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Plus Faux Que La Fiction

Publié le 25 juin 2022 par Hunterjones
Plus Faux Que La FictionJT, 13 ans, droguée, prostituée, 1999.  

JT Leroy était le nom de plume de l'auteure de Brooklyn de 35 ans, Laura Albert. Autour des années 2000, ses livres, ses nouvelles, ses articles se vendaient très très bien de par la livraison de témoignages sans compromis et de portraits de son univers de toxicomanes, délaissés de la vie, accrocs abandonnés de partout, chauffeurs de camions désabusés et prostitué(e)s d' Amérique du Sud. 

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 Elle s'identifiait exotiquement comme transgenre, positive au VIH, adolescente dont la mère la forçait à la prostitution dans les stations de repos des camionneurs à West Virginia. Ses courtes histoires ont vite gagné en popularité parce que tiré de si intimement "vécu". Un succès culte naissait. Son beau-frère lui a suggéré de se déguiser à la télé pour raconter ses "histoires. La perruque et les lunettes fumées, faisaient...si vraies...(nooooot!). L'illusion a duré quelques années, Leroy se liant même d'amitiés sympathiques comme Courtney Love, Shirley Manson, Billy Corgan et Carrie Fisher. En 2005, tout est dévoilé quand on veut adapter un de ses écrits en film et qu'on les accuse de fraude en cour.

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I Libertine, 1956. 

L'animateur de radio de New York, Jean Shepperd, excédé par les exigences du monde du livre qui demandaient de lui de mousser à l'avance des livres à venir et de créer une demande a un jour voulu renverser la vapeur. Et il a réussi avec succès. 

Voulant prouver comment une sensation pouvait être crée artificiellement assez facilement, il a demandé, en ondes, à ses auditeurs de demander tous les jours, ou le plus souvent possible, le titre d'un livre qui n'existe pas. Sans les moyens de communications modernes de nos jours qui auraient vite éventé tout ça, le lendemain matin, les librairies et magasins de livres ont été inondés de demande pour I, Libertine, un livre de confessions sur une femme plutôt libertine. Une auteure voulant demeurer anonyme, bien entendu. Nous sommes en 1956. Les libraires demandent partout où se trouve ce livre, on exige même qu'il apparaisse dans les meilleurs vendeurs du New York Times, si ça peut dégourdir les distributeurs, un peu. Et leur procurer l'assuré best-seller. Le Wall Street Journal découvre la supercherie, mais pas avant que Ballantine Books, ne choisissent la voie de l'opportunisme en publiant un livre "de confessions lubriques" appelé....I, Libertine, qui se vendra pas pire bien. 

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Le Journal d'Hitler, 1983.

Ahuris face à ce qu'ils croient être le journal personnel d'Adolf Hitler, couvrant l'entièreté de la guerre, le Sunday Times pensent tenir un joyau entre les mains. Le journaliste allemand Gerd Heinemann prétend qu'il a trouvé le journal intime d'Hitler quand un avion, comprenant toutes ses affaires personnelles, avion qui s'écrase à la frontière de la Tchécoslovaquie d'alors, en 1945, alors que les Nazis de Berlin s'écroulent.

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Bien que plusieurs sommités d'histoire ont vit émis des doutes, qui écoutent les sommités d'histoire ?, qui vous disent aussi, depuis toujours, qu'il faut faire confiance en la science ? Rupert Murdoch, homme d'affaires sans scrupules, a insisté, vrai/pas vrai pour que le scoop soit de tous ses journaux, à la Une.

Ça a pris plusieurs analyses, vérifications et contre-vérifications, afin de prouver la supercherie, mais des erreurs simples comme les mauvaises initiales d'Adolf, et le format du journal, qui semblait de peu d'envergure pour celui qui dominait son pays et travaillait à le faire sur l'Europe au complet. Le Sunday Times a défendu le livre comme les derniers humains se défendaient face aux zombies de Walking Dead, mais au final, la source n'était que flair marketing voulant faire un coup d'argent. De l'argent qui pue.

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Les papiers Shakespeare, 1796. 

Un peu comme avec Hitler, on redécoupe les oeuvres du célèbre et indispensable barde, quand un auxiliaire juridique, donc connaissant la loi et sachant la contourner habilement, découvre une horde de documents prétendument signés de la main de William, dont plusieurs pièces "inédites". Traduction: écrite par un grand fan. William (en son honneur) Henry Ireland est un immense admirateur de Shakespeare et dans un coffre, on aurait découvert les pièces Vortigern and Rowena, Henry II mais aussi une profession de foi où Will se déclare protestant. 

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Le père d'Ireland est lui-même, auteur, et plus grand fan de Shakespeare, encore. Son fils veut l'impressionner à tout prix. Dès qu'une troupe de théâtre projette de monter Vortigern & Rowena, en révisant le texte, on trouve les écrits terriblement mauvais. Risibles, même. La troupe de théâtre doute dès le début de la véracité de la chose, mais monte son projet quand même, afin de vendre des billets. On se moquera beaucoup de la trop évidente fraude. Toutefois, le père d'Ireland est grisé à vie. Jusqu'à sa mort, il croira à la supercherie de son fils. 
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La Légende d'Ossian, 1762.

James Macpherson publie Fingal, an Epic Poem in Six Books, Together with Several Other Poems Composed by Ossian, the Son of Fingal, traduit mordènement du Gaelic à partir des écrits du poète du 3ème siècle. Il s'agit d'une excitante épopée héroïque écossaise passée de mains en mains au travers des époques, de générations en générations, et qui serait restée remarquablement intacte et codifiée par Macpherson lui-même, dans ses voyages à l'étranger.  Les intellectuels d'Edingburgh étaient aux émois de trouver un poète aussi illustre, Écossais, que les civilisations Grècques et Italiennes. 

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La ruse tient bon car on traduit dans toutes les langues, le mouvement romantique européen s'en inspire grandement, une influence est certaine sur les auteur(e)s de partout, dont Goethe, qui traduit lui-même, en allemand. On dit (peut-être de manière trompeuse) que Napoléon en a une copie sur lui dans les batailles qu'il dirige. Au Royaume-Uni, Matthew Arnold, William Blake, Walter Scott, Elizabeth Barrett Browning n'ont que de bons mots pour les écrits. 

Quand McPherson est confronté à nommer les sources de ce qu'il prétend être une histoire vraie, il n'arrive pas à citer qui que ce soit, pas même des gens modernes. 

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Bien que ce pu ne pas être vrai, on reconnait un talent certain à l'auteur/traducteur, un peu menteur.

Traduire, c'est trahir.

Donc un peu mentir.  

Ce qui n'est pas mensonge est notre retour dans la nuit. En provenance de Genève. Décalage horaire promis.


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