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Léon Blum: immoraliste ou progressiste?

Publié le 15 août 2008 par Josephanganda

Léon Blum: immoraliste ou progressiste?

Dans son livre "Du mariage" paru en 1907, il revendiqua pour les filles la même liberté sexuelle pré-maritale que pour les garçons. A l'occasion de l'annulation d'un mariage à Lille, ses idées refont surface sans faire unanimité pour autant.

Avant mariage...


Il tira son inspiration d'une pièce de Théâtre "Amoureuse" (1891) de Georges de Porto-Riche et du roman de Marcelle Tinaye "Avant le mariage" (1896), traitant tous les deux de la misère sexuelle de la femme dans le mariage. Il part d'un constat personnel que "l'homme et la femme sont d'abord polygames puis, dans l'immense majorité des cas, parvenus à un certain degré de leur développement et de leur âge, on les voit tendre et s'achever vers la monogamie. Les unions précaires et changeantes correspondent au premier état; le mariage est la forme naturelle du second".
L'expérience d'amour physique est la condition nécessaire du passage au mariage, puisque la fille aura été éveillée au plaisir sans risque de grossesse et le jeune homme aura fait une expérience avec une maîtresse protectrice et maternelle ménageant ses pudeurs et ses gaucheries. Autrement dit, l'apprentissage sexuel prépare à la monogamie, au bonheur charnel et moral dans le mariage et réduit l'adultère. Puisqu'avant de franchir cette étape, "l'homme ou la femme aura connu la passion, les plaisirs et les déceptions et que l'instinct aura perdu sa puissance".

Virginité? Non merci


Il s'opposa à la sacralisation du couple et à l'abstinence sexuelle tant chez l'homme que chez la femme. Maintenir la fille à l'état "d'une oie blanche" jusqu'à la nuit des noces, c'est retarder son éveil au désir et, de ce fait, lui causer un préjudice de répression pouvant la conduire à "l'obsession fatigante". "Je veux que les jeunes filles cèdent franchement à l'instinct, qu'elles aillent au bout de leurs désirs, qu'elles se donnent quand il leur en vient l'envie, mais je hais (....) que la crainte tienne lieu de chasteté".

Pas de vraie sexualité sans égalité

Pour Léon Blum, il n'existerait une bonne sexualité sans égalité. Dans sa conception, la sexualité est perçue comme une rencontre de deux désirs actifs, et le mariage comme le fait d'un choix libre de chaque partenaire. A ce titre, il n'exclut pas la possibilité de divorce par consentement mutuel. Dans le même ordre d'idées, il ajoute "qu'on choisira librement les formes de la maternité, on choisira le moment avec qui l'on préfère avoir des enfants, et qui quelquefois ne sera pas ni l'amant qu'on aura le plus aimé, ni le mari avec qui l'on veut finir sa vie".

Par ailleurs, il propose que les jeunes filles aient le pouvoir économique et l'autonomie. "Alors, les jeunes filles, gagnant leur vie, ne vivront ni chez leurs parents ni chez leur amant, mais chez elle. Elles seront franches de leurs rapports avec les hommes, vécus dans l'égalité et la liberté, sans fausse honte ni coquetterie. Les enfants seront désirés, car la procréation sera transformée en un acte volontaire et réfléchi".

A cette époque, ce livre provoqua une grande polémique et suscita beaucoup de détracteurs à son auteur qui essuya des critiques teintées d'anti-sémitisme. Pour les milieux littéraires, ce livre qualifié de brûlot scandaleux était susceptible de dépraver les mœurs et de favoriser les unions libres au détriment du mariage en tant qu'institution fondée sur les règles traditionnelles et stables.Pour les autres, les idées de Léon Blum étaient contraires à la Bible et s'opposaient au sacrement de mariage institué par Dieu, détournant la sexualité de sa vocation première: la création de la famille et non un simple objet de plaisir.

Pour certains encore, ses idées dévaluaient l'amour, vrai antidote de l'adultère, etque la vie au mariage ne se résume pas qu'à la sexualité.

Joseph Anganda, animateur radio


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