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La condition pavillonnaire

Publié le 27 novembre 2022 par Lorraine De Chezlo
LA CONDITION PAVILLONNAIREde Sophie Divry 

Roman - 270 pages

Editions Notabilia - août 2014

Editions poche J'ai Lu - août 2015

Elle est jeune, elle est amoureuse. Elle se marie, elle s'épanouit. De Chambéry ils s'installent à Lyon. Elle travaille, elle tombe enceinte. Elle est mère, elle arpente le quartier pavillonnaire. Mais chaque jour, depuis tant de temps, il lui manque quelquechose pour se sentir complète, pour ne pas être cette desesperate housewife...

Elle ne s'appelle pas, à peine M. A., pas nommée, mais clairement assimilée à une Emma Bovary des temps modernes. C'est un livre puissant, fort, qui mêle en parallèle le roman, à travers la vie complète de cette femme que l'on va suivre au fil des époques, et l'analyse sociale, avec cette manière de décortiquer des us et coutumes, des conditions et des équipements totalement courants et devenus banals. Sophie Divry s'arrête souvent en chemin pour s'adonner à des dissections littéraires complètes.

Extrait :

"Par exemple, lancer une lessive : remplir le tambour de vêtements sales, choisir le programme numéro 6, « blanc et couleur », tourner la molette, appuyer sur le bouton marche, puis fermer la porte de la remise. Sans avoir besoin d’écouter, vraiment, tes oreilles entendent la succession des sons inarticulés du lave-linge ; cela commence par un glouglou clair d’eau qui le remplit, par le chuintement d’un moteur se mettant en marche, cela continue par un silence, puis par le tambour de la machine se mettant à tourner ; c’est le son familier du moteur joint au floc-floc des vêtements qui tapent à l’intérieur du tambour par phases d’une dizaine de secondes, suivies d’une pause, puis d’une nouvelle rotation, avec de temps à autre un clic, lorsqu’un bouton cogne sur le métal de la machine. »

C'est une plume grinçante qui court et dessine les contours d'une condition féminine contemporaine, d'un enfermement social en pavillon, d'un sourd désespoir presque indicible, né d'une petite musique qui revient, celle d'une saudade, de petits regrets...

Extrait :

« Car en entrant dans les conversations sur les œstrogènes et l’hormonothérapie se finissait le charme des maladies desquelles on se remet, de même s’éteignait l’étincelle dans le regard des hommes et partaient les enfants pour étudier en ville. Elle était à nu, la béance qui couvait en toi."

Génial roman.

L'avis de Kitty La Mouette - blog littéraire


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