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C’est Paris et ça ne l’est plus

Par Gangoueus @lareus
C’est Paris et ça ne l’est plus

Ce que l’indifférence fait de la grandeur*


Zev nous peignait comme ça parce qu’il ne voulait pas qu’on s’identifie à des villageoises sans espoir, à des prolétaires épuisées, et qu’on sache que dans notre passé il n’y avait pas que des esclaves soumises à leurs hommes et aux Occidentaux. Mais pourquoi on devrait le penser ? C’est ça la question.

Estelle


Je voudrais, à partir de l’exemple des relations entre les littératures française et africaine francophone, attirer l’attention sur le fait que l’idée de la grandeur de la France n’a plus la même force. Il ne s’agit pas de me faire l’avocat des théories d’une France en déclin et d’une littérature française en sclérose. Il s’agit plutôt de démontrer que cette idée de la grandeur est confrontée à un certain nombre de phénomènes et de postures qui tendent à en annuler les effets.

Comme l’a établi Pascale Casanova, Paris est la capitale littéraire mondiale. En tant que telle, elle fait et défait les réputations et les carrières et fixe les règles à travers lesquelles elle définit les légitimités et distribue les crédits littéraires. Cette position de domination littéraire va de pair avec une autorité linguistique. Le français ne serait pas une langue comme une autre mais la « langue de la littérature » et de la civilisation. Il en résulte des violences dont sont particulièrement victimes les espaces les moins dotés comme l’Afrique. Ces violences ont cela de particulier qu’elles sont instituées et, de ce fait, ne sont pas toujours clairement identifiées et combattues. En ce sens, les travaux comme ceux de Kaoutar Harchi et de Sarah Burnautzki sont essentiels. Ils documentent les mécanismes à travers lesquels les violences s’exercent et les croyances qui les rendent possibles. Ils dénoncent ce que Paris fait aux littératures qu’elle estime périphériques.

Néanmoins, il me semble qu’il est tout autant indispensable, de ne pas oublier ce que « les périphéries » font de Paris. Pour ce faire, il convient, dans un premier temps, de rappeler comment cette ville a bâti sa réputation.


I. La fabrique d’une grandeur

Il est vrai que la position littéraire de Paris repose sur des éléments tangibles. Comme l’explique Pascale Casanova, cette ville se distingue par la manière dont elle a su concentrer les ressources littéraires chez elle. En atteste la qualité de ses maisons d’édition, le prestige de ses prix, l’autonomie de ses institutions ou encore la renommée de son patrimoine littéraire. Il convient, cependant, de se rappeler que Paris tire également son pouvoir de fascination et de subjugation d’un art de la mise en scène conjugué à l’exercice de la violence et renforcé, de manière paradoxale, par la nature des revendications de ses victimes. 


I.1. L’art de la mise en scène

La capitale excelle à donner valeur de vérités à une série de croyances, entretient des mythes et organise l’oubli d’un certain nombre d’éléments de nature à ternir son image. Les premiers de ces oublis sont d’ordre historique. En effet, on ne peut être le pays de la littérature sans être, parallèlement, une grande nation. Il importe donc de donner l’impression que la France a toujours été la grande France et, cela n’est possible qu’à condition de taire certains faits et d’en maquiller d’autres. C’est ainsi, qu’en guise d’ancêtres, on retient plus volontiers les valeureux Gaulois des albums d’Astérix et Obélix et on oublie le ramassis de « chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde » dont parle Ferdinand Bardamu. Dans un ordre d’idées similaires, on bâtit une légende autour de Vercingétorix et d’Alésia et on transforme une déculottée en fierté nationale

On retrouve cette tendance à convertir les défaites et autres épisodes sombres en mythes nationaux tout au long de l’histoire française. Napoléon construit sa propre légende pendant son exil en dictant ses mémoires à Las Cases. Le texte publié à titre posthume rencontrera un grand succès. Mais comme le notent, Nathalie D. et Emmanuelle M., Napoléon y efface habilement « le souvenir de tyran pour ne transmettre que celui de soldat de la Révolution de 1789. » À un autre niveau, la rhétorique des indépendances « octroyées » vise à donner l’image d’une France généreuse et à minimiser les pressions politiques et militaires qui ont contraint Paris et ne lui ont pas laissé d’autres choix. L’organisation de l’oubli est d’autant plus efficace que Paris sait persuader. Aujourd’hui encore, on ne peut écouter le discours du 14 juin sans être impressionné par les qualités rhétoriques de Charles de Gaulle. Cette maîtrise de l’art de l’éloquence a, par ailleurs, joué un grand rôle dans la définition du statut de la langue française et de l’imaginaire associé à Paris.

Le français n’a pas toujours été la langue nationale, internationale et littéraire qu’il est aujourd’hui. Comme le rappelle Pascale Casanova dans la section « Comment “dévorer” le latin », au XVIe siècle encore, la langue française n’avait qu’un capital linguistique et littéraire assez faible. Il a fallu que Du Bellay convainque ses contemporains que le seul moyen de l’enrichir et de rivaliser avec le latin était de rejeter les traditions littéraires françaises et d’imiter les formes antiques. Dans cette optique, il établit, habilement, un parallèle entre la situation du français et celle qu’a connue le latin avant de devenir la lingua franca. Cela lui permet de laisser entendre que la différence entre les deux langues n’est pas de nature mais liée aux usages qui en sont faits, autrement dit, qu’avec une politique linguistique savamment pensée – celle qu’il propose donc – le français pourra égaler le latin.

