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Frank Drake : à la recherche des petits hommes verts…

Publié le 22 septembre 2022 par Sylvainrakotoarison

" Nous espérons un jour, ayant résolu les problèmes auxquels nous faisons face, rejoindre une communauté de civilisations galactiques. Ce disque représente notre espoir, notre détermination et notre bonne volonté dans un univers vaste et impressionnant. " (Message dans le disque envoyé par les deux sondes Voyager I et II).
Frank Drake : à la recherche des petits hommes verts…
L'astrophysicien américain Frank Donald Drake est mort le 2 septembre 2022 en Californie à l'âge de 92 ans (il est né le 28 mai 1930à Chicago). Ce chercheur de haute stature, qui a été étudiant et enseignant dans les meilleures universités américaines (Cornell et Harvard), spécialisé en radioastronomie, a voulu réaliser une sorte de stéthoscope spatial pour une finalité et une passion communes à beaucoup de ses contemporains : découvrir la vie extraterrestre.
Mais, à la différence des artistes, écrivains, cinéastes, dessinateurs, Frank Drake a voulu mettre la science au service de cette recherche. Au-delà de la science, il avait avant tout une conviction, qu'on peut appeler une croyance puisqu'il n'y a aucune preuve (encore aujourd'hui, hélas), c'est qu'il existe une vie extraterrestre dans l'Univers (cette croyance est partagée par beaucoup de monde, quelle que soit leur religion ou non religion, et peut s'appuyer sur l'axiome inverse : comment serait-il possible que la Terre soit la seule planète à y connaître la vie ?).
Son premier projet d'écoute dans l'Espace a pris le nom d'une princesse, celle du monde du Magicien d'Oz, le projet Ozma qui s'est déroulé entre avril 1960 et juillet 1960 à l'Observatoire de Green Bank, sans de réels résultats. L'idée était de capter un signal intelligent d'origine extraterrestre, en pointant un radiotélescope de 26 mètres de diamètres (construit en 1958) vers des étoiles qui pourraient contenir des exoplanètes (planètes n'appartenant pas au système solaire mais à d'autres étoiles : à l'époque, on n'avait encore pas eu d'observation concrète d'exoplanètes).
L'astronome s'est basé sur les travaux de deux chercheurs de l'Université de Cornell, Giuseppe Cocconi et Philip Morrison, qui ont publié le 19 septembre 1959 un article majeur dans la célèbre revue "Nature" (vol. 184, n°4690, pp. 844-846) intitulé "Searching for Interstellar Communication" dans lequel les deux auteurs se mettaient dans la peau d'extraterrestres intelligents qui, forcément, chercheraient à communiquer avec d'autres civilisations dans l'Univers, en estimant la fréquence de ces signaux.
Frank Drake a choisi de pointer vers les étoiles Tau Ceti et Epsilon Eridani, parmi les étoiles les plus proches du Soleil (respectivement à 12 et à 11 années-lumière du Soleil), et de même type que le Soleil. En outre, il a aussi choisi de regarder dans les micro-ondes, 1 420 MHz, ce qu'émet l'atome d'hydrogène, comme le proposaient Giuseppe Cocconi et Philip Morrison (par exemple, aucune onde aux fréquences qui sont absorbées par l'atmosphère terrestre, car les radiotélescopes ne les détecteraient pas... et les auteurs pensaient que les extraterrestres seraient assez intelligents pour savoir que ça absorberait).
Cette première tentative a conduit Frank Drake à proposer en 1961 une équation (assez loufoque, il le faut dire) qui détermine une estimation du nombre possible de civilisations extraterrestres dans notre galaxie (la Voie lactée) capables et envieuses d'entrer en relation avec "nous" (nous les humains), mais ce nombre dépend d'autres nombres à l'estimation tout aussi difficile à donner. Cette équation a été reprise sans arrêt et dans les estimations, mêmes les pires, on trouve ce nombre très supérieur à 1, ce qui signifie qu'il y a des raisons de penser que des extraterrestres intelligents capables de communiquer avec nous, et le souhaitant, existent très probablement dans la Voie lactée. Or, la critique qu'on peut en faire, c'est que pour l'instant, la valeur observée de ce nombre, c'est 1, uniquement nous.
Mais qu'importe cette loufoquerie de physicien, car l'aspect psychologique n'est pas à prendre à la légère : la recherche d'extraterrestre est aussi une recherche psychologique, sociologique, et pas seulement des maths et de la physique. Or, ce premier projet et cette équation ont apporté dans les années 1960 un optimisme très important dans la communauté des astronomes pour dire qu'il y a forcément des civilisations intelligentes extraterrestres. Cela a encouragé les initiatives de détection de signaux d'origine extraterrestre.
D'autres projets sont menés par Frank Drake qui ont tous l'objectif de détecter un signal intelligent dans l'Univers (ce sont des projets SETI : search for extra-terrestrial intelligence). Beaucoup d'observatoires sont mis à contribution, en particulier le radiotélescope d'Arecibo à Porto Rico, mais aussi l'observatoire de Parkes en Australie et l'observatoire de Nançay en France, etc.
Frank Drake : à la recherche des petits hommes verts…
