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L'avenir du périph' parisien en question

Publié le 24 avril 2023 par Sylvainrakotoarison

" La raison d'être de ce boulevard périphérique est d'améliorer la circulation dans la région parisienne, et en particulier aux limites de Paris. Cet objectif est déjà largement réalisé. " (Pierre Messmer, le 25 avril 1973).
L'avenir du périph' parisien en question
Il y a exactement cinquante ans, le 25 avril 1973, le Premier Ministre de l'époque, le général gaulliste Pierre Messmer a inauguré en grandes pompes le dernier tronçon du boulevard périphérique de Paris, qui va de la Porte Dauphine à la Porte d'Asnières. D'un coût de 2 milliards de (nouveaux) francs de l'époque, ce chantier a mis près d'une vingtaine d'année à se réaliser. La décision du premier tronçon date du 23 décembre 1954 et les travaux du premier tronçon ont commencé en 1957 (entre la Porte d'Italie et la Porte de la Plaine, inauguré le 12 avril 1960).
Avec les voies sur berge pour traverser Paris d'ouest en est, le boulevard périphérique, que j'appellerai par la suite, en bon Parisien, le périph', a été une infrastructure essentielle pour contourner la capitale intra-muros sans embouteiller les quartiers vivants de Paris. Le problème est que la structure étoilée (provenant d'une excessive centralisation française) tant des routes franciliennes que nationales fait que tout converge vers le centre de Paris. Structurer en anneaux était donc essentiel.
Le périph' est une boucle de 35 kilomètres d'une largeur d'environ 35 mètres, la plupart du temps à quatre files (entre deux et six files), avec une hauteur maximale de 4,75 mètres et cette particularité que les voitures arrivant sur les bretelles d'entrée à droite ont la priorité sur celles déjà sur le périph' (au contraire de nos actuels ronds-points). Il entoure l'ensemble de la ville de Paris intra-muros à l'exception, à l'est et à l'ouest, du Bois de Vincennes et du Bois de Boulogne, et au sud, de l'héliport de Paris, généralement en suivant le tracé des anciennes fortifications. Viaducs (pour franchir la Seine et les voies de chemin de fer), tunnels, couvertures, protections phoniques, de nombreux ouvrages ont été nécessaires pour le réaliser. Les couvertures ont pour but de réduire la discontinuité urbaine entre la ville de Paris et les communes limitrophes (certains ouvrages ont été réalisés récemment, du côté de la Porte de Vanves par exemple, dans les années 2000).
En outre, le périph' comporte 54 kilomètres d'échangeurs et de bretelles (6 échangeurs, 156 bretelles) et 112 caméras de surveillance, et est associé à 5 centres commerciaux.
L'avenir du périph' parisien en question
Depuis le 10 janvier 2014, la vitesse est limitée à 70 km/h et plusieurs radars automatiques veillent à son respect. Auparavant, à partir du 27 juillet 1993, la vitesse maximale autorisée était de 80 km/h. Avant encore, la vitesse était limitée à 90 km/h mais il n'était pas rares, dans les années 1980, de voir des véhicules dépassant allègrement les 120 voire 150 km/h (surtout la nuit ; certains motards s'amusaient même à contre-sens la nuit), alors qu'aux heures de pointe, les jours de la semaine, le matin entre 8 heures et 9 heures et le soir entre 17 heures 30 et 19 heures, les bouchons sont très nombreux. La vitesse moyenne sur le périph' était de 35,5 km/h en 2017 alors qu'elle était de 46,5 km/h en 1996 (avec toutefois un changement de mode de calcul en 2002, ce qui rend les comparaisons difficiles même si on peut dire que la tendance, très logiquement, est à la baisse avec la réduction de la vitesse maximale autorisée et l'implantation des radars automatiques).
Pour désengorger le périph' ainsi que la petite ceinture, deux autres rocades périphériques franciliennes ont été construites par la suite, l'autoroute A86 (dont la partie ouest est payante car en tunnel), totalement achevée le 9 janvier 2011, distante de 2 à 7 kilomètres du périph', reliant Saint-Denis, Bobigny, Nogent-sur-Marne, Créteil, Antony, Versailles et Nanterre, ainsi que, pour la grande ceinture, l'autoroute A104 également appelée la Francilienne (dont la partie nord-ouest est manquante et programmée pour 2035 au plus tôt) et les nationales N184, N104 et N118, distantes d'environ 30 kilomètres de Paris, reliant Cergy-Pontoise, Roissy, Marne-la-Vallée, Évry, Les Ulis et Vélizy-Villacoublay.
