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Valery Larbaud – L’innommable

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Valery Larbaud – L’innommableQuand je serai mort, quand je serai de nos chers morts,
(Au moins, me donnerez-vous votre souvenir, passants
Qui m’avez coudoyé si souvent dans vos rues ?)
Restera-t-il dans ces poèmes quelques images
De tant de pays, de tant de regards, et de tous ces visages
Entrevus brusquement dans la foule mouvante ?
J’ai marché parmi vous, me garant des voitures
Comme vous, et m’arrêtant comme vous aux devantures.
J’ai fait avec mes yeux des compliments aux Dames ;
J’ai marché, joyeux, vers les plaisirs et vers la gloire,
Croyant dans mon cher coeur que c’était arrivé ;
J’ai marché dans le troupeau avec délices,
Car nous sommes du troupeau, moi et mes aspirations.
Et si je suis un peu différent, hélas, de vous tous,
C’est parce que je vois,
Ici, au milieu de vous, comme une apparition divine,
Au devant de laquelle je m’élance pour en être frôlé,
Honnie, méconnue, exilée,
Dix fois mystérieuse,
La Beauté Invisible.

***

Valery Larbaud (1881-1957)Les Poésies de A.O. Barnabooth (Poésie/Gallimard, 1966)


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