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Suicide de Phil Ochs: Bob Dylan responsable?

Publié le 15 août 2008 par Josephanganda
Suicide de Phil Ochs: Bob Dylan responsable?Phil Ochs, protest singer de sixties, adorateur de Bob Dylan, se suicide le 9 avril 1976 dans la salle de bains de sa soeur. Acte deséspéré d'un adorateur déçu ou martyr de sa cause?

Phil Ochs est un ancien étudiant en journalisme de l'Université de Ohio qui abandonne ses études pour se consacrer corps et âme à la vie militante. Son père, Jacobs Ochs, est ce juif qui, n'ayant pas obtenu une place aux Universités américaines suite au numerus clausus, s'expatrie vers l'Angleterre pour faire ses études. A l'éclatement de la Deuxième Guerre, Jacob Ochs, déjà médecin, est mobilisé, mais il en revient brisé, lourdement maniaco-dépressif et solitaire. Effet néfaste des horreurs du combat. Il finira ses derniers jours à l'asile.
Vide affectif et idoles

Phil Ochs comble ce vide paternel par les idoles : John Wayne, Marlon Brando, James Dean, Elvis Presley et par Bob Dylan.
Par son camarade de campus, Jim Glover, il découvre les protest singers Woody Gutrie, les Weavers, Pete Seeger et l'idéolgie marxiste. Lorsqu'il rencontre Bob Dylan à Greenwich Village en 1962, il a déjà une pensée contestataire, et celui-ci devient son ami, son idole tant qu'il incarne le mouvement de protestation de sa génération. « Faut-il voir dans la fragilité de son propre père cette propension de Phil à chercher des modèles, des idoles à la lumière desquels il semble à la fois se chauffer et se consumer », s'interrogent Yves Delmas et Charles Gancel.
Avec Bob Dylan, une relation inégale et ambigue

En tout cas, sa relation avec Bob Dylan est faite d'un investissement inégal et ambigu. Il se veut proche de lui et entretient à son égard une confiance presqu'absolue. Quand ce dernier déserte les rangs de la contestation et fait face à de virulentes critiques, il le défend sans réserve. Mais Bob Dylan, indifférent, prend ses distances.
Déçu, Phil Ochs tente de l'imiter afin d'animer le mouvement de protestation qui s'essouffle faute de leader charismatique. Mais, le succès n'est pas au rendez-vous. Désespéré, il se rapproche au mouvement hippie de Jerry Rubin et d'Abbie Hoffman, et - un peu comme pour fuir cette triste réalité - il fait une évasion vers l'Afrique en 1974, au risque de sa vie. Il reverra Bob Dylan à quelques occasions, notamment au cours d'une soirée où ce dernier recrute pour sa future tournée la "Rolling Thunder Review'. A propos de cette soirée, Patti Smith dit que « Phil était fou. Phil Ochs...Je ne pouvais pas y croire. Ces deux-là...C'était comme s'il y avait eu un nœud coulant au milieu de la pièce et ils tournaient, chacun essayant d'amender l'autre à se pendre » Phil Ochs s'en trouvera défait, seul et profondément dépressif.
Sa sœur résume la situation : « Dylan et mon frère avaient une relation amour-haine. Les retours que j'ai eus sont que Dylan devait être supérieur à tout le monde et parfois il marchait sur Phil pour s'élever un peu. Si vous descendez quelqu'un, vous avez le sentiment de monter un peu....Et Phil pardonnait tout. C'était destructeur pour Phil de vénérer Dylan, parce que Dylan n'était pas quelqu'un de bien. Je pense qu'il détruisit simplement Phil ; en fait je pense qu'il était cruel. Lorsque nous avons organisé l'hommage à Phil, beaucoup de gens étaient invités, et Dylan l'était, contre ma volonté. Il n'a jamais, jamais répondu »
D'autres sources tiennent également Bob Dylan pour un des responsables indirects de la mort de Phil Ochs, mettant en avant sa jalousie et son indifférence à l'égard de son très sympathique adorateur.
Ceci étant, il ne serait pas sans intérêt de prendre en ligne de compte la fragilité psychologique de Phil Ochs dûe au vide parental et le poids de sa cause.
Joseph Anganda, animateur radio

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