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Les Yvelines au fil de la Seine... à vélo

Publié le 18 juillet 2022 par Pascal Boutreau

Parcours-velo-bord-de-seine-800x600_visuel_largeAimer se déplacer à vélo, c’est s’offrir le luxe de prendre son temps, et parfois même de l’étirer. Tel un cours d’eau qui s'étend de sa source vers l’océan. Prendre son vélo pour suivre le rythme des eaux de la Seine à travers les Yvelines apparaît alors comme une évidence.  

C’était une idée qui me titillait depuis longtemps. Plus qu’une idée d’ailleurs, une envie : traverser notre beau département à vélo en me laissant guider par la Seine et en respectant chacune de ses boucles.

« La Seine a de la chance, elle n’a pas de souci, elle se la coule douce, le jour comme la nuit », a écrit Jacques Prévert dans sa Chanson de la Seine. Il était temps d’aller vérifier.  

Cet article a été écrit au début du printemps suite à une sortie d'entraînement. Vous pouvez d'ailleurs le retrouver sur l'espace "Ambassadeur des Yvelines" avec tous les liens utiles pour suivre les différents itinéraires cyclo qui traversent notre département ==> ICI 

Comme toujours, Saint-Germain-en-Laye est le point de départ de mon périple. Direction l’ouest. Pour être précis, la Seine entre sur le territoire des Yvelines un peu plus à l’est, du côté de Carrières-sur-Seine avant de traverser Chatou avec notamment l’Île aux impressionnistes. Ces quelques kilomètres en amont de Saint-Germain sont d’une telle richesse qu’ils méritent à eux seuls une sortie. (récit de cette balade en VTT déjà publiée sur ce blog ==> ICI)

Départ donc à Saint-Germain, devant le château. Une courte descente le long de la Rampe des Grottes, derniers vestiges du Château Neuf où naquit en 1638 un certain Louis « Dieudonné » de Bourbon, futur Louis XIV, et nous voilà déjà sur le bord du fleuve sur la commune du Pecq. Direction Maisons-Laffitte (du nom de Jacques Laffitte, industriel qui urbanisa le parc du château de Maisons-sur-Seine au début du XIXe siècle) avec son château bâti par François Mansart au XVIIe siècle. Petite pensée au passage devant la boulangerie Durand, là où est né en 1909… le gâteau Paris-Brest en l’honneur de la course cycliste Paris-Brest, initiée en 1891 par le journaliste Pierre Giffard, originaire de Maisons-Laffitte. Un pont permet de rejoindre Sartrouville sur la rive droite pour filer vers Conflans-Sainte-Honorine et son agréable promenade aménagée en bord de Seine. Sur les nombreuses terrasses posées sur les quais, on profite des premières belles journées. Les pots de glace ont remplacé les chocolats chauds de l’hiver. Mieux que les hirondelles pour annoncer le printemps. (texte écrit au printemps dernier)

La Collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie à l’horizon

La D190, toujours sur la rive droite mène vers Mantes. La route est plate, gros avantage de suivre un cours d’eau et de profiter d’un dénivelé raisonnable. A Triel-sur-Seine, l’itinéraire Vélo en Seine nous ramène sur la rive gauche pour nous conduire jusqu’à Mantes-la-Jolie où se dresse la Collégiale Notre-Dame, église gothique aux allures de cathédrale.

Marina du Port d'Ilon
Nouveau franchissement de la Seine et dès la sortie du Pont de Limay, cap à gauche pour épouser les contours de cette boucle de la Seine qui va nous amener à Guernes. En passant devant l'école, c’est l’heure de la récré. Comme dans tous les villages, passer devant une de ces petites écoles primaires souvent nichées juste à côté de la mairie, c’est entendre des cris, des rires, c’est voir des parties de foot avec deux pulls posés par terre pour faire office de poteaux des buts.

A la sortie du village, une petite route sur la gauche mène au Port Ilon. Jusqu’à 200 bateaux peuvent venir amarrer dans la marina, implantée au cœur d’une zone Natura 2000. Le temps de poser son vélo et de profiter du calme de l’endroit.

Observatoire de l'étang de Flicourt
Sur le bord de la route qui mène au port, au niveau des étangs de Flicourt (36 hectares), quelques observatoires aménagés, en accès libre, permettent aussi aux amateurs d’oiseaux de venir contempler le spectacle de la nature sans être vus et surtout sans déranger pies-grièches écorcheurs, bondrées apivores, œdicnèmes criards et autres espèces protégées.

Sur la trace des Impressionnistes

Quelques kilomètres me font emprunter les routes du Val-d’Oise. Le village de Vétheuil mérite un arrêt. Claude Monnet y résida trois ans et y peignit 150 tableaux. Impossible de manquer l’église Notre-Dame, classée monument historique, avec son toit à motifs polychromes. Direction La Roche-Guyon, l’un des plus beaux villages de France avec son château et son donjon perché sur les falaises de craie.

