Incroyable mais vrai

Quentin Dupieux, 2021 (France)

Avertissement : ne rien lire sur le film ne l'éclairera pas plus.

Est-ce que Quentin Dupieux serait pas un peu branleur sur les bords ? Je dis " branleur ", ce n'est pas pour faire le lien avec l'appareil qui fait un court moment la fierté de Gégé. " Branleur " parce que Quentin Dupieux fait un (autre) film inabouti. Le réalisateur de Réalité (2014) a les idées. Il recycle avec habileté deux trois concepts fantastiques ou quasi SF. Il a le sens du casting et chacun de ses acteurs a le jeu approprié ; Alain Chabat fidèle à son potentiel comique, Léa Drucker plus mélo dramatique, Anaïs Demoustier et Benoît Magimel dans un excès désopilant. À ce quatuor de décalés, les seconds rôles amusent également, comme Stéphane Pezerat ou Grégoire Bonnet. Les acteurs sont clairement une des forces de son cinéma (c'est le cas de Mandibules, 2020, du Daim, 2019...). Cette fois peut-être davantage, Quentin Dupieux montre aussi qu'il a un sens sophistiqué du montage (rythme des conversations, sens de l'annonce et de la suspension, récits croisés). Mais passé les deux tiers du film, le récit s'épuise et le réalisateur se débarrasse des intrigues entamées dans une nonchalante séquence en accéléré, jusqu'à la canne à pêche du vieux Chabat comme dans un film de Jean Becker. De même, on ne voit pas le réalisateur particulièrement intéressé par un propos. Des choses sont esquissées. Le film évoque, sans vraiment les travailler, la vanité, ce que c'est qu'être un homme ou le désir de personnages féminins. Mais la dernière partie donne l'impression de tout bâcler, comme si les idées avaient suffi, et réduit ce qui précède à l'état de caricature. Incroyable mais vrai embrasse les contrariétés de son scénario, une pomme gâtée de l'intérieur et pourtant superbe, un fruit qu'on aurait regretté de ne pas croquer.

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