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#OFF23 – Guerre

Publié le 20 juillet 2023 par Morduedetheatre @_MDT_
#OFF23 – Guerre

Critique de Guerre, d’après Louis-Ferdinand Céline, vu le 12 juillet 2023 au Théâtre du Chêne Noir
Avec Benjamin Voisin, mis en scène par Benoît Lavigne

Pour sûr, ce spectacle va faire parler de lui. Pas seulement parce qu’il a choisi comme matériau l’un des textes inédits de Céline publié en mai 2022. Mais aussi parce qu’il met en scène l’étoile montante du cinéma français, le génial Lucien de Rubempré de Xavier Giannoli. Bref, un petit événement.

On retrouve Ferdinand, personnage principal du Voyage au bout de la nuit, sur le champ de bataille. Il est blessé. Guerre racontera sa convalescence, mélangeant des souvenirs et bataille et tout cet après d’exaltation, d’ivresse, de sexe, de vie retrouvée. Le personnage a frôlé la mort et désormais il prendra tout ce que le monde des hommes aura à donner.

Habité. C’est le premier mot qui me vient quand je découvre Benjamin Voisin. C’est une véritable performance d’acteur. Il y a ces mots qu’il crache, qu’il vomit presque, et ceux qui sont dits dans un presqu’éclat de vie. Il y a ces regards, qui s’allument quand il parle des femmes, qui s’éteignent quand il parle de la guerre. Il est un enfant apeuré sur le champ de bataille. Et un homme qui redécouvre la vie quand il en sort enfin. Il a 20 ans, et il en a 70 à la fois. Il est au bord de la mort. Il a la vie devant lui. C’est une composition qui se répond à elle-même, deux versions de lui qui co-existent, comme une sorte de Schrödinger du champ de bataille.

La langue de Celine fonctionne complètement sur une scène de théâtre. C’est une langue crue qui dit les choses telles qu’elles sont. C’est un spectacle captivant et où l’on prend un vrai plaisir de spectateur. Mais je m’interroge. Je me demande si on est vraiment allé chercher tout ce que le texte avait à donner. Benjamin Voisin est trop beau pour jouer toute la répugnance sous-jacente. Il a quelque chose de tellement pur. Alors oui, cette vie qu’il joue existe dans le texte. Il ne le dénature à aucun moment. Mais tout le sous-texte, la puanteur, l’horreur, le cynisme, tout cela est absent de ce spectacle. On y perd, donc, mais est-on perdant pour autant ?

Un comédien à suivre, assurément.

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