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Deux Poèmes d’Alicia Gallienne

Par Etcetera
Deux Poèmes d’Alicia GallienneCouverture chez Poésie-Gallimard

Ces deux poèmes sont extraits du livre « L’autre moitié du songe m’appartient » paru chez nrf Poésie/Gallimard en 2020.
La plupart des textes de cet ouvrage sont assez longs et donc difficiles à diffuser sur un blog, donc j’ai choisi, d’un point de vue pratique, de recopier deux poèmes relativement courts – qui se trouvent d’ailleurs (heureuse coïncidence) parmi mes préférés.
D’une manière générale, j’ai préféré ses poèmes en prose à ses vers libres et mes choix reflètent cette préférence.

Note sur Alicia Gallienne (1970-1990)

Atteinte d’une maladie du sang qui devait l’emporter à l’âge de 20 ans, le 24 décembre 1990, Alicia Maria Claudia Gallienne a écrit des centaines de poèmes à partir de 1986 et jusqu’à sa mort.
« Qu’importe ce que je laisserai derrière moi, pourvu que la matière se souvienne de moi, pourvu que les mots qui m’habitent soient écrits quelque part et qu’ils me survivent », écrivait-elle .
Elle était la cousine de l’acteur, comédien et réalisateur célèbre, Guillaume Gallienne.

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Page 63

La Moitié d’un Songe

Souvent, je me surprends à philosopher sur la vie, à vouloir tout tout de suite et à imaginer la nécessité. Je monte toujours un grand escalier qui craque : chaque pas me fait mal car je me retiens pour abreuver le silence. Cet escalier est si haut qu’il m’est impossible d’en deviner ni le début, ni la fin. A vrai dire, je ne sais pas très bien si l’on peut jamais arriver ; pourtant, je veux parvenir à tout prix au sommet de l’escalier. Je le veux si fort que je ne sens même plus mon désir et, je suis prise de vitesse pour imiter le temps. Je grimpe, mais pour atteindre quoi ? Seule cette vérité subsiste en bas : je l’effleure des pieds mais ma tête est ailleurs. Je cours à l’ultime protection, pour moi et les miens. Je monte parce que le sens commun descend et qu’il est encore temps sans doute de sauver ce qui reste.

L’autre moitié du songe m’appartient.

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Page 108

Il est facile de se noyer dans un verre d’eau mais qu’il doit être difficile d’y nager. Pourtant, ce serait une solution : on prendrait conscience de l’étroitesse de la situation, on se trouverait ridicule et on arrêterait de tourner en rond. En se diminuant ainsi, sans doute est-il plus aisé de reconquérir son espace vital et de reconsidérer ce verre d’eau qui, même s’il est rempli de larmes ou de pluie, n’est jamais qu’un verre d’eau.
Il est des fois où je voudrais boire la douleur dans tes yeux…

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