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Braconniers d’Eric Bouvron

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Braconniers d’Eric BouvronLe Mois Molière a été lancé jeudi soir par François de Mazières, maire de Versailles, avec la nouvelle création d'un habitué des lieux, Eric Bouvron qui présentait Braconniers dans la cour de la Grande Ecurie, avenue Rockfeller.
Le metteur en scène est connu pour ses succès avec Les Cavaliers, Molière du meilleur spectacle privé en 2018, et Lawrence l'année dernière, poursuit dans le registre de l'épopée situant la nouvelle en Afrique subsaharienne, loin de l’Afrique que nous connaissons  celle du Roi Lion, de Out of Africa ou de Tarzan.
Braconniers d’Eric BouvronDe fait, il a écrit une sorte de road movie- thriller psychologique où, même si le thème du braconnage est bien entendu au coeur de l'histoire il est aussi question de solidarité familiale, d'honneur, de vengeance, et d'interrogation en terme de pardon.L'écriture est puissance avec des actions qui s'enchaînent sans répit. Chaque scène est chorégraphiée dans un rythme soutenu. Le décor est réduit à sa plus simple expression, ce qui est parfait pour stimuler l'imagination. Il suffit de quelques caisses de bière pour installer l'atmosphère et permettre un bruitage ingénieux. IL faut voir ce que les comédiens parviennent à suggérer avec deux bouteilles de bière vides et une roue de cariole. Le jeu est nerveux, abondamment mimé, ce qui contribue à détendre l'atmosphère et faire entrer progressivement le spectateur dans le monde impitoyable du braconnage. La musique est omniprésente et participe à l'avancée de la résolution de l'intrigue.On en a une image caricaturale de gros revenus, qui est justifiée par le prix exorbitant de la vente de l'ivoire, même si celle-ci n'est "que de la kératine" comme dit Paul Wright (Yannis Baraban). Mais on oublie que pour des africains qui vivent dans une zone où l'eau courante n'existe pas, cela représente l'opportunité de financer une pompe à eau au village.Suite à l'abattage atroce de Princesse, une femelle rhinocéros sur le point de mettre bas, Paul éleva le bébé Humba dont il prend soin dans sa réserve privée. Mais quand celui-ci est tué à son tour, il est saisi d'une rage inconsidérée. L'opinion du public va osciller entre le parti de Paul et celui d'un autre homme de son âge,  James Ngobo (Jean-Erns Marie-Louise) qui est à la recherche de son fils Lindelani (Francis Bolela). La fille de Paul, Cynthia (Aurélia Poirierarbitrera le débat. Braconniers d’Eric BouvronEric Bouvron ayant grandi en Afrique du Sud, il est légitime pour nous faire toucher du doigt l'ensemble des problématiques, y compris l'exploitation de la nature locale au sein de lodges pour un tourisme haut de gamme et exigeant.Braconniers d’Eric BouvronMeurtre ou légitime défense ? On ne pourra que s'incliner face au choc des cultures et des destins. Le bilan est tragique malgré les sursauts d'humour qui émaillent la soirée, apportant de salutaires respirations et témoignant qu'il n'y a sans doute pas de réponse toute faite à ces problématiques dont on pourrait avoir envie de débattre en bord de scène après la représentation.Braconniers d’Eric BouvronBraconniers d’Eric Bouvron en co-écriture avec Benjamin Penamaria
Mise en scène, chorégraphie et scénographie d’Éric Bouvron
Composition musicale et sound design : Romain Trouillet
Création costumes : Nadège Bulfay
Création lumière : Romain Titinsnaider
Avec : Yannis Baraban, Jean-Erns Marie-Louise, Mexianu Medenou ou Francis Bolela (en alternance) et Aurélia Poirier.
Deux musiciens en live : Marie-Anne Favreau, Christophe Charrier et Raphaël Maillet (en alternance)Les 1er et 2 juin 2023 à 20h30 aux Grandes Écuries de Versailles (78)Du 7 au 26 juillet 2023 à 21h30 au Théâtre des Halles (relâche les jeudis 13 et 20 juillet) dans le cadre du Festival d'Avignon Off.
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Braconniers d’Eric BouvronLe mois Molière (toute la programmation est ici) dans le cadre duquel a eu lieu cette création est une très belle proposition de la Ville de Versailles qui s'adresse à tous les publics à travers une programmation très variée, qui résulte de choix assumés par François de Mazières qui n'a pas oublié ses années en tant qu'adjoint à la culture et qui maitrise parfaitement le sujet.Il a raison d'avoir la volonté de forger un "festival" qui ait une identité, et qui ne soit pas un théâtre de stars (même s'il accueille des artistes de grande renommée) dans une logique de la détection des talents et l'envie de créer des affinités, dans une mission d’ouverture et d’éducation populaire en direction de tous les publics, y compris ceux des trois quartiers moins favorisés, et quand bien même le château draine le monde entier. Voilà pourquoi les places sont au tarif (symbolique) de 2 € seulement.Il fait le pari que le public validera ses choix. Pour ma part, tout est attirant, même ce que je ne connais pas. Je peux néanmoins recommander les spectacles que j'ai déjà vus et appréciés et/ou les artistes dont je suis le travail comme :- Richard III pour la mise en scène (et l’interprétation de William Mesguich) les 7 et 8 juin- Rentrée 42-Bienvenue les enfants pour la création de Xavier Lemaire et l’interprétation (entre autres) d’Isabelle Andreani les 9 et 10 juin- Le journal d’un fou pour la création de Ronan Rivière les 13 et 19 juin- Les lauriers rose de Sidi Bel Abbés pour le thème de Roméo et Juliette en Algérie les 14 et 17 juin- Dolores pour la mise en scène de Virginie Lemoine le 15 juin à paris d'une histoire vraie
Et bien entendu Cyrano pour l’interprétation formidable de Iana-Serena De Freitas, Louisa Decq et Mathilde Guêtré-Rguieg le 23 juinLorsque Françoise parait pour la mise en scène d’Eric Bu et l’interprétation (entre autres) de Sophie Forte le 29 juinMonsieur Motobécane pour Bernard Crombey les 12 et 20 juinConseil de classe pour Geoffrey Rouge-Carassat le 22 juinLes Contes de Grimm pour le cadre du Potager du Roi et pour Stéphanie Tesson les 10, 11, 17 et 18 juin

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