L’histoire lui donnera raison et l’occasion à Rivarol d’affirmer, deux siècles plus tard, que le français est la seule langue universelle. Dans la préface qu’il donne à l’édition Manucius du Discours sur l’universalité de la langue française, Gérard Dessons revient sur la manière dont l’éloquence de Rivarol lui a permis de transformer par « la force de son écriture, des opinions en vérités, participant à une idéologie linguistique sur laquelle s’est édifiée toute une politique des langues : la langue française est un idéal de clarté, elle entretient un lien naturel avec la logique de la pensée et se trouve dans un état de quasi-perfection. »

Les textes de fiction ne savent pas moins parler. Le génie des écrivains renforce le prestige du français comme en atteste une expression comme « la langue de Molière ». Mais il participe aussi à la fabrique de l’idée de Paris comme capitale littéraire à travers un art de la mise en abîme. Cette ville n’est pas seulement là où la littérature s’écrit, se publie et se commente. Elle est aussi un personnage de fiction qui sait séduire et laisser, à quiconque s’y rend, la « conviction d’accéder au lieu même de la littérature ». Hachette en est bien consciente qui a développé Émile, une application qui vous promène à travers la ville de Paris et vous fait découvrir les lieux tels qu’ils ont été décrits dans la littérature. Ainsi, ce ne sont pas seulement les promesses des maisons d’édition, des circuits de distribution et des prix littéraires qui attirent, ce sont aussi les mystères de Paris.

Mise à l’écart de tout élément susceptible de nuire à l’image prestigieuse de la France, mobilisation de l’art de l’éloquence, tout semble avoir été pensé pour plaire et fasciner. Cependant, Paris ne se contente pas de séduire : elle sait qu’il n’y a pas meilleurs moyens de dire sa grandeur que l’exercice de la violence.

I.2. L’exercice de la violence

On ne compte plus, sur Internet, les mèmes qui nous disent combien lire rend intelligent : « On a trouvé un bon médicament contre la bêtise : prenez un livre par semaine » ; « Un intellectuel, c’est quelqu’un qui rentre dans une bibliothèque même quand il ne pleut pas » ; « Un enfant qui lit sera un adulte qui pense ». La manière dont ces mèmes sont appréciés appelle au moins deux remarques. Le public semble valider d’emblée le principe de la valeur de la littérature. Il n’a pas l’air de noter que ces mèmes qu’il like et diffuse à profusion sont extrêmement violents dans leur manière de traiter d’imbécile quiconque ne lirait pas assez. Il n’y a là rien d’étonnant, tant la violence est intimement liée à l’idée de valeur :


S’il y a bien dans la vie sociale quelque chose qui permet une contrainte collective, ce sont les valeurs en tant que principes qui sont censés s’imposer à tous, que nous sommes tous censés suivre et qui du même coup contraignent nos actions ou devraient les contraindre et lorsqu’elles ne les contraignent pas il y a infraction aux valeurs simplement


Dans le fond, ces mèmes témoignent de ce que le monde littéraire est le lieu de la production d’une idée de valeur et qu’il entend le faire savoir.

Cette logique de la valeur était déjà active dans la manière dont le français est institué comme langue nationale et littéraire. Le processus n’a pas reposé sur le seul sens de l’éloquence d’auteurs comme Du Bellay et Rivarol. Il s’est aussi appuyé sur des politiques visant à promouvoir cette langue. Ces politiques passent par l’établissement d’un monopole : il ne suffit pas que le français devienne la langue nationale, il faut encore qu’il soit la seule autorisée. On tue donc ses rivales que sont le latin et les patois.

La décision d’en finir avec le latin est très explicite dans l’ordonnance de Villers-Cotterêts : 


(110) Et afin qu'il n'y ait cause de douter sur l'intelligence desdits arrêts, nous voulons et ordonnons qu'ils soient faits et écrits si clairement, qu'il n'y ait ni puisse avoir aucune ambiguïté ou incertitude ne lieu à demander interprétation.

(111) Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l'intelligence des mots latins contenus esdits arrests, nous voulons d'oresnavant que tous les arrests […] soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel françois et non autrement

Il est intéressant de noter que la mise en avant du français mobilise déjà un des arguments qui marqueront l’histoire de cette langue : « l'ordonnance de Villers-Cotterêts unit pour le pire le latin à l'obscurité et marie pour le meilleur (et pour longtemps) la clarté au “langage maternel françois”. »

Les patois qui eux ne peuvent se réclamer de cette valeur de la clarté sont considérés comme quantité négligeable. Dans « L’école de la République et les langues régionales », Philippe Martel revient sur une anecdote révélatrice du statut de ces parlers. Suite à la promulgation de l’ordonnance, une délégation tint à rencontrer François 1er en vue de défendre les langues provençales. Le roi leur fit savoir que l’audience devra être en français. La délégation dut donc d’abord apprendre cette langue avant de pouvoir exprimer ses doléances. Philippe Martel précise que rien ne permet de savoir si cette anecdote rapportée par La Ramée est attestée. Mais même inventée, elle laisse entendre que face au latin, il ne pouvait y avoir que la langue de la cour. Aux autres, le roi ne reconnaît ni valeur, ni mérite, pas même celui de pouvoir porter leurs propres revendications. En outre, en forçant la délégation à s’exprimer en français, François 1er n’entend pas seulement les convertir. Il est aussi, sinon surtout, question de les humilier et, dans ce cas de figure, humilier c’est marquer une distance entre un nous (les locuteurs de la vraie langue) et un eux (ceux qui n’ont pas l’honneur de la manier correctement). La Ramée ne s’y trompe pas qui prête ces mots au roi :

« il était bienséant, combien que le langage demeurast à la populace, néanmoins que les hommes plus notables étant en charge publicque eussent comme en robe, ainsi en parolle, quelque préémnence sur les inférieurs. »

Le monde littéraire est également travaillé par une tension similaire à celle qui existe entre la volonté de faire du français la langue de tous et la tentation de distinguer l’élite des « inférieurs ». Si tous doivent reconnaître la valeur de la littérature et tendre vers elle, tous n’en sont pas jugés dignes. Cela apparaît dans la distinction entre les belles lettres et la paralittérature, domaine réservé à « la masse », à la population non cultivée ; domaine également chargé de jouer le rôle de faire valoir. La stratégie se révèle d’ailleurs efficace, puisque « la masse » va jusqu’à développer un sentiment de culpabilité voire un complexe d’infériorité de ne pas suffisamment pratiquer ce qui est considéré comme étant la véritable littérature

