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La traversée de l’été

Publié le 06 septembre 2022 par Adtraviata
La traversée de l’été

Quatrième de couverture :

Grady McNeil a dix-sept ans et l’âme passionnée. Alors que ses riches parents vont passer l’été en Europe, elle se retrouve seule dans un New York vibrant sous la canicule. Délaissant le luxe de la Cinquième Avenue, elle tombe amoureuse de Clyde, gardien de parking à Broadway. Ils s’aiment, mais de façon différente. La fierté provocante de Grady et la nonchalance de Clyde vont peu à peu les entraîner vers de dangereux précipices. (…)

Ce court roman, écrit par Truman Capote au tout début de sa carrière d’écrivain, travaillé et retravaillé, mais qu’il n’a jamais voulu publier, est réapparu en 2004 dans un lot d’archives qui devaient être mises en vente par Sotheby’s. On sait qu’il est inachevé en quelque sorte mais il se tient tel quel et après une série de négociations, l’avocat et ami de Truman Capote a décidé de le publier.

C’est donc un texte court traversé de passion. L’héroïne, Grady McNeil, a seize ans. Elle se démarque des traditions propres à sa condition bourgeoise, comme le bal des débutantes. Elle peut compter sur son ami de toujours pour couvrir ses frasques. Elle a déjà passé un été brûlant en étant – sans jamais rien manifester ni être payée de retour – amoureuse d’un homme marié. Une passion retombée avec la fin de l’été et remplacée par un amour tout aussi hors-normes pour un gardien de parking dont elle ne connait pas grand-chose. Les deux mondes dont ils sont issus n’ont rien en commun mais la jeune femme tente de les rapprocher. Cela conduira tout ce monde vers une fin qu’on ne peut que pressentir dramatique.

En lisant ce roman, j’avais en tête la silhouette de Marlon Brando qui aurait pu interpréter le personnage de Clyde. C’est dire l’électricité qui règne entre les corps dans l’air caniculaire. Truman Capote sait évoquer la passion, l’attraction des corps et l’incommunicabilité des âmes. Il se glisse dans la tête et le coeur de cette jeune femme avec finesse. Son style est flamboyant et quand on sait qu’il a écrit ce texte à dix-neuf ans, ce n’en est que plus prenant.

« Le plus clair du temps, la vie est si monotone que cela ne vaut pas la peine d’en parler, et elle n’évolue guère avec l’âge. Quand nous changeons de marque de cigarette, déménageons, achetons un autre journal, entamons de nouvelles amours ou en brisons d’anciennes, c’est pour nous révolter, de manière à la fois frivole et grave, contre le train-train quotidien. Hélas les miroirs sont plus traîtres les uns que les autres et finissent toujours par révéler l’envers de la médaille. »

« – Pendant tout ce temps, moi je pensais que tu me fuyais, murmura Clyde.
– On ne fuit pas les gens, on se fuit soi-même, répondit Grady. Mais tout va bien maintenant.
– Bien sûr; dit-il. Tout va bien. »

« La chaleur ouvre le crâne de la ville, exposant au jour une cervelle blanche et des noeuds de nerfs vibrant comme les fils des ampoules électriques. L’air se charge d’une odeur surnaturelle dont la puissance âcre imbibe les pavés, les recouvrant d’une sorte de toile d’araignée sous laquelle on imagine les battements d’un cœur. »

Truman CAPOTE, La traversée de la nuit, Roman traduit de l’anglais par Gabrielle Rolin, Le Livre de poche, 2021


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