Magazine Société

Eguberri on - Joyeux Noël, avec Francis Jammes

Publié le 25 décembre 2022 par Francisrichard @francisrichard
Crèche de l'église Saint Jean-Baptiste, à Saint Jean-de-Luz

Crèche de l'église Saint Jean-Baptiste, à Saint Jean-de-Luz

Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire? 

Luc, 13, 15

Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas.

Isaïe, 1, 3

Le boeuf et l'âne auraient réchauffé l'enfant-Jésus de leur souffle dans sa crèche, ce que ne mentionnent pas les évangiles.

Ces deux braves bêtes sont discrètes1. L'une symboliserait le peuple juif attaché à la loi, l'autre, docile, les Gentils.

C'est en tout cas sur un ânon, monture royale, que Jésus est entré triomphalement dans Jérusalem le jour des Rameaux.

À quelques dizaines de kilomètres de là où je me trouve, à Hasparren, un autre Francis, Francis Jammes, a fini ses jours.

Il m'est doux, comme l'âne qui marchait le long des houx évoqué par ce poète, de reproduire ci-après, le poème où il parle d'eux.

C'est ma modeste façon de dire merci à mes lecteurs et de leur souhaiter Joyeux Noël, c'est-à-dire Eguberri on en basque. 

Francis Richard

On dit qu'à Noël

On dit qu’à Noël, dans les étables, à minuit,
l’âne et le bœuf, dans l’ombre pieuse, causent.
Je le crois. Pourquoi pas ? Alors, la nuit grésille :
les étoiles font un reposoir et sont des roses.

L’âne et le bœuf ont ce secret pendant l’année.
On ne s’en douterait pas. Mais, moi, je sais qu’ils ont
un grand mystère sous leurs humbles fronts.
Leurs yeux et les miens savent très bien se parler.

Ils sont les amis des grandes prairies luisantes
où des lins minces, aux fleurs en ciel bleu, tremblent
auprès des marguerites pour qui c’est dimanche
tous les jours puisqu’elles ont des robes blanches.

Ils sont les amis des grillons aux grosses têtes
qui chantent une sorte de petite messe
délicieuse dont les boutons d’or sont les clochettes
et les fleurs des trèfles les admirables cierges.

L’âne et le bœuf ne disent rien de tout cela
parce qu’ils ont une grande simplicité
et qu’ils savent bien que toutes les vérités
ne sont pas bonnes à dire. Bien loin de là.

Mais moi, lorsque l’Été, les piquantes abeilles
volent comme de petits morceaux de soleil,
je plains le petit âne et je veux qu’on lui mette
de petits pantalons en étoffe grossière.

Et je veux que le bœuf qui, aussi, parle au Bon Dieu,
ait, entre ses cornes, un bouquet frais de fougères
qui préserve sa pauvre tête douloureuse
de l’horrible chaleur qui lui donne la fièvre.

1897

(in De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir)

1 - Si l'âne et le boeuf sont bien là, derrière Marie et Joseph, ils ne figurent pas sur la photo que j'ai prise ce matin à l'issue de la messe de 10h30 dans l'église Saint Jean-Baptiste de Saint Jean-de-Luz.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine