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Duende les sacrifiés de Sylvie le Bihan

Par Eirenamg


 

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On s'attache aux pas d'un adolescent Juan surnommé Juanito. Il quitte sa famille andalouse pour aller travailler comme cuisinier particulier pour Ignacio, un torero célèbre. Déraciné, loin de ses racines gitanes, il doit trouver de nouveaux repères. Ignacio l'accueille comme un fils puis l'embarque dans la ville de Madrid.

Dans cette ville avant-gardiste faite d’ombre et de lumière. Il côtoie Lorca, Dali et les avant-gardes de 27 avant la guerre civile. On suit le parcours de ce jeune garçon qui cherche à tenir droit, il va trouver sa raison de vivre Encarnación.

Encarnación la Argentinita, la danseuse, la femme libre qui hypnotise par ses yeux noirs et sa danse, son envie de vivre. Juan est fasciné par elle et s' attachera à son destin comme à celui du torero et de Garcia Lorca.

Le torero qui rêve de devenir un intellectuel de retrouver l'étincelle comme quand il est dans l'arène. Personnage complexe que comme Juan on apprend à aimer avec ses paradoxes.

Lorca rival, poète, Juan est admiratif de sa fougue, de sa liberté puis s'interroge sur ses paradoxes , ses combats. On a envie de le sauver de cette haine qui le poursuit.

Réflexion sur la folie humaine, la passion, les conventions, la malédiction, le duende. Loin de l'image d’Épinal de l'Espagne, l'auteur nous brosse ses contradictions, ses clairs-obscurs. Elle choisit le regard d'un exclu, d'un gitan, d'un cuisinier. Il ne réalise pas au départ ce qu’il se passe et devient le témoin puis l'acteur de l Histoire. Elle démontre l importance de la tradition, la tauromachie, la poésie, la musique.

Combat d'un idéal , d'une utopie face à la barbarie, quête d’amour absolu, coup du sort, Juan est parfois balloté par le sort, engoncé dans ses sentiments, naif, puéril,parfois fort, dur mais finalement fragile. L'auteure réussit à retranscrire une époque, la volonté de vivre, d'y croire, de protéger ceux qu'on aime. Elle décrit aussi la pauvreté, la violence, l'exil, le reniement, la douleur.

Mais paradoxalement ce roman n'est pas ténèbres, il a de la lumière dans l'amour, les liens des personnages, dans les valeurs et la fatalité qu'il porte. On est émue par leur sort qui mêle réalité et fiction, par cette lutte contre les ombres qui font écho à aujourd'hui.

Que reste-t-il à une personne quand tout s'effondre? La mémoire, l'amour et son passé qu'elle ne laisse pas mourir.

Donc écoutez les voix des personnages et laissez-vous aussi capturer par Juan, la Argentinita, Fréderico et découvrez votre duende.


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