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Ile Maurice : la fièvre du texto

Publié le 16 août 2008 par Arthurdev

Annie Ramsamy est une virtuose du clavier. Pas pianiste pour un sou, elle pianote pourtant plus vite que son ombre. Téléphone mobile en main, ses doigts s’affolent sur les touches et composent des mots, ou des semblants de mots, à une allure vertigineuse. Question d’expérience «Pas un jour ne passe sans que je n’envoie des dizaines de textos», raconte cette employée d’ un magasin touristique de Curepipe.

Sourire aux lèvres, elle avoue d’ailleurs être accro. «Je me sens extrêmement mal à l’aise quand je n’ai plus de sous sur mon téléphone. Je suis prête à tout pour le recharger en unités.» Pourtant, confie Annie, les SMS (Short Message Service) qu’elle envoie n’ont rien d’important. «La plupart du temps c’est, pour parler de la pluie et du beau temps.»

La dépendance d’Annie semble par ailleurs gagner de plus en plus de Mauriciens. Selon le dernier rapport du Central Statistics Office (CSO), sur les Technologies de l’information et de la communication (TIC), en 2007, 880, 6 millions de SMS ont été échangés l’année dernière. Une hausse de 19,3 % par rapport à 2006 où 783,3 millions de textos avaient été envoyés. En 2005, 335,5 millions de SMS avaient été écrits et envoyés.

Une vraie manne pour les opérateurs de téléphonie mobile. Pour l’année 2007, la manie des SMS a rapporté 528,4 millions aux caisses des compagnies de téléphonie mobile.Ce chiffre reflète la hausse constante dans la vente des abonnements. Toujours selon le CSO, en 2007, les opérateurs ont séduit 20,2 % d’abonnés en plus que l’année précédente.

Fin décembre, il y avait ainsi 928 600 cartes SIM en activité. Pas mal pour une population de 1,2 millions , même s’il faut prendre en considération qu’un usager peut posséder plusieurs cartes SIM.

En 2000, il y avait environ 130 000 abonnements en opération. Depuis, la hausse a été constante. «Les plus actifs sont surtout les 15 à 20 ans. Pour eux, le SMS est le moyen le plus facile de rester en contact avec leurs amis. Passée la barre des vingt ans, avec l’entrée dans la vie active, l’envoi de SMS régresse. En résumé, on peut dire que plus une personne gagne en âge, moins elle envoie de textos», explique-t-on chez Emtel.

Maurice ne fait que suivre la tendance mondiale. L’utilisation du mobile, sous toutes ses formes est en hausse constante. Pas étonnant dans ce cas que le nombre de textos ne grimpe en flèche. A savoir qu’à chaque minute, 50 000 SMS sont échangés dans le monde.

Cet état des choses attise d’ailleurs la gourmandise de certains. Quel meilleur moyen de toucher le consommateur que d’aller chercher au fond de sa poche ? Même si, à Maurice, la manne n’est pas encore exploitée, les petits slogans publicitaires envoyés sur les mobiles sont légion dans d’autres pays.

Ainsi, au Canada, un opérateur français a récemment testé la publicité insérée dans les SMS en partenariat avec la société californienne Amobee Media Systems, spécialisée dans la publicité sur mobile. Et surprise, d’après les résultats, le test se révèlerait très positif «en termes de taux d’acceptation, de qualité de service, de taux de clics, de volume d’inventaire et d’impact sur la perception des marques».

En conséquence, l’opérateur considère la possibilité de généraliser le système à l’ensemble des abonnés de cet opérateur. La publicité, insérée dans la partie non utilisée du SMS, se présenterait alors sous forme d’un clic vers un site mobile ou d’un clic pour déclencher un appel ou bien pour télécharger du contenu.

De plus, il serait vraisemblablement possible d’adapter la nature des publicités à la zone géographique et à l’heure de réception du message. En outre, l’opérateur téléphonique disposant d’informations personnelles sur l’abonné, l’offre publicitaire pourrait être hyper-ciblée.

Il faut dire qu’avec un volume de SMS interpersonnels, en hausse au premier trimestre 2008 (de 52,8 % en un an, ce qui donne 6 731 millions de textos échangés en France, soit 40 SMS envoyés en moyenne par client et par mois), l’impact de la publicité pourrait être énorme.

D’ailleurs, selon Zohar Levkovitz, P-D.G d’Amobee Media Systems, «Des milliards de SMS sont envoyés et reçus chaque jour, cela dépasse largement l’impact de tous les sites Internet, TV, radio et journaux. Aucun média autre que le SMS n’atteint une telle audience dans sa globalité».

Article de Patrick Hilbert initialement publié le 14/08/08 dans le journal mauricien L’Express. Disponible sur AllAfrica.

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