Un autre grand astronome s'est aussi investi aux côtés de Frank Drake dans cette quête d'une intelligence extraterrestre, Carl Sagan, très connu aussi pour sa série de documentaires sur l'astrophysique, une série passionnante, certes un peu datée (il y a eu beaucoup de progrès, tant dans l'instrumentation que dans les découvertes, des exoplanètes par exemple à partir des années 2000), mais qui permet au profane de comprendre les fondamentaux.
Car Sagan a aidé Frank Drake à concevoir la plaque placée dans les deux sondes Pioneer 10 et 11 lancées le 3 mars 1972 et le 6 avril 1973. Ils ont aussi "rédigé" ensemble le message d'Arecibo, sous la forme d'un signal radio de 1 679 bits (sans les couleurs de la figure) envoyé le 16 novembre 1974 vers l'Amas d'Hercule à 25 100 années-lumière du Soleil. Enfin, Carl Sagan a pris la tête du commission pour définir le contenu d'un disque placé dans les deux sondes Voyager I et II lancées le 5 septembre 1977 et le 20 août 1977.
Frank Drake : à la recherche des petits hommes verts…
Dans tous ces messages adressés aux éventuels extraterrestres intelligents, il y a un côté très aléatoire et aussi très naïf. La chance pour qu'ils soient lus et surtout compris (en plus, ils sont déjà très complexes pour des humains communs !), est très faible, mais la naïveté, c'est en même temps d'être lucide, d'être conscient que cela peut voyager des millions d'années dans l'Espace et être détecté seulement après la mort de notre humanité.
La naïveté réside aussi dans l'américanocentrisme des scientifiques américains ainsi que celui du Président Jimmy Carter qui a enregistré ce message aux croisés de voyager le 16 juin 1977 : " Nous sommes une communauté de 240 millions d'êtres humains parmi plus de 4 milliards qui habitent la planète Terre. Nous, les êtres humains, nous sommes encore divisés en États-nations, mais ces États vont rapidement devenir une seule civilisation globale. Nous lançons ce message dans le cosmos. Il est probable qu'il survive un milliard d'années dans notre futur, quand notre civilisation aura été profondément modifiée et la surface de la Terre grandement transformée. ". La naïveté enfin de parler de "civilisations galactiques" et d'imagier de se croire dans un monde à la "Star War", mais un monde gentil.
Pour l'instant, aucune initiative des scientifiques pour écouter le monde extérieur n'a été couronnée de succès. Au contraire, pour des raisons budgétaires, on a délibérément coupé le micro des sondes Voyager parties pour l'instant très loin.
Communiquer entre les vivants, c'est l'enjeu permanent. Ne serait-ce qu'entre humains. Aujourd'hui, avec la globalisation des échanges, pas une langue n'échappe à une traduction en une autre langue (humaine). La communication avec les bébés, la communication avec des personnes malades ou en situation de handicap qui ne peuvent plus s'exprimer selon les canaux habituels, la communication, bien sûr, avec les animaux, où la patience fait faire des exploits passionnants de communication, toutes ces communications ont un même et seul enjeu, celui de transmettre à un autre être connaissance ou émotion.
Alors, communiquer avec les extraterrestres, trouver leur adresse, trouver les bons, ceux qui peuvent nous comprendre, qui peuvent nous repérer, mais qui ne sont pas fous haineux à vouloir nous détruite, des qui sont en rapport avec nous dans l'unité de temps et l'unité de lieu (chaque année-lumière n'hésite une année fois deux pour communiquer), c'était l'intuition ultime de Frank Drake, et peut-être que maintenant qu'il a passé le cap, il sait s'il a eu raison. Ou il ne sait toujours pas.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (03 septembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Frank Drake.
Neil Armstrong.
Albert Einstein.
Roger Penrose.
La mort de l'horloge parlante.
Yves Coppens.
Cédric Villani.
Pierre-Gilles de Gennes.
Pierre Teilhard de Chardin.
Luc Montagnier.
La Science, la Recherche et le Doute.
François Jacob.
Jacques Testart.
Robert Edwards.
Katalin Kariko.
Klim Tchourioumov.
L'exploit de Blue Origin, la fabrique du tourisme spatial écolo-compatible.
John Glenn.
Michael Collins.
Atterrissage de la navette Atlantis le 21 juillet 2011.
SpaceX en 2020.
Thomas Pesquet.
60 ans après Vostok 1.
Youri Gagarine.
Spoutnik.
Rosetta, mission remplie !
Le dernier vol des navettes spatiales.
André Brahic.
Les petits humanoïdes de Roswell...
Evry Schatzman.
Le plan quantique en France.
Apocalypse à la Toussaint ?
Le syndrome de Hiroshima.
L'émotion primordiale du premier pas sur la Lune.
Stephen Hawking, Dieu et les quarks.
Les 60 ans de la NASA.
La relativité générale.
La PMA pour toutes les femmes désormais autorisée en France.
Bill Gates.
Benoît Mandelbrot.
Roland Omnès.
Marie Curie.
Frank Drake : à la recherche des petits hommes verts…
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220902-frank-drake.html
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/frank-drake-a-la-recherche-des-243608
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/09/03/39617089.html


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