurs années de croissance fulgurante et débridée, le marché du paiement fractionné ou différé (BNPL) a désormais atteint une taille trop importante pour que les comportements de cow-boys de certains de ses acteurs continuent à passer sous les radars. Klarna, par exemple, anticipe les exigences réglementaires qui pointent à l'horizon.
La pionnière du domaine annonce que, à partir du mois prochain, elle transmettra à deux des principales agences de notation de crédit du Royaume-Uni, Experian et TransUnion, les informations sur les transactions de ses clients, à savoir leur recours à ses services de règlement à 30 jours et en 3 fois (qu'ils interviennent dans sa place de marché ou auprès de ses partenaires commerçants), ainsi que leur comportement de remboursement, à la fois, naturellement, dans sa régularité et à travers les éventuels incidents rencontrés.
D'un côté, et Klarna insiste évidemment d'abord sur cet aspect, l'initiative constitue une avancée positive pour les consommateurs, nombreux parmi les 16 millions d'adeptes de sa plate-forme, dont l'historique est insuffisant pour posséder un score représentatif de leur risque réel. Progressivement, leurs achats financés par BNPL les aideront à consolider leur réputation et faciliteront leur accès aux prêts des circuits traditionnels, sans avoir à souscrire une carte de crédit coûteuse et parfois dangereuse.
Là, il faut toutefois poser un bémol, car les données fournies par Klarna ne seront, dans un premier temps, exploitées que dans le cadre des dossiers détaillés qu'élaborent les agences sur les individus qu'elles examinent. Bien que les deux parties collaborent depuis deux ans sur le sujet, la prise en compte des pratiques de paiement fractionné dans le score de crédit, qui reste le critère majeur d'évaluation de la fiabilité des emprunteurs, n'est pas opérationnelle à ce stade (et aucune échéance ferme n'est indiquée).
Bannière Klarna
D'un autre côté, il s'agit également d'une mesure éminemment défensive face à la surveillance accrue des autorités sur les nouveaux entrants du BNPL, jusqu'alors soumis à peu de contraintes, notamment en comparaison des établissements de crédit classique, et à la préparation de législations spécifiques destinées à encadrer leurs activités, un peu partout dans le monde. L'objectif est alors de rassurer, en tentant de démontrer qu'il est aussi de l'intérêt du trublion de s'inscrire dans une démarche responsable.
Dans ce registre, le principal bénéfice de l'intégration avec le score de crédit est l'élimination qu'elle entraînera de l'angle mort existant aujourd'hui, via lequel l'engagement dans une opération de BNPL n'est pas matérialisé dans l'endettement alors qu'il en est une part intrinsèque. La connaissance de toutes les charges en cours et à venir est un facteur de confiance essentiel dans l'estimation du risque de défaut. Ce n'est pas un hasard si ce point est justement une des premières inquiétudes des régulateurs.
Quelle que soit sa perspective, l'approche de Klarna tend aussi à confirmer, s'il était nécessaire, que les facilités de paiement sont une forme de crédit comme une autre et que, à ce titre, elle doivent être soumises à des obligations similaires à ses équivalentes. En attendant que les textes soient rédigés et entrent en vigueur, il est tout de même intéressant de constater que l'un des acteurs les plus importants comprenne que les modèles trop agressifs ne peuvent perdurer et que l'éthique doit trouver sa place.

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