Pouvoir de prescription, nécessité de lien proche, démocratisation de l’accès au savoir : dilemmes

Citoyens ! Comme je suis parti à Rome et que mon addiction à ma recherche de bons plans était à son comble, je me suis penché sur le pouvoir de prescription qu’avait mon entourage on et offline sur moi, consommateur lambda étant pourtant sur le web jour et nuit.

Justement, extrait d’un article lu dans Wired :

“On the Web, the best way to solve a problem is to engage an extensive network; the person who provides information, advice, or answers is often someone you know only vaguely — a weak link.

In the face-to-face world, though, Waber says, groups are more productive when the team members know each other well, sharing extremely strong links. That’s because face-to-face teamwork requires intimacy, he says, and “when you’re among friends you can really capitalize on preexisting protocols” — nods, grunts, in-jokes — for talking and listening.”

En clair, sur le web, quand je pose une question, je vais consulter potentiellement un réseau très étendu de personnes et j’aurais 2 types de réponse :

1. celles correspondant à l’avis le plus “plausible” en termes de probabilités, parce que correspondant à l’avis le plus communément répandu (l’avis du public de Qui veut gagner des millions ?). Une sorte de loi de Gauss de l’opinion
   
2. celles d’une petite communauté de gens de confiance : amis, garde rapprochée, personnes dont j’ai déjà pu tester la véracité des propos…

1. La première catégorie fonctionne plutôt bien pour des questions peu techniques, pour des presque-évidences du type “le feu brûle” (je stéréotype hein). Par contre, quand la question posée requiert une certaine technicité, une certaine expertise, une certaine rationalisation des arguments, cette catégorie peut être trompeuse. Moins abruptement, on se rappelle récemment le buzz autour des téléphones portables qui pourraient faire cramer du pop-corn. Le démenti ne s’est pas fait tout de suite, et si on faisait une enquête d’opinion auprès des gens exposés, nul doute qu’une partie des gens auraient vu leurs certitudes influencées vis-à-vis de leur avis sur les dangers des ondes des téléphones portables. Microsoft a lancé une campagne virale (en réponse à Apple, d’une certaine manière) intitulée Expérience Mojave :
   Le postulat sur lequel repose cette campagne est que la rumeur dit que Vista est un système d’exploitations terriblement inefficace, alors que les systèmes fonctionnant sous Mac (combien d’ailleurs peuvent mentionner le nom du système hein hein hein ? ) ce serait SUPER. Bien. Microsoft riposte en jouant sur un petit piège intellectuel : prendre la rumeur à son propre piège, en montrant l’infondé ou l’injustice de la mauvaise réputation de Microsoft, en changeant simplement le nom de Vista. Et évidemment, ça marche. Du placébo de com’.
2. Les réponses d’une petite communauté de gens de confiance, d’experts, d’amis…Là je vois 2 avantages : l’honnêteté des réponses, car le danger de perdre la confiance de son proche est une forme d’autorégulation en soit ; et la possibilité de discuter plus facilement, si un point semble trop peu précis. Je vois au moins 2 inconvénients : il est difficile de s’entourer d’une armée de talents dans tous les domaines sur Terre. Il est donc très difficile quand on a pas de capital social très élevé 0.0 d’avoir plus de chances de trouver les bonnes informations.

Se placent alors d’immenses dilemmes :

• comment démocratiser les réponses pertinentes (déjà vaste problème) ?
• comment faire en sorte que la construction de réseaux affinitaires ne soit pas une nouvelle forme d’exclusion et de ségrégation entre groupes sociaux ?

Apparait in fine l’enjeu de littératie : apprendre à se servir des médias sociaux pour en tirer le meilleur parti, apprendre à classer les sources, apprendre à se constituer une base solide de sources.

Le Conseil  Canadien pour l’apprentissage l’a d’ailleurs déjà intégré comme une de ses priorités afin de conserver un esprit critique.