Si la vraie littérature ne peut être lue par n’importe qui, elle peut encore moins être écrite par « la première venue ». Les femmes sont en effet particulièrement touchées par la discrimination que le système littéraire entretient au niveau des auteurs. Pendant longtemps, il semble admis que les muses de la littérature française ne peuvent murmurer qu’aux oreilles des hommes. Dans Bel-Ami, Maupassant met en scène une société pour laquelle l’idée qu’une femme puisse écrire relève de l’hérésie. Madeleine, malgré son talent, n’a d’autres choix que de jouer le rôle de prête-plume pour ses journalistes de maris que sont Forestier puis Duroy. Dans un ordre d’idées similaires, le choix de pseudonymes masculins par des auteures comme Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand) parle de lui-même

Dans le monde littéraire, la littérature française s’apparente ainsi à un salon VIP. L’entrée est difficile pour ceux qui ne disposent pas des codes et pour les femmes non accompagnées. Elle semble interdite aux Africains.

I.3. La capitalisation de la position victimaire

Le champ littéraire français n’hésite donc pas à se montrer violent envers ses propres acteurs. Il se gêne encore moins lorsqu’il est face à l’ailleurs et l'Afrique est l’image même de l’ailleurs. Ses langues ne valent pas le français ? Elles n’ont aucune légitimité et encore moins de valeur littéraire. Aux Africains, il suffit de parler le petit nègre et il est inutile de perdre son temps à leur enseigner la littérature. D’ailleurs, ils sont incapables d’en produire. Quand ils le font ça reste de la littérature de seconde zone et ça n’est recevable qu’à condition qu’ils obéissent à « l’injonction à l’africanisation ». Les violences à l’encontre de la littérature africaine sont légion et il est logique qu’elles donnent lieu à des indignations. Cependant, la manière dont celles-ci se contentent, trop souvent, de prendre la forme de la complainte, de la bravade et de la revendication d’authenticité se révèle problématique.

Qu’ils soient auteurs, critiques, blogueurs voire même lecteurs occasionnels, nombre d’acteurs du champ littéraire africain n’ont de cesse de se plaindre de Paris et d’insister sur les injustices qu’elle inflige aux lettres africaines. L’objectif est sans doute de convaincre du caractère arbitraire et inique du système littéraire. La stratégie est pourtant à double tranchant. Elle situe la littérature africaine dans la position de l’éternelle victime et la littérature française dans celle de l’éternel bourreau. Or, le bourreau n’est pas seulement le méchant, il est aussi celui qui domine. Se plaindre de Paris, c’est donc aussi reconnaître qu’elle est la seule à avoir le pouvoir de décider de la valeur littéraire, des modalités de sa fabrique et de sa distribution. À titre d’exemple, reprocher à la Fnac de ne pas présenter les œuvres francophones dans le même rayon que les œuvres françaises revient à reconnaître que ce dernier a plus de caractère. Pire, on peut voir là une volonté d’intégrer le champ littéraire français, autrement dit, à déclarer nuls et non advenus les champs francophones.

L’autre modalité de l’expression de l’indignation qu’est la bravade ne fait pas autre chose que de confirmer Paris dans l’idée de sa supériorité. En effet, trop souvent, les actes de résistance opposés à Paris ne sont rien d’autre que des fanfaronnades. C’est le cas, par exemple, de l’attitude qui consiste à se vanter d’africaniser le français, de le malmener. On cherche, par-là, à signifier à cette langue qu’elle ne possède pas mais est, au contraire, possédée. La geste est bien vaine : on se contente de brandir une ficelle que la littérature française connait bien et que la langue sait déjà gérer. Ainsi, lorsque Youssoupha pense être insolent en affirmant qu’il a « mis un cheveu sur la langue de Molière », il oublie que ce dernier s’en était déjà chargé lui-même dans Dom Juan. De même, la manière dont une partie importante de la critique insiste sur le génie avec lequel Kourouma a malinkinisé le français prend, dans le fond, les apparences de la consolation du vaincu. Pire, en limitant Kourouma à cette dimension, la critique manque de voir que son travail est autrement plus complexe et riche et prend le risque de réduire un des plus grands écrivains africains au rôle de chevalier vengeur, de « chantre du ‟vraiment africain” ».

Il est évident que pareille logique de l’authenticité n’est en rien subversive. Il ne s’agit là que de l’autre nom de « l’injonction à l’africanisation ». Au mieux, elle nourrit le marché de l’exotisme, c’est-à-dire qu’elle fait exactement ce que Paris et autres Londres attendent du texte africain. Ce faisant, elle refuse aux Africains le statut d’écrivains à part entière et la possibilité de prétendre eux aussi à une dimension universelle. Dans ses mouvements les plus extrêmes, elle excommunie quiconque est jugé inauthentique et rejette du corps des écrivains africains ses membres les plus influents. À cet égard, on se rappelle des attaques auxquelles Alain Mabanckou a dû faire face à la publication du Sanglot de l’homme noir. En définitive, la logique de l’authenticité sert davantage le système de domination parisien qu’elle ne défend la littérature africaine.


Paris doit sa réputation à la manière dont elle a su concentrer chez elle les ressources littéraires mais également à son habileté à mettre en avant l’idée de sa grandeur. Cependant, cette mise en scène ne produit plus les mêmes effets dans la mesure où ses modalités sont maintenant connues et dénoncées y compris par des collégiennes comme Nathalie D. et Emmanuelle M. Parallèlement, Paris est confrontée à des éléments de nature à remettre en cause sa position de capitale littéraire. Il apparaît qu’elle occupe le rôle peu enviable de dupe, qu’elle a affaire à de sérieux prétendants et qu’elle laisse de plus en plus indifférent.  


II. Fissures

Paris peut donner l’impression de contrôler le monde littéraire d’une main de maître. Elle n’en est pas moins capable de bêtise. C’est ainsi qu’elle s’est laissée dessaisir du texte africain devenant, par la même occasion, le gaou du champ littéraire africain.


