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Didier Martin : National Geographic et aventures au Pérou

Publié le 19 mai 2023 par Tidus457 @perou_voyage

Au hasard d'une discussion sur Voyage Forum, je rencontre Didier Martin. Il me montre sa page web où je retrouve des vidéos sur le Pérou.

Intriguée, je cherche un peu sur le personnage. Je découvre que c'est un scientifique qui a abandonné la recherche pour vivre intensément, une caméra à la main, et qui collabore aujourd'hui avec le National Geographic. Bref, un aventurier.

Il est parti quatre mois en voyage au Perou pour filmer, sans parler espagnol. Voici son aventure, digne d'un film.

Comment étais-tu équipé pour filmer?

Tout devait rentrer dans un sac à dos pour faciliter le transport. Pas question d'avoir un gros équipement. J'avais deux caméras DSLR pour photographier et filmer [canon 7D].

Plusieurs lentilles, un steadicam Merlin, des micros avec et sans fil [avec des transmetteurs sans fil], un mixer, un trépied avec tête fluide pour vidéo, une GoPro avec accessoires pour prises de vue sur automobile et une enregistreuse digitale pour la prise de son. Pamela, mon assistante, avait aussi une canon 7D, un trépied et des lentilles.

Évidemment on avait aussi chacun un latop 10" pour examiner les rush et faire les copies sur plusieurs disques chaque jour (3 copies sur disques placés dans 3 places différentes, dont un, toujours sur nous). Des tonnes de batteries et un chargeur solaire.

Raconte-nous ton périple à travers le Pérou.

Le voyage a duré 4 mois au total. Là-dessus j'ai travaillé 3 semaines pour des prises de vues pour National Geographic et pour travailler avec des collègues locaux de Globo TV ( Brésil) et PanamericanaTV (Pérou). Premier départ en janvier 2011 pour aller filmer les Rois Mages à Ollantaytambo. Je me rends compte que c'est très difficile de voyager seul hors des sentiers battus sans parler la langue, mais je finis par me débrouiller avec mon dictionnaire, un livre de cours d'espagnol que je potasse tous les soirs.

Grave incident un jour où je pars filmer en haut du mont qui surplombe la ville. La veille nous avions essuyé une grosse pluie et sur un des sentiers, le sol se dérobe sous mes pieds. J'ai juste le temps de me rattraper à une branche qui dépasse, j'ai les pieds dans le vide à 1500 m du sol. Je me hisse péniblement et reviens sur la piste. Fort heureusement, j'avais laissé mon sac d'équipement accoté sur mon trépied à quelques pas. Mais dans l'aventure, je perds ma paire de jumelles et mes lunettes. Plus de lunettes pour lire.

En revenant au village, j'en fais part au gérant d'un resto qui parle bien l'anglais. Branle-bas au village, le gringo de la pelicula a perdu ses lunettes. Une vieille dame travaillant au resto me prête les siennes. Je vois tout grossi 4 fois, mais au moins je peux continuer de vérifier mes prises de vues et de faire le log de celles-ci. Deux jours plus tard, un villageois qui revient de Cusco me vend des lunettes pour lire qu'il à acheté pour moi. La gentillesse des gens d'Ollantaytambo reste dans mon cœur!

Puis, je pars pour Cusco et rencontre Soazig, une biologiste québécoise. Elle parle espagnol, elle devient ma traductrice et professeure d'espagnol. Ensemble nous faisons le chemin de l'Inca avec une joyeuse troupe de Brésiliens.

Tournage épuisant, car je dois travailler au steadicam durant la grande montée du col de 4200m et parfois courir pour me placer en avant des gens qui grimpent.

Nous prenons ensuite le chemin du lac Titicaca et de l' île Taquile. On passe là quelque temps à vivre au rythme des gens de l'île, intrigués par le gringo de la pelicula. Le chef de l'île a parlé de nous à l'assemblée du dimanche et toute l'île nous prête main-forte pour le tournage. Là aussi, que de gentillesse.

Soazig poursuit son chemin vers la Bolivie et moi je redescends vers Arequipa, puis Lima. Il me prend alors l'idée folle de louer une bagnole pour aller à Paracas.

Je découvre la conduite démentielle du Pérou où la raison du plus fort est celle de celui qui klaxonne le plus. Après quelque temps, je m'habitue et moi aussi, je fonce dans le tas et klaxonne pour respecter la coutume. Découverte de la Panamericana sur (autoroute) et tournage à Paracas.

Retour au bercail. En regardant les rush (séquence vidéo brute), je vois qu'il me manque beaucoup de matériel. Je décide d'y retourner. Entre temps, contact avec Charlotte une journaliste française à Lima.

