Magazine Culture

La Leçon de Ténèbres de Léonor de Récondo

Par Etcetera
La Leçon de Ténèbres de Léonor de Récondo

Vous connaissez sans doute la collection littéraire contemporaine « Ma nuit au Musée » où un écrivain est invité à passer toute une nuit tout seul, enfermé dans son Musée préféré, pour en faire la matière d’un livre – réflexions sur l’art, rencontre avec un artiste du passé, expérience de la solitude.
Je me suis penchée sur « La Leçon de Ténèbres » de Léonor de Récondo, où il est question de la nuit caniculaire qu’elle a passée dans le Musée El Greco, dans la ville de Tolède, en Espagne. Gréco est en effet le peintre qu’elle vénère entre tous et qu’elle espère « rencontrer » intimement durant ces heures nocturnes.

Note Pratique sur le Livre

Editeur : Points
Date de première publication : 2020
Nombre de Pages : 122

Note sur l’écrivaine

Née en 1976 dans une famille d’artistes, Léonor de Récondo est violoniste et écrivaine. Ses romans Rêves oubliés, Pietra viva, Amours (Grand Prix RTL-Lire et prix des Libraires), Point cardinal (Prix des étudiants France-Culture-Télérama) et Manifesto sont disponibles chez Points. Son dernier texte K.626, en référence au requiem inachevé de Mozart, vient de paraître.
(Source : éditeur)

Quatrième de Couverture

Quatre siècles séparent Léonor de Récondo de Doménikos Theotokópoulos, dit El Greco. Pourtant, elle est là, à Tolède, en son musée, qui l’attend pour une nuit d’amour. Ce peintre de la couleur qu’elle admire tant. Dans la touffeur de la nuit, entre fièvre et ferveur, échos mystiques, poésie, souvenirs familiaux et fantômes, elle le convoque. Viendra-t-il ?

Mon avis

Curieusement, ce livre est surtout une biographie du Greco et les passages qui relatent la nuit de l’écrivaine au Musée de Tolède sont nettement moins développés. C’est peut-être dû au fait que cette nuit de solitude et d’obscurité a été ressentie par l’écrivaine comme vide et peu racontable tandis qu’il y a toujours des événements marquants à décrire et à expliquer dans la biographie d’un grand artiste de la Renaissance. Cependant, elle fait plusieurs fois allusion à Saint Jean de la croix et à d’autres grands mystiques chrétiens (par exemple l’extase de Sainte-Thérèse) et cela suffit à suggérer l’idée que ces longues heures d’enfermement nocturne n’ont pas été simples à traverser et que l’écrivaine a dû passer par plusieurs phases émotionnelles, des plus sombres aux plus joyeuses, des plus mornes aux plus intenses.

À travers ces nombreuses pages biographiques Le Greco nous apparaît comme un homme  intransigeant, qui faisait passer ses idéaux artistiques avant toute autre considération et qui n’hésitait pas à critiquer les autres artistes, ses collègues et concurrents, d’une manière dure et acerbe. Par exemple il a osé s’attaquer au talent de peintre de Michel-Ange alors que celui-ci était reconnu partout comme le Grand Génie de la Renaissance et cela a valu au Greco une disgrâce générale.  Artiste d’origine grecque, il s’installe d’abord en Italie qui était alors le principal centre artistique du monde, puis il s’exile une seconde fois, en Espagne. Expériences chaque fois marquées par des abandons, des ruptures, des deuils. On a l’impression que la naissance de son fils, même si elle provoque la mort de sa compagne, lui donne une certaine stabilité et qu’il prend très à cœur ce rôle de père, puisqu’il enseigne à cet enfant l’art de manier les couleurs et qu’il deviendra peintre, travaillant avec lui dans le même atelier.

Léonor de Récondo m’a paru quelquefois un peu trop lyrique à travers ces pages et son désir de faire l’amour avec le fantôme du Greco n’est pas tellement crédible, on a l’impression qu’elle en fait un peu trop, que c’est factice… comme si elle surjouait cette passion artistique de façon à rendre son livre plus attrayant pour le lecteur et qu’il y ait des choses plus croustillantes à raconter… Mais bon, son livre est déjà assez bien et ces passages lyriques n’étaient pas nécessaires.

Un moment de lecture pas mal, quand on veut approcher la personnalité et le parcours du Greco. Ca m’a appris des choses sur lui.

**

Un Extrait Page 49

Tu vis alors modestement en ville, tu t’inscris à la confrérie des peintres de Rome pour ouvrir légalement un atelier. Se présente à toi un jeune apprenti, Francesco Prevoste, qui te restera fidèle et te suivra à Tolède. Les commandes sont rares mais tu ne perds pas ton verbe, non, tu cultives à le garder bien haut. Tes critiques sur tes rivaux deviennent de plus en plus acerbes, elles finissent par lasser la clientèle dont tu as pu profiter.
Doménikos, comment ne pas citer ici la plus connue ? Tu dis à propos de Michel-Ange qu’il « était un honnête homme, mais ne savait pas peindre », tu fais référence à la chapelle Sixtine, à son Jugement dernier. Tu t’attaques au grand maître mort et maintenant légende, à qui tout Rome voue un culte, le considérant comme l’incarnation même du génie. Personne n’avait osé. Personne sauf toi, Grec tourmenté qui n’a plus qu’à rassembler son maigre bagage pour partir. Une telle insulte vaut bannissement.
(…)

**

La Leçon de Ténèbres de Léonor de Récondo
Le Greco : L’Enterrement du comte d’Orgaz

**

Livre lu dans le cadre du « Printemps des Artistes ».

La Leçon de Ténèbres de Léonor de Récondo

Logo du Défi, créé par Goran

" aperture="aperture" />
Logo du Défi, créé par Goran

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Etcetera 162 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines