Un mariage royal

Quatrième de couverture :

Londres en 1946. Le Bureau du Mariage idéal commence tout juste à prendre son envol et les propriétaires, Iris Sparks et Gwendolyn Bainbridge, ont besoin d’un bureau plus grand et d’une secrétaire pour faire face à la demande croissante. Mais l’argent manque. Alors, quand une offre intéressante se présente, les deux femmes sont tout ouïe : la princesse Elizabeth est tombée amoureuse d’un prince grec, mais une lettre de chantage lui portant préjudice met en danger l’alliance entre les deux familles. Pour éviter les commérages au palais, la famille royale se tourne vers Gwen et Iris pour découvrir le passé secret du prince. L’avenir de l’Empire et celui du Bureau sont en jeu.

Je porte tellement la Reine Elisabeth dans mon coeur que j’adore les romans qui la mettent en scène (comme dans la série Sa Majesté mène l’enquête, dont je vous présenterai normalement le deuxième numéro la semaine prochaine). Ici nous sommes en 1946 et la princesse héritière n’apparaîtra vraiment qu’à la fin, pour remercier les dames du Bureau du mariage idéal (et j’ai trouvé ça tellement touchant – une vraie midinette, vous dis-je) mais elle est bien présente tout au long du roman, puisqu’il s’agit de déterminer si l’objet du chantage dont elle est victime est véridique ou non. Evidemment ce n’est pas la princesse elle-même qui fait appel à Iris et Gwendolyn (vous vous en doutez, on lui épargne toutes sortes de désagréments) mais une des dames de compagnie de la reine Elizabeth, Lady Matheson, qui se trouve être la cousine de Gwen. Le chantage ? Quelqu’un prétend être en possession de « quelque chose » que sir Talbot, un diplomate en poste en Grèce au moment de l’exil des parents du prince Philip (le futur duc d’Edimbourg) au début des années 20, a récupéré et qui concerne une liaison de la reine Alice (mère de Philip) dont le prince serait né. Shocking ! Si c’était vrai, le mariage entre lui et Elisabeth ne pourrait évidemment avoir lieu ! Décidément j’aime comment Allison Montclair s’est glissée dans une faille de l’histoire royale et a composé une intrigue tout à fait possible.

L’enquête est rondement menée par notre duo de choc, Iris, ex-espionne durant la guerre, qui manie aussi bien le cran d’arrêt que le bâton de rouge à lèvres et a des relations bien placées, tout comme Gwen dans la haute société de Londres, veuve de guerre qui surmonte peu à peu son deuil grâce à leur agence matrimoniale. Certes la résolution de l’intrigue est un rien (très) capillotractée, mais j’ai savouré chaque instant de l’enquête, la précision et l’humour des dialogues, la personnalité de nos deux amies qui doivent encore surmonter courageusement les traumatismes de la guerre, la promenade dans le Londres encore meurtri de 1946, de Kensington à Greenwich en passant par Poplar Docks. Et sur le plan historique, j’ai rafraîchi mes maigres connaissances sur l’histoire de la famille royale grecque et les parents du prince Philip. La troisième aventure de Gwen et Iris m’attend déjà

« Comment s’est passé l’entretien de dix heures trente ?
— J’ai la joie de vous annoncer que nous avons une nouvelle candidate, Letitia Hardiman. Presque aussi grande que vous, autoritaire, dotée d’une voix… retentissante. Elle commandait une batterie antiaérienne pendant le Blitz. Très impressionnante.
— « Retentissante » à quel point ?
— À mon avis, elle a abattu deux bombardiers rien qu’en leur criant dessus. »

« Pendant le Blitz, la famille royale, qui aurait pu se réfugier à Balmoral, avait choisi de rester à Londres. La royauté impose des devoirs vis-à-vis de ses sujets, en particulier en temps de guerre ; les Windsor les avaient acceptés, sans hésitation. La Reine avait même dit qu’elle était assez contente que Buckingham Palace ait été bombardé, car au moins  » elle pouvait regarder les gens de l’East End en face. » »

Allison MONTCLAIR, Un mariage royal, traduit de l’anglais par Anne-Marie Carrière, 10/18, 2021