II. 1. Le gaou du champ littéraire africain

Si l’espace VIP qu’est la littérature française semble aujourd’hui interdit aux Africains, les choses ont été bien différentes. Le texte africain d’expression française a d’abord relevé de la littérature française. Les écrivains noirs se sont considérés français et ont été perçus comme tels : 


Ainsi, quand on lit les premiers ouvrages qui consacrent l’entreprise des écrivains africains dans l’institution littéraire (par exemple l’ouvrage de Roland Lebel en 1930, ou bien encore l’anthologie deLeblond en 1945, ou encore l’ouvrage de Delavignette, qui d’ailleurs s’intitule de manière significative, « Le service africain », et dont un chapitre s’appelle « L’accent africain dans les lettres françaises »), tous ces ouvrages montrent que l’écrivain noir, accessoirement africain, est d’abord considéré comme écrivain français

On trouvera d’ailleurs cette tendance à intégrer les lettres africaines aux françaises jusque dans les années 1960 chez des critiques comme Jean Rousselot ou encore Henri Lemaître. D’un point de vue institutionnel, cette inclusion dans le champ français est tout à fait justifiée : écrit en français, publié par des maisons françaises, distribué dans les circuits français, légitimé par les instances françaises, le texte de l’écrivain africain relève bien de la littérature française. La question se pose alors de savoir comment les écrivains africains sont parvenus à constituer un champ littéraire indépendant et autonome. Il semble qu’ils aient organisé, à partir des années 1930, ce qu’on pourrait appeler une sécession littéraire en imposant progressivement l’idée d’une littérature africaine foncièrement différente.

Les tenants de la négritude ont savamment joué des règles du jeu littéraire à leur avantage afin d’assurer la réussite de cette politique de la sécession. Pour ce faire, ils ont adopté et adapté la vision romantique de la littérature. Selon cette dernière, la littérature établit un pacte avec la nation dans ce sens qu’elle émane des valeurs nationales et en est, en même temps, le garant. Cependant, dans le cas particulier de la littérature africaine, la mobilisation de cette vision était loin d’aller de soi. En effet, celle-ci suppose un rapport d’équivalence entre le territoire national et l’espace littéraire. Or, l’Afrique n’est pas tout à fait une nation. De plus, les écrivains étant expatriés, ils évoluent dans un espace littéraire coupé du continent. Les écrivains africains vont mettre en œuvre un certain nombre de stratégies visant à annuler les effets de ces apories. Celles-ci consistent à revoir la conception du territoire. À l’idée d’un territoire entendu comme espace géographique, ils vont substituer celle d’un territoire culturel

La nation va prendre avec eux, une dimension panafricaine et une extension maximale. Elle  renvoie « à un espace politique et culturel très vaste qui, selon les cas, pourra être représenté par : le continent africain, l’ensemble des peuples noirs, et, à la limite, les peuples du tiers monde. » Cette définition du national se justifie par le fait que la résistance à la domination coloniale se veut globale et par l’idée, alors communément admise, selon laquelle les Noirs partagent tous la même culture indépendamment des lieux où ils se trouvent. Ainsi entendue, la nation africaine n’est pas un espace géographique, mais un espace symbolique et culturel. Il en résulte que le Noir est en Afrique lorsqu’il est à Dakar, à Fort-de-France, à Cayenne mais aussi à Paris. Cette logique ne présente pas seulement l’avantage de donner l’illusion que le principe de la fusion entre territoire national et espace littéraire est respecté. Elle permet également de recruter large, de faire de chaque Noir écrivant en français un auteur négro-africain d’expression française, autrement dit de pouvoir atteindre, en termes de masse critique, un nombre d’écrivains suffisamment important pour prétendre faire champ littéraire

Ces stratégies permettent ainsi de conserver l’illusion qu’entre la nation africaine et sa littérature, le pacte n’est pas moins fort. In fine, elles autorisent les auteurs à faire fi de leur situation réelle – l’inscription institutionnelle dans le champ littéraire français – et à affirmer que la littérature africaine ne saurait être confondue avec la française et relève d’un champ indépendant et autonome. Ils réalisent ainsi le plus grand hold-up du XXe siècle littéraire : investissant avec les ressources françaises, ils versent les bénéfices dans la banque littéraire africaine. Il y a, dans cette manière dont la capitale mondiale des lettres s’est laissée flouer, de quoi perdre de sa superbe face à « ses périphéries » et aux nombreux prétendants qui rêvent d’être Paris à la place de Paris.


II.2. La valse des prétendants

Dans le morceau de rap « Correspondance » Fabe répond à Al qui se plaint du peu de ressources dont il dispose à Dijon : « J'vais voir c'que j'peux faire au niveau du son / Mais bon t'as vu, t'es déjà venu / Paris c'est pas New-York non plus. » Un écrivain parisien pourrait, aujourd’hui, répondre quelque chose de similaire à un confrère de province. Les ressources littéraires ne sont désormais plus concentrées à Paris. Au contraire, certains phénomènes indiquent qu’elle n’est plus la mieux dotée. Paris n’a, par exemple, pas le poids financier de New York. Les Gallimard, Seuil et autres Plon peuvent difficilement rivaliser avec les contrats à 1 million de dollars des Penguin Random House et Henry Holt Books. Or, le cas de New-York n’est pas isolé de sorte que pour les écrivains et plus généralement les artistes, il « n’y a plus, ou plus autant, de passage obligé par Paris : Bruxelles, Lausanne ou Montréal disposent des moyens matériels et symboliques nécessaires à l’invitation d’une troupe de percussionnistes de Brazzaville, d’un chanteur malien ou d’une pièce créée à Abidjan. » Les villes africaines ne sont plus en reste. On ne compte plus les maisons d'édition à Dakar, Libreville, Cotonou… Celles-ci ne se contentent plus de servir de tremplin vers « les grandes sœurs françaises ». En conséquence, certains auteurs comme Isaïe Biton Koulibaly construisent leur carrière uniquement à partir du continent

