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Une trop bruyante solitude - Bohumil Hrabal

Par Zorglub

Une trop bruyante solitude - Bohumil HrabalPrésentation de l’éditeur :
Une trop bruyante solitude, d’abord diffusé en 1976 à Prague sous forme de "samizdat" (publication clandestine), est sans doute le livre qui a valu au grand écrivain tchèque le plus de notoriété. Majestueux cri de révolte lancé à l’assaut des sociétés totalitaires, l’histoire du narrateur, ouvrier dans une usine de vieux papiers destinés au recyclage, n’est pas sans faire penser - mutatis mutandis - au 1984 d’Orwell. Car notre héros, instruit presque malgré lui par la lecture des ouvrages interdits destinés au pilon (la Bible, le Talmud, les écrits de Lao-tseu entre autres), va faire renaître ces chefs-d’œuvres sous la forme d’une autre œuvre d’art (qui n’est pas sans rappeler les travaux d’un Jiri Kolar) : les pages broyées sont transformées en balles de papier décoratives ! Divers incidents et personnages tragicomiques viennent émailler cette fable sensible et émouvante qui invite le lecteur à une aimable réflexion sur le moderne, digne à la fois de nos philosophes des Lumières et des meilleurs esprits libertins.

Un merveilleux petit livre, allégorie des autodafés pendant la seconde guerre mondiale et des pays totalitaires, avec plein de poésie, d’humour, de personnages et de situations savoureuses. C’est aussi une réflexion sur l’Art : la destruction de l’Art peut-elle engendrer de l’Art ?

«[…] je ne sais pas distinguer les idées qui sont miennes de celles que j’ai lues. […] car moi, lorsque je lis, je ne lis pas vraiment, je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon, je la sirote comme un petit verre de liqueur jusqu’à ce que l’idée se dissolve en moi comme l’alcool ; elle s’infiltre en moi si lentement qu’elle n’imbibe pas seulement mon cerveau et mon coeur, elle pulse cahin-caha jusqu’aux racines de mes veines, jusqu’aux radicelles de mes capillaires. »

«[…] tous les inquisiteurs du monde brûlent vainement les livres : quand ces livres ont consigné quelque chose de valable, on entend encore leur rire silencieux au milieu des flammes, parce qu’un vrai livre renvoie toujours ailleurs, hors de lui-même. »

« Un après-midi, on m’apporta des abattoirs un plein camion de papiers et de cartons sanguinolents, des caisses bondées de ce papier que je ne pouvais pas souffrir a cause de son odeur douceâtre et puis je détestais être couvert de sang comme un tablier de boucher. Pour me venger, je glissai dans le premier paquet l’Eloge de la folie d’Erasme de Rotterdam, dans le second je déposai pieusement le Don Carlos de Schiller et, pour que le verbe aussi se fasse chair sanglante, je plaçai grand ouvert dans le troisième paquet l’Ecce Homo de Friedrich Nietzsche. »

Editions  Robert Laffont / Pavillons poche - 120 pages


tags:Bohumil Hrabal, Livre

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