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Les volets verts, film de Jean Becker

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Les volets verts, film de Jean BeckerQuoiqu'on dise de lui, j'aime tant l'acteur Gérard Depardieu que je ne louperais aucun de ses films. Il m'a encore une fois convaincue de son grand art dans Les volets verts, le dernier long-métrage de Jean Becker, alors que le scénario par contre ne m'a curieusement pas enthousiasmée.
La première scène se passe entre le médecin de famille et Jules Mangin (Gérard Depardieu), acteur au sommet de sa gloire, disons le carrément, montre sacré reconnu pour son talent, et homme totalement incontrôlable au tempérament excessif, alcoolique incapable de se modérer.
La mise en abîme est-elle intentionnelle ? Gérard est plus que naturel dans ce rôle qui lui va à merveille, surtout en ayant pour partenaire Fanny Ardant qui fut celle de La femme d’à côté (François Truffaut - 1981).
Il n’a que 66 ans mais au rythme où il boit son coeur ne tiendra plus très longtemps. L’injonction de se modérer n’est pas supportable pour l’homme qui ironise que sans alcool ni trop d’émotion ça va être la belle vie … L’acteur joue à peine tant il semble lui-même être Jules.
J’ai reconnu des théâtres dans lesquels je vais souvent. Et la salle du Bœuf sur le toit, qui fut un lieu mythique où se retrouvaient les artistes. Sans être très datée, l’action se déroule plausiblement dans les  années 70, alors qu’il était encore permis de fumer dans les restaurants.
Serge Reggiani chantait alors Il suffirait de presque rien, qui parut dans l'album Et puis… sorti en 1968. Écrite par Jean-Max Rivière et composée par Gérard Bourgeois, elle raconte l’amour impossible d’un homme âgé pour une femme plus jeune, exactement ce qui pourrait arriver avec Alice (Stéfi Celma, formidable interprète), la souffleuse du théâtre que l’acteur emmène dans la maison aux volets verts pour découvrir la mer avec sa petite fille. Cette maison qui donne son nom au film dont le scénario est inspiré du roman éponyme de Georges Simenon écrit en 1950.L’histoire montre le déclin du grand homme, ravagé par l’alcoolisme (il va jusqu’à boire l’eau de toilette) et le rejet de son amour pour sa partenaire dans la pièce qu’ils jouent tous les soirs. Jeanne Swann (Fanny Ardant) lui préfère un « renard argenté » dira-t-il en se moquant. Elle n’ouvre même plus les lettres qu’il lui adresse. Pourtant Jules a des amis. A commencer par le fidèle Félix (Benoît Poelvoordequi rapplique dès qu’il le sonne. Et son habilleuse (Anouk Grimberg), dévouée et probablement amoureuse, jalouse en tout cas de l’intérêt de son patron pour la jeune Alice.On suit les mésaventures de Jules en espérant soit une prise de conscience qui ouvrirait une voie positive, soit un évènement carrément tragique. Quand on aime, est-ce qu’il ne faut pas toujours espérer ? On peut appliquer au film la question de Jules à propos de ses sentiments à l’égard de Jeanne mais le scénario, pourtant signé Jean-Loup Dabadie s’enlise un peu. C’est dommage.Restera le souvenir d’une bande-son remarquable, de plusieurs plans de Paris filmé avec tendresse, de la célébration d’un certain art de vivre et quelques scènes où les acteurs sont tous excellents, malgré une partition sans surprise.Les volets verts, film de Jean BeckerAvec Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Benoît Poelvoorde, Stéfi Celma, Anouk GrimbergEn salle depuis le 24 août 2022

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