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A star is morne

Publié le 06 avril 2023 par Morduedetheatre @_MDT_
A star is morne

Critique de Une Etoile, d’Isabelle Le Nouvel, vu le 1er avril 2023 au Théâtre Montparnasse
Avec Macha Méril, Marc Citti, Laurent d’Olce, et Claire Magnin, dans une mise en scène de Stefan Druet Toukaieff

Tout part d’une petite anecdote rigolote. J’ai reçu, la même semaine, deux réactions aux quelques lignes écrites sur Une Étoile dans ma sélection des spectacles à voir à Paris en 2023. J’y avais inscrit le spectacle, en précisant que j’aimais beaucoup l’un des comédiens, Marc Citti, mais que j’avais du mal avec l’écriture d’Isabelle Le Nouvel – et donc que j’hésitais encore un peu. Et les deux intéressés m’ont écrit, à quelques jours d’écart, l’un un mot charmant pour me proposer de venir, l’autre un mot bien moins charmant et bien plus agressif pour me demander qui j’étais pour oser juger ainsi son écriture. Il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour me décider à venir voir le spectacle. Un premier avril, en plus, je trouve ça génial.

Lena est une ancienne danseuse étoile qui vit seule depuis la mort de son mari, un célèbre artiste de music-hall. Elle reçoit la visite de son fils Paul, et on comprend assez rapidement que ce genre de visite n’arrive pas souvent. Leurs échanges nous en apprennent davantage sur le quotidien de Lena, qui reçoit depuis quelques temps la visite hebdomadaire d’un journaliste qui rédige à la fois une biographie sur son mari et un article sur elle. Mais plus le spectacle avance et plus on perçoit des petits signaux d’alerte : à quel point les souvenirs évoqués par Lena sont-ils raccords avec la réalité ?

Alala. Vous savez, non seulement je commence à bien me connaître, mais je commence à bien connaître le microcosme théâtral parisien dans lequel j’évolue depuis un petit moment maintenant. Et quand je pense qu’un spectacle n’est pas pour moi, il est rare que je me trompe. Et là j’avais visé juste… en partie. Comme je le pensais, l’écriture d’Isabelle Le Nouvel n’est toujours pas ma tasse de thé. Cette espèce de déconstruction fabriquée m’évoque Zeller – et je n’ai jamais aimé son écriture non plus, pas de chance – mais un Zeller vieillot et mélodramatique. Ça manque de vie, ça manque de panache, ça manque d’ardeur et de nécessité ! C’est une pièce qui se voudrait profonde mais qui reste en surface, en essayant de maintenir un semblant de mystère jusqu’à la fin avec une espèce de tension artificielle qui ne prend pas. Non, vraiment, rien à faire, pas ma came.

Ce que je n’avais pas anticipé en revanche, c’est la qualité de jeu qui est proposée. Je découvrais Macha Meril, et je dois dire qu’elle donne à Lena toute la consistance et le relief possible. Elle la fait exister au-delà des mots, elle lui donne un passé qu’on lit dans son regard, qui a quelque chose d’à la fois nostalgique et très enfantin. Il est beau ce regard, il est doux et digne, légèrement ailleurs. Le duo qu’elle forme avec Marc Citti fonctionne bien. Ils défendent leurs personnages avec une vraie envie, ça se sent, et tant mieux. Ils ont tous les deux une approche très différente des cassures liées à la déconstruction du texte, elle dans une douce fluidité, lui dans une brutale colère. Ça met du rythme et ça permet de nous maintenir à flot.

Je ne peux même pas dire que je suis déçue, car c’est à peu près ce à quoi je m’attendais…

♥


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