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La valeur travail.

Publié le 23 septembre 2022 par Libracteurs
LA VALEUR TRAVAIL.A l’occasion de propos relatifs à sa volonté de donner un emploi à chacun, finalement assez anodins pour un communiste, la machine à générer des indignations politiques s’est de nouveau emballée. Toutefois, le sujet, “le travail”, éclaire aussi la grande confusion intellectuelle qui règne au sein du personnel politique. Certes, nous avons essentiellement entendu des représentants de formations classées à gauche. Toutefois le silence prudent des autres ne saurait indiquer une simple tactique (laisser la gauche se diviser), mais plutôt un embarras certain.

En effet, quel est le sens du travail dans une société comme la nôtre qui connaît le chômage de masse depuis près de 50 ans ? Que reste-t-il de l’émancipation par le travail, cette idée venue de la gauche marxiste, supplantée progressivement par les thèmes de l’aliénation et l’exploitation ? Plus propices à l’indignation, incontestables dans le quotidien de nombreux employés, ils ne sauraient pourtant masquer l’aspiration à travailler de l’immense majorité de nos concitoyens. François Ruffin veut, à raison, renouer le dialogue avec ceux qui lui disent “moi, je ne peux pas voter à gauche, je suis pour le travail”. Il est une voix isolée dans sa famille politique. Car, si la critique des conditions de travail est nécessaire, elle masque aujourd’hui le fait que travailler renvoie au sentiment d’utilité dont chacun de nous a besoin, avant même d’évoquer les moyens de subsistance, les relations sociales ou autres éléments afférents au travail. Or, de cette réalité primordiale, peu de responsables politiques, pas seulement de gauche, se soucient.

Le travail est le sujet politique central de notre société. Parce qu’il est l’échec politique des trente dernières années, et que 8 millions de nos concitoyens sont laissés au bord de la route. Parce qu’il constitue le socle de la fraternité — ce 3e mot de notre devise que les politiques emploient peu — , qui se traduit par notre système de sécurité sociale dans toutes ses dimensions (emploi, santé, retraite). Sans ce système d’assurance collective alimenté par les revenus du travail, point de fraternité et point de République. Parce qu’à l’aube de la société de sobriété qui se dessine devant nous (pour s’adapter au réchauffement climatique), nous aurons besoin que plus de gens travaillent.

Dès lors, ressortir les écrits d’un auteur du XIXe pour légitimer un “droit à la paresse” est anachronique. Sauf à y voir une forme de justification du manque d’efforts de la part de nos représentants pour trouver des solutions nouvelles, imaginer des approches différentes, remettre en question des totems, et améliorer les politiques de l’emploi. Une paresse intellectuelle dont le délitement de la société est le prix.

Eric LAFOND "LIBR'ACTEURS"


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