D’aucuns répliqueront que si Paris n’a plus le monopole des ressources matérielles, elles conservent en réalité celui de la valeur littéraire, que les Imbolo Mbue, Yaa Gyasi et Tomi Adeyemi malgré leurs dollars ne peuvent se réclamer d’un prestige similaire à celui des Léonora Miano, Alain Mabanckou et Ananda Devi. Il leur sera répondu que ça, c’était avant. La notion de valeur littéraire est en pleine mutation. La culture populaire ne baisse plus la tête. Le temps est loin où « la masse » avait honte de ne pas maîtriser les codes littéraires. Elle se charge dorénavant de les redéfinir en commençant par invalider la division entre belles lettres et paralittérature. Dans « Vraie ou fausse littérature », la booktubeuse Margaud Liseuse invite ainsi les lecteurs à respecter les choix des uns et des autres et démontre qu’il suffit de creuser un peu pour trouver de la substantifique moelle dans tout texte. Elle conclue sa vidéo en précisant qu’il y a « juste de la littérature ». D’ailleurs « la masse » est suivie par une partie de plus en plus importante du monde universitaire comme en attestent la revue Pop en stock, l’Association internationale des chercheurs en « Littératures populaires et culture médiatique » ou encore les travaux, autour de David N’goran, du laboratoire LAPEC à Abidjan

De leur côté, les auteurs de culture populaire mettent tout en œuvre pour proposer des productions de qualité. Celles-ci sont à la fois divertissantes et de nature à participer à la fabrique des mythes modernes. Dès lors, on ne cherche plus le sens du monde uniquement chez Molière, Hugo ou Modiano mais aussi, sinon surtout, auprès de Luffy, Black Panther ou Michel Gohou. La manière dont une série comme Cloak & Dagger propose une réflexion sur l’affirmative action et la notion de white supremacy suffit à démontrer que la pensée du contemporain ne peut se faire sans tenir compte de la culture populaire. Or, c’est peu de dire que Paris est, dans ce domaine, en retard. La bande dessinée franco-belge ne pèse pas lourd face aux comics ou au manga. Le cinéma français ne peut rivaliser avec Hollywood ou Nollywood.

Parallèlement, l’autorité du français n’est plus absolue. Un certain nombre de langues affirment qu’il faut désormais compter avec elles. Il y a bien sûr l’anglais qui s’impose, désormais, comme la véritable lingua franca et qui, par exemple, a poussé l’insolence jusqu’à arracher le Rwanda au français. Il y a le chinois qui ronge son frein, le swahili qui se positionne pour devenir la « lingua africa ». Il y a le wolof qui s’empare de l’ensemble du Sénégal et est susceptible à long terme de déloger le français. Il y a le nouchi en Côte d’Ivoire qui quitte petit à petit le statut d’argot pour se diriger vers celui de langue nationale et risque bien de faire au français ce que ce dernier a fait au latin. Décidément, Paris n’a pas de quoi enjailler.


II.3. Le temps de l’indifférence

La menace que représentent les prétendants tient dans le fait qu’ils opposent au récit de la grandeur de Paris la possibilité de l’alternative. Dans la mesure où ce récit repose sur le principe du monopole, ils en sapent les fondations. Ils mettent ainsi à mal le pouvoir de fascination de Paris et précipitent son entrée dans le temps de l’indifférence.

Dans Les contre-littératures, Bernard Mouralis démontre que la distinction entre littérature et paralittérature ne repose sur aucun critère théorique valide. À la catégorie de paralittérature, il préfère celle, plus subversive, de contre-littérature. Subversive parce qu’elle questionne l’arbitraire du système et attire l’attention sur le fait que les textes jugés non littéraires portent des discours qui remettent en cause celui des belles lettres. Bernard Mouralis voit dans la littérature africaine d’expression française la contre-littérature qui a le plus bousculé le champ littéraire français notamment en proposant une autre image de l’Afrique. Cependant, il ajoute que cette littérature ne se satisfait plus de cette fonction de contre-discours. Elle fait montre d’indifférence : 


Tout se passe comme si la protestation explicite faisait place à quelque chose de plus insidieux qui s’appelle l’indifférence généralisée. Non qu’il soit question désormais de sous-estimer les responsabilités qui incombent au monde occidental dans le type de relation qui s’est instauré entre pays développés et pays sous-développés, mais l’accent semble mis, cette fois, sur la nécessité pour les peuples non européens de penser leurs problèmes non pas par rapport à l’Europe ou contre l’Europe mais avant tout en fonction des situations qui leur sont propres


Ainsi dès le milieu des années 1970, Bernard Mouralis note que la littérature africaine engage le discours sur l’Afrique dans un geste prométhéen. Avec le principe de l’indifférence, il ne s’agit plus de chercher à subvertir un système inégalitaire. Il ne s’agit pas non plus de décider de ne pas croire en ce que ce système raconte. Il s’agit, plus simplement, de l’ignorer et de vivre sa vie. Pour comprendre en quoi cela est prométhéen, il suffit, par exemple, de penser au fait qu’on ne se libère d’un chagrin d’amour qu’en choisissant de vivre sa vie, c’est-à-dire de cesser d’espérer le retour de l’ex et / ou d’arrêter de passer son temps à se plaindre de lui ou d’elle. Dans le cadre du texte africain, vivre sa vie revient à en finir avec l’obsession de l’Occident, à ne plus laisser l’histoire coloniale informer, à outrance, le projet d’écriture, bref, à garder le passé derrière soi. C’est dans ce sens que lorsque la revue Galaxie demande à Bernard Mouralis de proposer un scénario de science-fiction concernant l’Afrique, il imagine de jeunes Africains qui, découvrant de vieux livres d’histoire, n’en reviennent pas que leurs ancêtres aient été colonisés par l’Occident

