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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 414

Publié le 13 août 2022 par Antropologia

Canicule de jardinier.

   17 heures, Comme l’ombre est arrivée sur l’est de mon jardin, je me hâte d’aller l’arroser. Je trouve de pauvres pieds de tomates et de piments prêts à rendre l’âme, rabougris, assoiffés, désespérés… Moi qui les ai tendrement plantés, qui ai soigneusement bêché leur emplacement afin que la terre leur soit douce, qui les arrose quotidiennement, je ne peux que les plaindre et participer à leur douleur et leur désarroi.

   18 heures. L’ombre est arrivée à l’ouest du jardin sur les haricots et des poireaux. J’arrive avec mes arrosoirs, fort mal accueilli par les précédents, les pieds de tomates et de piments, resplendissants et fiers. Ils ont redressé la tête et affirment leur bonne santé avec arrogance : « qu’est-ce qu’il vient faire ici celui-là, il veut encore nous voler nos fruits »… J’essaie d’échapper aux récriminations des plaignants de l’heure précédente en quittant les lieux au plus vite.

   Ceux qui imaginent une nature harmonieuse et bienveillante ne doivent la voir que du centre des villes ; chaque jour, je redoute de revenir voir mes légumes. Non seulement ils affirment leur ingratitude peu après mon arrosage mais ils la revendiquent.

Bernard Traimond


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