On se donne rendez-vous pour aller explorer le nord du Pérou. Ensemble nous explorons et les monuments mochicas, puis où nous découvrons que les gringos y sont très rares. Voyage de nuit jusqu'à Chachapoyas pour aller filmer les monuments de et aller à cheval jusqu'à la chute de Gocta, la 3e plus haute chute du monde.

Retour à Lima ou je rencontre Pamela, une photographe péruvienne qui devient mon assistante. On descend vers Ica, petit détour à l' oasis de la Huacachina puis direction Nazca pour aller filmer le Yaku Raymi, une célébration de l'Eau, méconnue des touristes du nord.

Encore une fois, les notables de la ville nous aident beaucoup et Pamela s'avère une formidable négociatrice et nous arrange un vol de 2 heures pour aller explorer de nouveaux géoglyphes que Jenssens, un ami archéologue, nous à signalé.

Effectivement, on fait la découverte d'un nouveau géoglyphe ayant un possible rapport avec la nappe aquifère et le système d'aqueducs de la civilisation nazca, vieux de 1500 ans. National Geographic et quelques magazines demandent des images du centenaire du Machu Picchu. Étant un des rares caméramans capables de manier le steadicam à quelques 5000 m, je pars avec le mandat de filmer et photographier les événements du centenaire du Machu Picchu et de l' Inti Raymi.

J'engage Pamela à nouveau comme assistante. Fort heureusement, car on a eu des problèmes d'accès au Machu Picchu pour la soirée du spectacle son et lumière. Seulement 200 invités, quelques centaines de projecteurs alimentés par des groupes électrogènes grimpés par hélicoptère. Un spectacle grandiose et unique.

Mais ils ont perdu notre passe de presse et le fonctionnaire refuse de nous donner notre laissez-passer. Pamela se met à l'œuvre, rencontre avec notre collègue de Panamericana (une des plus grosses chaînes télé d'Amérique du Sud) qui nous donne les coordonnées du vice-président. Petit coup de téléphone et une demi-heure plus tard, on a nos passes de presse. Fort heureusement, car le spectacle en vaut la peine.

Surprise, avec deux reporters français on est les seuls gringos à photographier et filmer. Et pourtant c'est retransmis en direct dans toute l'Amérique du Sud. Comme on a des caméras hyper sensibles à basse lumière, on collabore avec Globo TV, une chaîne 10 fois plus importante que Radio-Canada dont les réalisateurs sont surpris de voir que si peu de gringos sont présents pour couvrir l'événement. On leur fait comprendre que l'Amérique du Nord se comporte comme une île centrée sur elle même et que nous on s'est échappé de l'île, ce qui les fait rigoler.

Retour à Cusco, rencontre avec Javier, un archéologue péruvien qui vient tout juste de découvrir une tombe d'un seigneur huari en haute Amazonie, en plein territoire contrôlé par les terroristes du Sentier lumineux, devenus narcotrafiquants aujourd'hui. Mais ça, on ne le sait pas encore, et on s'emballe pour le projet d'aller filmer la découverte sur place. À 17h, on fait bagage en vitesse et hop, taxi collectif jusqu'à Urubamba pour prendre ensuite l'autobus jusqu'à Quillabamba.

Rien ne se produit comme prévu, mais on finit par trouver un camion qui s'y rend. Après 3h de sommeil dans un hôtel miteux et un colectivo jusqu'a Kiteni, on trouve un taxi. Le chauffeur me dit d'ôter mon chapeau qui ressemble un peu trop au chapeau de l'armée et que je mets tout le monde en danger en étant une cible.

C'est là que je comprends qu'on est en zone dangereuse. Arrivé au pont suspendu, le taxi nous laisse là, on doit faire le reste à pied avec sac à dos et lourd équipement à transporter. Après 7h de marche, on arrive au campement. On nous assigne une cabane et on doit faire fuir la chauve-souris vampire qui y avait élu domicile et zigouiller les quelques tarentules locataires des lieux. Le sommeil est léger... et si la chauve-souris revenait ?

Le lendemain, sortie à Espiritu Pampa avec machette pour aller voir les fouilles de la zone 14. L'archéologie en Amazonie, ce n'est pas de la tarte. Mais encore une fois, la réception et la gentillesse des gens nous font oublier les petits ennuis de la jungle. Javier nous fait découvrir les lieux de la découverte qui va encore une fois changer l' histoire précolombienne. Mais ça c'est une autre histoire.

Merci Didier pour cette entrevue et ton temps précieux, tu donneras certainement envie à de nombreux lecteurs de voyager au Pérou !

* Toutes les photographies sont la propriété de Didier Martin

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