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Histoire de la broderie, partie 4

Publié le 04 décembre 2022 par Anniecac @AnnieCdeParis

La broderie profane, signe de luxe – Avec l’Eglise, la cour du roi est le commanditaire le plus important des brodeurs. C’est d’abord à la cour que parviennent les informations sur les mouvements de la mode et là encore que se présentent les créations nouvelles. Partout où s’établissent princes ou monarques, s’ouvrent des ateliers.

Dès le Moyen Age, la broderie s’est imposée comme un luxe, soulignant la signification symbolique du costume. A l’époque de la chevalerie sont apparues les armoiries, dont les motifs chamarrés de couleurs éclatantes sont travaillés, avant d’être cousus sur le support, selon la technique de la broderie de rapport. Sous la dictée des seigneurs, les ouvriers réalisent les blasons, interdits aux roturiers, et qui ornent les oriflammes flottantes, au combat comme au tournoi.

La broderie profane est entre les mains des corporations, des brodeurs royaux exerçant dans les cours, et des autres, attachés aux familles riches et puissantes. D’après Monsieur de Saint-Aubin, dans L’Art du Brodeur, « il y a huit privilèges de brodeurs, indépendants de la communauté et seulement du ressort de la prévôté de l’hôtel, avec titre de brodeurs du roi suivant la cour, plus deux brodeurs du roi en charges particulières, pour les ouvrages de la couronne ; ces brodeurs du roi ont droit, quand leurs entreprises sont très pressées, de faire enlever par des hoquetons les ouvriers qui leur conviennent chez les maîtres ». Les ouvriers-maîtres acquièrent chèrement le droit de travailler dans telle ou telle ville, les corporations ne leur permettant pas toujours de s’établir là où ils veulent.

On donne une place particulière, dans la corporation, aux « faiseuses d’aumônières ». Les aumônières sont des accessoires du costume répandus pendant tout le Moyen Age. Celle du comte de Champagne, Thibaut IV dit « Le chansonnier », conservée dans le Trésor de la cathédrale de Troyes, en est un bel exemple. Elle représente le portrait d’un jeune Sarrasin, vêtu d’un manteau blanc, immolant un lion aux pieds de la reine Aliénor d’Aquitaine. Le Musée de Cluny possède plusieurs pièces intéressantes, dont l’une des plus connues figure être hybride jouant du tambourin, une harpie moitié femme, moitié oiseau et un homme barbu, qui symbolisent peut-être la vanité, la frivolité et l’avarice. Ces personnages ont été brodés sur toile, avant d’être appliqués sur un support de soie rouge et velours vert. Le Musée de la cathédrale de Sens expose également de belles aumônières et bourses à reliques.

A suivre

Source : « Autour du Fil », encyclopédie des arts textiles, 1988, Editions Fogtdal, Paris, volume 3

A lire sur le site : http://www.anniecicatelli.com


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