Le meurtre du Docteur Vanloo

Quatrième de couverture :

Fontenal, paisible bourgade de l’Ardenne belge, fin juin 2018. Alice Brasseur, la femme de ménage, découvre le corps sans vie du docteur Vanloo. Chirurgien, Vanloo exerçait à Luxembourg, on le voyait peu. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il vivait seul et multipliait les conquêtes. 
Chargé de l’enquête, le commissaire Demaret ne s’en laisse conter ni par la juge d’instruction ni par la substitute du procureur, toutes deux déterminées – l’une pour ne pas gâcher ses vacances, l’autre pour faire avancer sa carrière – à clore cette affaire au plus vite. Lui a sa méthode, la méthode du rond-point : il essaie toutes les sorties jusqu’à trouver la bonne. Chacune va le conduire à un des couples liés à la disparition de Vanloo, non seulement dans le village mais jusqu’à Bruxelles où le mort avait une toute jeune épouse dont personne n’a jamais entendu parler. Autant de couples, autant de secrets et de faux semblants, d’où le commissaire devra dégager la vérité. Mais y est-il prêt ?

Voici le dernier crû d’Armel Job, je l’ai trouvé savoureux à souhait, comme toutes les bonnes choses à manger et à boire que l’on voit défiler dans le roman, que ce soit dans la cuisine familiale d’une ferme ou dans le restaurant gastronomique du coin. On n’est pas loin du Luxembourg, au début de juillet, on se projette sans problème dans ce petit village imaginaire de Fontenal, en Ardenne, où le presbytère était occupé par un médecin bruxellois qui travaillait au Luxembourg. Il vient de se faire larder de coups de couteau et sa mort sera l’occasion de découvrir que le type n’était franchement pas sympathique : il multipliait les aventures féminines et avait caché à tous qu’il était marié à une très jeune femme du Brabant wallon. Et encore, ce n’est qu’une des facettes sombres du personnage.

Au cours de l’enquête entreront en lice un commissaire expérimenté qui utilise la méthode du rond-point (on ne tourne pas en rond, on prend une sortie après l’autre et on y vérifie toutes les hypothèses jusqu’à soit tomber dans une impasse, soit trouver une piste sérieuse), une juge d’instruction paternaliste pressée de partir en vacances et une jeune substitute du procureur prête à se faire les dents sur son premier meurtre. Les suspects possibles ? Le vétérinaire très apprécié du coin et sa femme, un paysan marié lui aussi à une femme plus jeune, le beau-père de la victime champion des apparences parfaites (ce personnage-là est une grande réussite dans la galerie d’Armel Job).

Comme toujours, l’auteur campe une situation, une ambiance, un personnage de quelques phrases bien tournées, éclatantes de piquant et de finesse. Le lecteur reçoit de l’auteur plusieurs clés qui lui donnent une vue d’ensemble plus large que celle de chacun des protagonistes mais comme toujours, le suspense est maintenu jusqu’au bout et bien malin qui pourrait deviner comment se passera réellement la fin de l’enquête…

« La cuisine où se tient Lynn réunit tout ce qu’une femme pourrait convoiter, à supposer que les convoitises d’une femme se résument à celles du catalogue des cuisines Krëfel. » (p. 48)

« Dans une enquête criminelle, surtout si le meurtre a été découvert le lundi, le vendredi aussi compte plus que les autres jours. Les enquêteurs, les magistrats ne sont pas pétris d’une pâte autre que celle du commun des mortels : ils aspirent au repos hebdomadaire. Personne n’a envie de rester sur la brèche le samedi ou le dimanche. En particulier si l’anticyclone des Açores semble disposer à réfuter jusqu’à la fin du weekend l’horrible réputation du climat ardennais. » (p.262)

« Jamais il n’avait encore imaginé qu’une femme puisse vouloir faire le bonheur d’un homme en l’aidant à retrouver son épouse infidèle. Dans le cœur des humains, un flic découvre toutes sortes de bizarreries que même un romancier n’oserait écrire, surtout de nos jours. » (p. 291)

Armel JOB, Le meurtre du Docteur Vanloo, Robert Laffont, 2023

Le Mois belge 2023 – Aujourd’hui, c’est le match Amélie Nothomb – Armel Job.