Le principe de l’indifférence n’a pas retenu l’attention qu’il méritait comme en atteste la manière dont le texte africain continue à être lu, pour l’essentiel, comme un contre-discours adressé à l’Occident. Cependant, de plus en plus d’acteurs adoptent des attitudes qui s’y apparentent. C’est notamment le cas de Célestin Monga. Dans « Penser la famine et la peur », il raconte qu’il a refusé d’honorer les différentes invitations à répondre au discours de Dakar de Nicolas Sarkozy. Il explique sa position en affirmant que ce que les Occidentaux, Asiatiques et autres Américains peuvent penser de l’Afrique lui importe peu. Par ailleurs, les propos de Sarkozy n’étaient jamais que la preuve que l’Afrique n’avait pas l’exclusivité des présidents incultes. Par ces simples mots, Célestin Monga sort le rapport Afrique / France du régime de la double exceptionnalité – exceptionnalité de la cime pour l’une, exceptionnalité de la fosse pour l’autre –dans lequel il est habituellement situé. Il l’inscrit dans le régime de l’ordinaire dans lequel ni le meilleur ni le pire n’est l’apanage de personne. 

Le choix de l’indifférence est également celui de la narratrice d’Anguille sous roche. Elle ignore la vie que son père et ses rêves de grandeur ont imaginée pour elle. Elle préfère, contre les qu’en dira-t-on, vivre l’histoire d’amour dont elle rêve elle-même et se montre prête à en subir les conséquences : 


je vous le dis franco, retenez bien ceci, le diable m’emporte si je mens, une anguille ne regrette jamais, quand elle fonce dans les brouillards rien ne peut l’arrêter, même pas les liberticides, j’ai choisi ma vie et mes actes comme on choisit une route et une vitesse, c’est ici qu’il fallait que je m’arrête, que je crève et que je trépasse, en pleine anguillade, je me livre à corps perdu et à cœur impavide


En privilégiant une histoire d’amour, Anguille est bien consciente de faire des choix que ni son père, ni ses lecteurs ne comprendront. C’est qu’une jeune et pauvre Comorienne comme elle est supposée se battre pour survivre. Elle n’a pas de temps à perdre avec une futile histoire d’amour dont chacun sait, au demeurant, qu’elle finira mal. En choisissant de se montrer indifférente à ce qu’elle est supposée faire, Anguille se donne une liberté fondamentale, celle qui consiste à faire une bêtise, à savoir qu’on fait une bêtise et à continuer à la faire, bref à être humain. Ce faisant, elle inscrit, elle aussi, l’Afrique dans le régime de l’ordinaire.

Elgas ne fait pas autre chose lorsqu’il publie Un dieu et des mœurs et prend sur lui d’égratigner l’honneur – l’autre nom du rêve de grandeur – du Sénégal et plus largement de l’Afrique auprès de l’Occident. Il prolonge, par la même occasion, le geste à travers lequel Yambo Ouologuem avait rappelé que l’Afrique n’est pas plus innocente qu’un autre. Indifférence également chez Mbougar Sarr qui opte pour une écriture de la nuance contre celle de la dénonciation systématique de l’Occident. Indifférence chez Aminata Aidara lorsqu’elle met en scène des personnages comme Estelle qui refusent que leurs origines dictent leur avenir. Indifférence chez moi lorsque je m’évite les migraines et considère que dès lors que je parle une langue, elle est mienne.

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(1) * Cet article est tiré de ma communication à la journée d’étude Ce que « Francophone » veut dire. Critique sociologique d’une catégorie littéraire ambivalente qui s’est tenue le 8 décembre 2017 à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Je remercie Kaoutar Harchi d’avoir organisé cette journée d’étude et de m’y avoir invité. 

On rencontre Estelle dans un roman d’Aminata Aidara : Je suis quelqu’un, Paris, Gallimard, 2018.

(2) Nicolas Baverez, La France qui tombe, Paris, Perrin, 2003.

(3) « Pour une "littérature-monde" en français », Le Monde, 16 mars 2007.

(4) Pascale Casanova, (1999), La république mondiale des lettres, Paris, Seuil, coll. « Points. Essais », 2008.

(5) Pascale Casanova, La république mondiale des lettres, op. cit., p. 102.

(6) Kaoutar Harchi, Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne. Des écrivains à l’épreuve, Paris, Pauvert, 2016. Version Kindle non paginée.

Pour ce type de version, j’indiquerai les numéros d’emplacement (empl.) en lieu et place des numéros de page.

(7) Sarah Burnautzki, Les frontières racialisées de la littérature française.Contrôle au faciès et stratégies de passage, Paris, Honoré Champion, 2017.

(8) Pascale Casanova, La république mondiale des lettres, op. cit., p. 77.

(9) Louis-Ferdinand Céline, (1932), Voyage au bout de la nuit, Paris, Le livre de poche, 1961, p. 14.

(10) Marie-Eve Chamard et Philippe Kieffer, Alésia, victoire d’une défaite, Paris, France 5 / Extro, 2009, 52 min.

(11) Emmanuel comte de Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, ou Journal où se trouve consigné, jour par jour, ce qu’a dit et fait Napoléon durant dix-huit mois. Paris, L’auteur, 1823.

(12) Nathalie D. et Emmanuelle M., « V. Légende napoléonienne », dans Napoléon Bonaparte, exposé d’histoire en classe de cinquième sous la direction de Mme Leblicq, Athénée des pagodes, Bruxelles, juin 2000. URL : http://www.brunette.brucity.be/pagodes1/HISTOIRE/napoleon/legende.html, consulté le 25 novembre 2018.

(13) Charles de Gaulle, « Discours du 14 juin 1960 du général de Gaulle sur l'évolution vers l'indépendance des TOM ». Une vidéo du discours ainsi qu’une transcription et des commentaires de Bénédicte Brunet-La Ruche sont disponibles sur le site de l’INA. URL : https://fresques.ina.fr/independances/fiche-media/Indepe00125/discours-du-14-juin-1960-du-general-de-gaulle-sur-l-evolution-vers-l-independance-des-tom.html, consulté le 25 novembre 2018.

