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Liban, j'écris ton nom, de Gilberte Favre

Publié le 23 mai 2023 par Francisrichard @francisrichard
Liban, j'écris ton nom, de Gilberte Favre

Entre 1967 et 2015, j'ai séjourné dix-sept fois au Pays du Cèdre. J'y ai vécu le temps de l'âge d'Or et des guerres, celui des accalmies et des résurrections mais encore celui des attentats et des camps de réfugiés, palestiniens et syriens.

Ce livre sur le Liban, qui fut nommé en d'autres temps "Suisse de l'Orient", est un livre de souvenirs, d'hommage à des personnes que la Suissesse Gilberte Favre y a connues ou rencontrées, et à la mémoire de celles qu'elle pleure aujourd'hui.

Le titre, Liban, j'écris ton nom, ne peut manquer de faire penser au poème de Paul Éluard. D'ailleurs, un des poèmes, qui se trouve en fin d'ouvrage, intitulé Liberté, comme celui du poète de la Résistance, en reprend le refrain: J'écris ton nom.

Le livre touche le lecteur parce que le Liban fut longtemps [sa] patrie de coeur, comme elle le dit. Conjuguer au passé n'est peut-être pas, fût-il simple, le temps qui convient. Le Liban, en dépit des déchirures, reste, à jamais, dans son coeur.

Quelques citations prouvent cet attachement indéfectible pour ce pays et son peuple en proie à la guerre, l'Innommable, dont elle partage les joies et les peines, les heureux événements et les morts nombreuses, sur place et par procuration:

Au Liban, la mer est infinie. J'aime le Liban parce que j'aime l'infini. (1967)

À Jounieh, des noms dansèrent soudain dans mon coeur: Faraya, Broummana, Beit-Mery, Ain Saadé, Beit Eddine, Anjar... Et tant d'autres lieux, de Saïda à Tripoli, aux consonances qui chantaient comme autant de sources libanaises. (1970)

Depuis sept ans, je retrouve et quitte le Liban toujours avec la même joie et la même douleur. (1974)

Mais pourquoi suis-je revenue dans ce pays qui n'existe plus, qui n'existera peut-être plus, un jour, et qui reste "la maison" où je retournerai toujours, même centenaire [...]? (1983)

Au Salon du livre francophone, Européens, Libanais, Occidentaux, Africains et Asiatiques, nous sommes tous unis par un esprit de fraternité. Sans doute parce que nous adhérons à ces mots de Le Clézio affirmant: "Notre seule vraie famille est celle des livres" et que le goût de la poésie fait partie de nos gènes. (2001)

En dépit de l'atmosphère internationale du BIEL*, je n'oublie pas que je suis au Liban où le malheur cohabite chaque jour avec le bonheur, l'euphorie avec l'angoisse. (2011)

Il faut avoir été confronté personnellement à cet Innommable pour ressentir concrètement le drame que continue d'endurer au quotidien le peuple du Liban. Cette vie éternellement entre parenthèses et qui interdit tous projets. (2012)

Au bout du compte, même si je suis inquiète quant à l'avenir du Liban, je crois que le Liban me collera toujours à la peau et à l'âme.

À chaque fois je suis conquise par la gentillesse naturelle des êtres (celle des amis et celle des inconnus des villes et des villages), cette vertu qui ne s'explique pas mais qui, depuis des millénaires, est dans leurs gènes.

Je parie que leur don d'hospitalité sera éternel.

(2015)

Francis Richard

* Beirut International Exhibition & Leisure, centre de congrès et d'exposition.

Liban, j'écris ton nom, Gilberte Favre, 112 pages, Éditions de l'Aire

Livres précédents:

Des étoiles sur mes chemins, L'Aire (2011)

Corinna Bille, le vrai conte de sa vie, L'Aire bleue (2012)

Guggenheim Saga, Editions Z (2016)

Dialogues inoubliés avec Maurice Chappaz, Éditions de l'Aire (2016)

Un itinéraire avec Rimbaud, suivie de Lettre à Philippe Rahmy, Éditions de l'Aire (2021)


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