Pour rejoindre ce superbe site, à la sortie de Vétheuil, deux options : la route de bord de Seine permet de découvrir l’église troglodyte de Haute-Isle taillée dans la craie ou bien, juste au-dessus, la route des Crêtes qui offre de très belles vues sur le fleuve. Évidemment ne jamais oublier que crête rime avec grimpette et que les belles choses se méritent. Mieux vaut être prêt à entamer une bonne montée bien raide avant de pouvoir profiter d’un peu de répit…

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A la sortie de La Roche-Guyon, petit conseil, permettez-vous un crochet. À Glachalôse (environ 5 km après La Roche-Guyon), une petite route sur la droite mène vers Gommecourt. Un peu plus d’un kilomètre de montée qui picote un peu les gambettes (encore !) mais la récompense est au bout, ou plutôt au sommet, avec un point de vue unique et un panorama XXL sur les Yvelines. Pour moi la plus belle vue sur la vallée de la Seine de notre région. Le temps de prendre quelques photos, et retour par la même route pour revenir sur les bords du fleuve.

Avec ma fidèle bicyclette, nous revoilà dans notre département avec Bennecourt qui se profile, puis Limetz. La D5 permet de traverser Giverny, haut-lieu de l’impressionnisme avec son musée des impressionnistes. Le petit village, souvent très fréquenté, permet de se replonger dans l’univers de Claude Monet et notamment de visiter le jardin où il créa sa très célèbre série des nymphéas.  

La Seine poursuit sa route à travers la Normandie. Pour moi, le compteur affiche déjà une bonne centaine de kilomètres. Il est donc grand temps de penser au retour.

La corniche de Rolleboise et sa vue imprenable

Vue de la COrniche de Rolleboise
Il débutera sur la rive gauche en empruntant le pont de Vernon, dans l’Eure. Dès la sortie de Vernon, retour dans les Yvelines. Au niveau de Bonnières-sur-Seine, longer la Seine amène à Freneuse et permet de filer vers Moisson, joli petit village installé juste en face du château de la Roche-Guyon, côté yvelinois cette fois. La balade traverse la Réserve naturelle régionale de la Boucle de Moisson et nous ramène vers Mousseaux avant de plonger vers le barrage de Méricourt, inauguré en 1886. Un lieu historique puisque c’est ici, qu’en août 1944, les troupes américaines franchirent le fleuve pour la première fois. L’édifice est impressionnant avec sa grande écluse longue de 185m et large de 30 m qui permet aux bateaux à fort tonnage de remonter le fleuve jusqu’à Paris.

À Rolleboise, un petit détour (avec une bonne grimpette en bonus pour faire chauffer les cuisses) permet de monter jusqu’au Domaine de la Corniche, établissement hôtelier de belle renommée avec là encore un point de vue magnifique sur la Seine.

La Seine ne coule pas que sous le Pont Mirabeau

Nous revoilà assez vite à Mantes. La piste cyclable créée le long de la Seine permet d’apprécier la promenade. On découvre également le bassin d’aviron, l’un des plus réputés de France. Médaillée d’argent aux Jeux olympiques de Tokyo et championne de France en skiff, Claire Bové y a découvert les joies de la glisse. A la sortie de Mantes, pour éviter une partie de route sans grand intérêt, mieux vaut alors rejoindre Limay pour retrouver la rive droite. L’occasion aussi de profiter de la vue sur l’île l’Aumône (2 km de longueur qui abrite une réserve ornithologique, l’Île aux Dames (3 km de longueur) et sur le Vieux Pont de Limay dont la première construction remonte au XIIe siècle. Il n’y a pas que sous le Pont Mirabeau que coule la Seine Monsieur Apollinaire.  

Les deux cheminées de l’ancienne usine thermique de Porcheville (à l’arrêt depuis 2017), bien connues de tous ceux qui empruntent l’A13 en direction (ou au retour) de la Normandie, se dressent face à nous. Avec leurs 220 mètres de hauteur (conçues ainsi pour que les fumées soient évacuées au-dessus de la falaise de 70 m qui fait face à l’usine), impossible de les manquer.

Un coucou à Ronsard, Zola et Cézanne au Château de Médan

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A Triel-sur-Seine, l’idéal est de traverser à nouveau la Seine pour poursuivre sa route. L’arrivée n’est plus très loin. Sur les derniers kilomètres, juste après Vernouillet, apparait le château de Médan, ancien pavillon de chasse du XVe siècle, un temps fréquenté par des artistes comme Ronsard et les poètes de la Pléiade ou encore le Prix Nobel de littérature 1924, Maurice Maeterlinck. Invité chez son ami Emile Zola qui vécut lui aussi à Médan de 1878 à 1902 (sa maison est située juste à côté du musée Dreyfus), Paul Cézanne le représenta dans quelques-uns de ses tableaux.

Derniers coups de pédales pour traverser Poissy, jetez un œil sur sa Collégiale et la Villa Savoye, chef-d’œuvre architectural de Le Corbusier, et me voilà de retour devant « mon » château de Saint-Germain.

La balade fut longue certes (un bon 200 kilomètres). Mais au bout du chemin, la sensation d’avoir en partie compris pourquoi la Seine inspira tant d’artistes et combien il est plaisant de se laisser guider par le rythme de ses eaux.


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