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Course: Madjik ou l'incertitude de Julien Cabocel

Par Eirenamg

cabocel

Ce 2e roman de Julien Cabocel, met en scène les invisibles du capitalisme, les livreurs à vélo Madjik, Lo et Diesel, une chauffeuse VTC, un homme de ménage réfugié syrien Bassem entre autres. Madjik lui voit ce boulot de coursier comme une chance, une performance, il s’en amuse en faisant la course, le narrateur lui en fait des vidéos sur les réseaux. Il a lâché ses études de jeux vidéos et se sent plus libre.

On apprend peu à peu à connaître les personnages, des personnages qui semblent au départ être sur des trajectoires différentes, mais qui tous vont se croiser au cours de la nuit, on assiste à leurs questionnements sur leur vie, leurs choix. On remonte parfois leur fil de vie compliquée comme la passagère du VTC Kristell engluée dans le ressentiment avec son père. On découvre leurs ressorts et leurs espoirs.

J’ai apprécié l’écriture cinématographique de l’auteur,on a l’impression d’assister à des minis courts métrages,dans la nuit de Paris. Il nous montre en creux notre société de la notation, la scène à l’aéroport est marquante pour cela,  celle de l’exploitation de la force et de la jeunesse de ces livreurs. Mais aussi la déliquescence de l’hôpital public, la volonté de s’échapper de la misère.  L’amour et l’amitié ne sont pas exempts des relations entre les personnages ainsi que la violence à travers le destin d’un des personnages.Peu  à peu comme un enquêteur, on reconstitue le fil de leurs histoires, on les voit se croiser, le rythme au départ lent s’emballe et on sent monter l’urgence.Une histoire bien construite, qui retranscrit  notre monde moderne, des instantanés de vie qu’on n’a pas envie d’oublier une fois le livre refermé et une fin inattendue.

Un 2e roman qui confirme tout le bien que je pensais de l’univers de l’auteur après un 1er roman inclassable et poétique Bazaar, il plonge dans le réalisme plus contemporain, la dénonciation tout en gardant une veine poétique et cinématographique. Il donne matière à réfléchir sur notre société qui a besoin de services qui exploitent l’autre, qui n’est plus capable d’attendre. Une société qui est dure avec les faibles, qui oublie parfois que la vie est éphémère.

Madjik ou l’incertitude c’est le temps d’une pause, d’une course du début de la prise en charge à la fin, on finit surpris et le cœur battant.Rendez-vous au prochain roman M. Cabocel.


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