Depuis quelques années, le périphérique parisien est devenu l'objet de nombreuses supputations, jusqu'à ce projet de Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande ayant eu des velléités d'être candidat à la mairie de Paris en 2020, qui a proposé en 2018 carrément de détruire le boulevard périphérique, un projet approuvé par le géographe Cédrick Allmang le 13 novembre 2018 dans "Les Échos", qui y voyait un moyen de réconcilier Paris et la métropole : " Cette idée, loin d'être un fantasme ou un coup médiatique, s'appuie sur une conception solide, raisonnée et visionnaire de l'espace parisien. Comme tout territoire, l'agglomération parisienne s'organise autour d'une trilogie géographique : l'espace concret, l'espace représenté et l'espace rêvé. L'espace concret est celui du quotidien, de la salubrité, de la sécurité, de l'accès aux services. L'espace représenté est celui du groupe social (banlieusard, titi, bobo...), de ses codes et de sa perception des formes urbaines. Il est important car il oriente les pratiques de la ville. L'espace rêvé est celui qui permet le compromis avec le monde concret, celui vers lequel on se projette, avec sa famille. (...) ".
Moins révolutionnaire, la maire de Paris Anne Hidalgo souhaiterait ouvrir le périph' pour en faire une véritable voie urbaine, réduire l'accès aux camions, réduire l'accès aux voitures, réserver une voie aux taxis, aux transports en commun, aux voitures de covoiturage, etc. Les élections municipales de 2020 et les élections régionales de 2021 ont beaucoup porté sur ce thème, la présidente (réélue) du conseil régional d'Île-de-France Valérie Pécresse en a fait même un engagement de campagne, rappeler que le périph' sert surtout aux Franciliens qui n'habitent pas à Paris mais dans la banlieue, obligés de se déplacer selon cette architectures étoilées des routes et des lignes de transports en commun.
Un quart des déplacements parisiens s'effectuent sur le périph'. Selon l'institut de recherche Forum vies mobiles, le périphérique parisien était, en 2019, la route la plus fréquentée d'Europe avec 1 million de véhicules l'empruntant chaque jour, comptant moins de 20% d'usagers parisiens et 40% des trajets se faisant de banlieue à banlieue. L'avenir du périph' ne devrait donc pas être une affaire de la ville de Paris mais au moins celle de la région Île-de-France voire du pays tout entier.
La région Île-de-France avait organisé à la fin de l'année 2021 une consultation en ligne qui a conclu que 90% des 79 000 participants étaient fermement opposés à la suppression d'une voie sur le périph', déjà que le trafic est souvent saturé pendant les jours de la semaine.
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Toutefois, Anne Hidalgo, dans la perspective à la fois des Jeux olympiques de 2024 à Paris (la voie réservée sera dédiée aux athlètes), mais aussi celle d'un horizon semi-lointain, 2030, a organisé, de son côté, une autre consultation sur Internet qui a débuté le lundi 17 avril 2023. Cette consultation (à laquelle même des non-Franciliens peuvent participer) est bidon dans la mesure où la décision de dédier une voie complète a déjà été prise par la municipalité en place. La question reste plutôt : pour qui cette voie dédiée ? Alors que la vraie question devrait être : écologie ou économie ? Emmanuel Macron s'exprime sur l'Ukraine et sur la pénurie d'essence : nous devons nous serrer les coudes !
Vu que la majorité municipale actuelle, socialo-écolo-bobo, a déjà interdit la voie sur berge aux voitures, pourtant seul moyen de traverser Paris d'ouest en est sans polluer les quartiers de Paris, d'abord en la réservant aux piétons le dimanche puis définitivement tous les jours, il n'est pas inutile de s'inquiéter de voir à moyen terme le périph' devenir une promenade piétonnière pour les Parisiens ne manquent de sensation forte, à défaut de Paris Plage. Quant aux automobilistes, il ne leur reste plus qu'à aller méditer en enfer leur sentiment de culpabilité d'exister et de devoir se déplacer.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (23 avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu
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L'avenir du périph' parisien en question
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230425-paris-peripherique.html
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/l-avenir-du-periph-parisien-en-247740
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/04/25/39889009.html


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