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Dan Tepfer Bach Inventions and Reinventions en création au Sunside

Publié le 07 octobre 2022 par Assurbanipal

Paris, Ile de France, France

Mardi 4 octobre 2022, 21h30

Dan Tepfer: piano

Lectrices Baroques, lecteurs Jazz, ce blog vous a déjà chanté les louanges des Variations on Goldberg Variations du pianiste franco-américain Dan Tepfer: en studio, en interview et sur scène.

10 ans après, Dan Tepfer s'attaque à une autre oeuvre de Jean Sébastien Bach: les Inventions. Des pièces pédagogiques écrites pour faire progresser les joueurs de clavecin (Bach ne connaissait pas le piano): 15 pour 2 voix, 15 pour 3 voix. Dan Tepfer nous explique son projet. En prendre 15 (lesquelles? A 2 ou 3 voix? Un mélange?) et en ajouter 9 pour arriver à 24. 24 t onalités. Dan Tepfer a écrit la suite des 15 Inventions. La suite de Bach, bien entendu.

Le barman commence par jouer des percussions avec les glaçons. Il ajoute un filet d'eau et des clients du bar des claquements de portes. Ce n'est pas prévu au programme mais cela fait partie de l'environnement sonore d'un club de Jazz. Bach a écrit ses Inventions pour le clavecin. Dan Tepfer les joue sur un piano à tempérament égal. Fidèlement. La patte Bach se reconnait: la grâce, la majesté et la danse. Ca swingue terrible, Bach!

Le barman poursuit ses ponctuations sonores désordonnées. C'est un club de Jazz pas une salle de concert mais il pourrait faire un effort pour jouer dans le tempo. Ce programme sonnerait très bien dans une salle de concert type Pleyel ou Gaveau sur un crocodile. Sur un 1/2 queue dans un club de Jazz, c'est déjà un régal.

Tiens, je dirais que c'est du Dan Tepfer mais je n'en suis pas sûr ignorant tout des Inventions de JS Bach. Dan Tepfer les connaît par coeur. C'est l'essentiel. Oui c'est bien du Dan Tepfer car il creuse le thème, le désosse, l'ornemente en jazzman.

Un temps de silence et de réflexion. Un spectateur tapote timidement dans ses mains mais cesse vite tant le public est silencieux et concentré. Autant que le pianiste.

Du Dan Tepfer de nouveau. Un tempo rapide, ostinato. Cela me rappelle une composition de Dan Tepfer en trio. Vraiment rapide. Genre " Bip bip et le coyote " ( Road Runner and Wile E. Coyote in english). Brièvement. Finalement, nous craquons et nous applaudissons.

Cette fois, c'est du Bach. Cela s'entend dès le premier accord. Quel délicieux massage cérébral!

Du Dan Tepfer maintenant. Sa gestuelle n'est pas la même quand il improvise. Quand il récite, il garde la tête droite comme s'il lisait la partition. Mentalement, c'est ce qu'il doit faire d'ailleurs. Dans l'improvisation, parfois, il plonge la tête dans le clavier, parfois il la redresse les yeux en l'air, parfois il balance. Les mouvements de son corps suivent ceux de son inspiration. Un moment de relâchement et nous applaudissons en douceur après l'improvisation.

Retour à Bach. Grâce, majesté et danse toujours. Traits vifs, légers. Là, il se rapproche du clavecin.

Maintenant, il improvise. Cela se voit en même temps que cela s'entend. C'est beau comme un chemin en montagne avec le soleil levant qui perce sous les arbres.

Silence non interrompu par des applaudissements. Les spectateurs n'ont pas répété leur prestation mais je nous félicite pour notre coordination spontanée. Nouvelle improvisation. Elle m'intéresse moins puisque j'entends à nouveau les bruits du bar. Si je suis vraiment captivé par la musique, mon cerveau efface automatiquement les bruits parasites.

Retour à Bach. Une source vive, toujours aussi rafraîchissante. Intarissable.

J'ai vu Dan Tepfer plonger la tête dans le piano à la fin du morceau. Je sais qu'il va créer et non plus interpréter. Et, en effet, un air vif, qui dévale comme un torrent de montagne (Dan Tepfer est aussi alpiniste et astronome) s'ensuit.

Une impro. Un glas sonne de la main gauche mais la main droit apporte la lumière de l'aigu.

Retour à Bach, à la vivacité, à la légèreté. C'est tellement lumineux et plein que cela me rappelle mon dîner seul en terrasse, au soleil couchant, à la maison d'hôtes du Belvédère de Baume les Messieurs (39) en juillet dernier.

Impro. Plus grave, plus lent que Bach. J'entends de nouveau le chant des glaçons au bar. Mauvais signe.

Dan repart sur un autre air rapide qui coule à jet continu. Pause.

Retour à Bach et à la lumière pour conclure. Fin brève et nette. En beauté.

Cette fois nous pouvons applaudir autant que nous le désirons.

PAUSE

La deuxième partie du concert était consacrée à des compositions de Dan Tepfer du temps du confinement pour cause de pandémie mondiale. Pour ma part, j'étais rassasié de beauté. Lectrices Baroques, lecteurs Jazz, la chronique est donc finie. Ces Inventions et Réinventions de Jean Sébastien Bach par Dan Tepfer en piano solo feront l'objet d'un album. Affaire à suivre.

Dan Tepfer était de retour au Sunside mercredi 5 octobre en duo avec Kristin Berardi (chant). Je n'y étais pas mais le concert a été enregistré par France Musique pour le d' Yvan Amar. Vous pouvez l'écouter selon votre bon plaisir, lectrices Baroques, lecteurs Jazz.


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