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Chroniques d’un anthropologue au Japon (68)

Publié le 26 avril 2023 par Antropologia

Itinéraire d’un enfant gâté

Le film de Lelouch n’étant sorti ni en Laserdisc ni en DVD au Japon, j’avais décidé l’année dernière d’importer le LD français. J’avais été très déçu, parce que cela avait coûté cher, mais aussi à cause de l’illisibilité de certains passages due à l’oxydation du disc. Les fabricants français de Laserdiscs avaient eu la mauvaise idée de graver les films sur des discs doré, très jolis, mais peu résistants au temps. Le film était de plus proposé en format pan-scan, c’est à dire tronqué à gauche et à droite pour convenir aux télévisions 4/3 de l’époque. 

J’ai cherché un peu plus d’informations sur la diffusion du film au Japon. J’utilise d’habitude wikipedia pour trouver les titres en japonais. Malheureusement aucune page dédiée au film n’existait. Il y avait par contre bien un article sur Claude Lelouch, et dans la catégorie filmographie, le titre traduit : Un homme nommé Lion ; qui sonne plutôt bien en japonais, Lion to yobareta otoko, mais qui a du difficilement trouver son public au Japon, où les amateurs de cinema français se déplacent rarement si les mots Paris ou Tour Eiffel ne sont pas dans le titre. Au Japon, le film était apparemment sorti au cinema, et en VHS. Pour pouvoir le montrer à mes étudiants, je m’étais alors mis à la recherche de cette cassette. Le film étant rare, j’avais pu le voir passer pour 7000 ou 8000 yens sur certains sites d’occasion, mais toujours sans garantie que le film fonctionne, vu le format et l’âge de l’objet.

La semaine dernière, j’ai finalement pu mettre la main sur cette version. Quelqu’un proposait le film pour 1000 yens, et garantissait que le film était lisible. J’ai donc passé la commande. Une fois la cassette reçue je l’ai tout de suite visionnée pour la tester et l’enregistrer sur mon PC. Le constat fut plutôt positif. Même si l’on ne retrouve pas le 16/9 d’origine, et que le son grésille parfois, l’image est moins tronquée que sur le Laserdisc français. Quant à la qualité de l’image, elle est plutôt bonne pour une VHS.

Les dialogues du films sont toujours un régal pour l’oreille. Belmondo ironique au possible  face à Anconina jeune, naïf, maladroit. Les sous-titres japonais ont beaucoup de mal à suivre, et se passent la plupart du temps des sous-entendus ou des références trop complexes. J’ai même relevé par hasard un contre-sens amusant. 

Minute 91, Victoria dit à son frère Jean-Phillippe : Et puis je t’en prie arrête de draguer le personnel. Surtout devant Al, tiens toi. Tu le dévores des yeux. Moi je suis gênée.

Sous-titres japonais : Et puis je t’en prie, arrête de draguer les employées. 

« Ées ». Alors que la scène parle clairement de l’homosexualité de Jean-Philippe et plus généralement du triangle amoureux Albert, Victoria, Jean-Philippe.

Rémi Brun


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