(14) Jean-Baptiste Dongala Kodi, « Les indépendances africaines : luttes africaines et solidarités des anticolonialistes », n.d. URL : http://jb.dongala.free.fr/pages/cadre5.htm, consulté le 25 novembre 2018.

(15) Pascale Casanova, La république mondiale des lettres, op. cit., p. 79-92.

(16) Pascale Casanova, La république mondiale des lettres, op. cit., p. 87-88.

(17) Joachim Du Bellay, (1549), La Deffence, et illustration de la langue françoyse, Paris, Honoré Champion, 2003. Voir plus spécifiquement le troisième chapitre du premier livre.

(18) Gérard Dessons, « Préface » dans Antoine de Rivarol, (1784), Discours sur l’universalité de la langue française, Paris, Manucius, 2013. Version Kindle non paginée, empl. 205.(19) Pascale Casanova, La république mondiale des lettres, op. cit., p. 53.(20) On peut voir ce mème au lien suivant : https://mapassionleslivres.wordpress.com/mes-citations-lecture-preferees/, consulté le 25 novembre 2018.(21) On peut voir ce mème au lien suivant : 
https://www.potdecitations.com/profil/intellectuel%20est%20quelqu%27un%20qui%20regarde/, consulté le 25 novembre 2018.(22) On peut voir ce mème au lien suivant : http://rigolotes.fr/16835/un-enfant-qui-lit, consulté le 25 novembre 2018.(23) Nathalie Heinich, « Présentation du livre “Des valeurs. Une approche sociologique” », communication au Séminaire collectif du CRAL : Art et littérature : l'esthétique en question, Paris, EHESS, 6 mars 2017. Vidéo de la séance disponible en ligne. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ar5TV3m0Rbw, consulté le 25 novembre. Mes transcriptions.(24) Articles 110 et 111 de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, cités par Gilles Boulard, « L'ordonnance de Villers-Cotterêts : le temps de la clarté et la stratégie du temps (1539-1992) », Revue historique, T. 301, Fasc. 1 (609), Janvier / Mars 1999, p. 45-100 ; p. 46.(25) Gilles Boulard, « L'ordonnance de Villers-Cotterêts », art. cit., p. 46.(26) Philippe Martel, « L’école de la République et les langues régionales : ce que nous savons, ce que nous croyons savoir, ce que nous voulons savoir », dans Hervé Lieutard et Marie-Jeanne Verny, L’école française et les langues régionales, XIXe-XXe siècles, Montpellier, Presses Universitaires de la Méditerranée, 2008, p. 13-36. Disponible en ligne, URL : https://books.openedition.org/pulm/887, consulté le 25 novembre 2018.(27) La Ramée dit Ramus, cité par Philippe Martel, « L’école de la République et les langues régionales », art. cit.(28) Bernard Mouralis, (1975), Les contre-littératures, Paris, Hermann, coll. « Fictions pensantes », 2011, p. 17-18.(29) Monique de Saint Martin, « Les “femmes écrivains” et le champ littéraire », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 83, juin 1990, p. 52-56 ; p. 55.(30) Jean-Louis Fabiani, « Préface : Gagner la reconnaissance à la nage », dans Kaoutar Harchi, Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne, op. cit., empl. 78.(31) Auteur anonyme, « Le français tel que le parlent nos tirailleurs sénégalais », Paris, Imprimerie militaire universelle L. Fournier, 1916. Disponible en ligne, URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76233c, consulté le 25 novembre 2018.(32) Bernard Mouralis, Littérature et développement, Paris, Silex, 1984, p. 92.(33) Sur la croyance selon laquelle les Africains et plus largement les Noirs ne seraient pas capable de produire de la littérature, le cas du procès intenté à Philis Wheatley est assez parlant : Louis Gates Jr., The Trials of Phillis Wheatley: America's First Black Poet and Her Encounters with the Founding Fathers, New York, Civitas Books, 2003.(34) Sarah Burnautzki, Les frontières racialisées de la littérature française, op. cit., p. 163.(35) Youssoupha, « Où est l’amour ? », dans NGRTD, Paris, Bomayé Music, 2015.(36) Dans l’acte II de Dom Juan, Molière introduit un « parler paysan ». Même si l’effet recherché est le comique, le procédé ne manque pas de bousculer les usages de la langue française dans le théâtre de cour. D’une manière générale, la pratique qui consiste à malmener la langue française dans le texte littéraire, n’a plus, depuis au moins Céline, rien de vraiment exceptionnel ou révolutionnaire.(37) Christiane Ndiaye, « Kourouma, le mythe. La rhétorique des lieux communs du discours critique », dans Jean Ouédraogo (dir.), L’imaginaire d’Ahmadou Kourouma. Contours et enjeux d’une esthétique, Paris, Karthala, 2010, p. 17-39 ; p. 23.(38) Sarah Burnautzki, Les frontières racialisées de la littérature française, op. cit., p. 163.(39) Graham Huggan, The postcolonial Exotic. Marketing the Margins, New York, Routledge, 2001(40) Voir à titre d’exemple, Juliette Smeralda, Raison pratique : « La venue d’Alain Mabanckou à la Martinique », Martinique, Zouk TV, juillet 2014. URL : https://www.youtube.com/watch?v=-NBajoERMWs, consulté le 25 novembre 2018.(41) Alain Mabanckou, Le sanglot de l’homme noir, Paris, Fayard, 2012.(42) Propos de Locha Mateso lors de la table ronde Écritures nationales, écritures ethniques ou écriture tout court tenue en octobre 1985. Voir la revue Notre Librairie, n° 83, avril-juin, 1986, p. 17-23 ; p. 18-19.(43) Bernard Mouralis, Littérature et développement, op. cit., p. 151.(44) Sur la manière dont ces écrivains ont maîtrisé les règles du jeu, on peut lire Romuald Fonkoua, « L’Afrique en khâgne. Contribution à une étude des stratégies senghoriennes du discours dans le champ littéraire francophone », Présence africaine, n° 154, 1996, p. 130-175.(45) Abdoulaye Imorou, « La littérature française n’existe pas. Penser la catégorie de littérature nationale aujourd’hui », French studies in southern Africa, n° 44.2, p. 144-167 ; p. 146-147.(46) Florence Paravy, « L’altérité comme enjeu du champ littéraire africain », dans Romuald Fonkoua et Pierre Halen (dir.), Les champs littéraires africains, Paris, Karthala, 2001, p. 213-227 ; p. 221.(47) Abdoulaye Imorou, « Localiser le champ littéraire africain. Les territoires et le lieu », Nottingham French Studies, vol. 55, n° 3, 2016, p. 313-327.(48) Bernard Mouralis, « L’évolution du concept de littérature nationale en Afrique », Research in African Literatures, n° 18-3, 1987, p. 272-279 ; p. 272.(49) Bernard Mouralis, « L’évolution du concept de littérature nationale en Afrique », art. cit., p. 272.(50) Pascal Durand, « Introduction à la sociologie des champs symboliques », dans Romuald Fonkoua et Pierre Halen (dir.), Les champs littéraires africains, op. cit., p. 19-38.(51) Fabe, featuring Al, « Correspondance », dans Fabe, Détournement de son, Paris, Small, 1998.(52) Ainehi Edoro, « Tomi Adeyemi’s Million Dollar Book and Movie Deal », Brittel Paper, 25 juillet 2017. URL: https://brittlepaper.com/2017/07/nigerian-harvard-university-grad-milliondollar-book-deal/, consulté le 25 novembre 2018. Tomi Adeyemi (Children of Blood and Bone, New York, Henry Holt Books for Young Readers)est la troisième femme d’origine africaine à signer un contrat à 1 million. Elle se situe dans le sillage de Imbolo Mbue (Behold the Dreamers, New York, Random House, 2016) et de Yaa Gyasi (Homecoming, New York, Penguin Random House, 2016).(53) Pierre Halen, « Notes pour une topologie institutionnelle du système littéraire francophone », dans Papa Samba Diop et Hans-Jürgen Lüsebring (dir.), Littératures et sociétés africaines. Regards comparatistes et perspectives interculturelles.Mélanges offerts à János Riesz à l'occasion de son soixantième anniversaire, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 2001, p. 55-68 ; p. 57.(54) David N’Goran, « Écrire, lire, penser et vivre à partir du continent. Le “phénomène Isaïe Biton” en Côte d’Ivoire ou les dernières lignes d’un champ littéraire national », French Studies in Southern African, n° 44.2, 2014, p. 168-189 ; p. 184.(55) Margaud Liseuse, Margaud Liseuse : « Vraie ou fausse littérature », Suisse, YouTube, 9 novembre 2015, 8’49 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=saxfSU5mJHE&t=12s, consulté le 25 novembre 2018.(56) Revue en ligne de l’Université du Québec à Montréal. URL : http://popenstock.ca/page/présentation, consulté le 25 novembre 2018.(57) Le site de l’association est disponible au lien suivant : https://lpcm.hypotheses.org, consulté le 25 novembre 2018. (58) Aimé Donatien Dobla, Isaïe Biton Koulibaly et l’institution littéraire de côte d’ivoire. Analyse sociodiscursive pour une littérature de masse, thèse de doctorat sous la direction de David N’goran, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, 2018.
Marcelle Gnepoa, De la littérature populaire dans le champ littéraire ivoirien. Une sociologie de la littérature, thèse de doctorat sous la direction de David N’goran, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, en cours.(59) Luffy est le personnage principal du manga et de l’anime One peace. Références du manga : Eiichiro Oda, One peace, Tokyo, Shūeisha, 22 juillet 1997 – en cours de production.(60) Black Panther est un personnage de l’univers des super-héros de Marvel Comics. Il a été créé en 1966 par Stan Lee et Jack Kirby. Il est le premier super-héros africain de cet univers. Il a gagné une visibilité internationale après la sortie du film éponyme : Ryan Googler Black Panther, États-Unis, Walt Disney Studios Motion Pictures, 2018, 134 min.(61) Michel Gohou est un des personnages principaux mais aussi l’acteur de la série ivoirienne Ma famille, série qui connait un énorme succès dans toute l’Afrique francophone et en France : Akissi Delta, Ma famille, Côte d’Ivoire, LAD Production, 2002-2007. 5 saisons, 300 épisodes.(62) Joe Pokaski, Cloak & Dagger, États-Unis, Disney–ABC Domestic Television, 2018 – 2019. 2 saisons. 20 épisodes.(63) Jean-Claude Dodo et Serge Allou, « Le nouchi : entre hétérogénéité et dynamisme », Revue DELLA / Afriques. Didactique et enseignement des langues et littérature en Afrique, vol. 1, n° 1, 2018, p. 103-119.(64) Bernard Mouralis, Les contre-littératures, op. cit., p. 198-199.(65) Galaxies. Sciences fictions, n° 55, 2018, p. 96.(66) Célestin Monga, « Penser la famine et la peur », dans Alain Mabanckou (dir.), Penser et écrire l’Afrique aujourd’hui, Paris, Seuil, 2017. Version Kindle non paginée, empl. 353.(67) Pour un exemple de réponse, on peut lire Makhily Gassama (dir.), L’Afrique répond à Sarkozy, Paris, Philippe Rey, 2008.(68) Ali Zamir, Anguille sous roche, Paris, Le tripode, 2016, p. 317.(69) Elgas, Un dieu et des mœurs, Paris, Présence africaine, 2015.(70) Yambo Ouologuem, Le devoir de violence, Paris, Seuil, 1968.(71) Voir, entre autres, Mbougar Sarr, Silence du chœur, Paris, Présence africaine, 2017(72) Aminata Aidara, Je suis quelqu’un, Paris, Gallimard, 2018.

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