Une pièce d’un (médiocre) théâtre de boulevard est interrompue par un homme, Yannick qui trouve les comédiens particulièrement mauvais.
Il exige de rencontrer l'auteur de la pièce qui est absent, et face aux moqueries des acteurs il décide tout simplement de prendre la salle en otage et de réécrire une nouvelle pièce pour les comédiens.
Yannick est le nouveau film-surprise de Quentin Dupieux. Promotion en urgence, à quelques semaines de la sortie seulement, pour un film tourné très vite mais qui a excité pas mal de fans.
Le pitch est simple - un spectateur perturbe une pièce de théâtre en train de se jouer- mais terriblement efficace et ingénieux.
Quentin Dupieux sait écrire la folie de manière efficace : on ne sait jamais vraiment jusqu’où peut aller le personnage. Le résultat, imprévisible, est à la fois inquiétant et jubilatoire.
Par son concept, huis-clos méta et théâtral, Yannick est sans doute l'oeuvre le plus accessible , la moins clivante en tout cas, de la filmographie de Quentin Dupieux.
Il délaisse pour une fois le « non-sens » qui caractérise tous ses films pour une histoire plus aboutie, en tout cas, avec plus de fond mais toujours autant de drôlerie.
Derrière les dialogues brillants et qui font souvent mouche, le cinéaste greffe à sa poésie habituelle une portée sociale bienvenue.
Une critique acerbe de la complaisance culturelle française
Car mine de rien, Yannick vient bousculer les conventions parisiennes et les habitudes grammaticales, notamment avec l’incompréhension d’un certain vocabulaire soutenu ou la répétition d’expressions populaires. Si Yannick interrompt la représentation c’est tout d’abord car il ne considère pas le théâtre comme de l’art mais comme du divertissement, énième débat que l’on peut déplacer vers le cinéma.
Derrière cette histoire, Yannick parle en fait de création artistique dont tout le monde ou presque est capable et de la manière dont elle peut être perçue totalement différemment par chacun des spectateurs.
Le changement apporté par ce personnage, semeur de désordre, met en lumière une fracture entre le public et la scène
et étudie le rapport entre la scène et les spectateurs, entre les nombreuses personnes d’origines et d’horizons différents qui se retrouvent toutes et tous dans cette même salle.
Loin d’un mépris sur les catégories populaires, Dupieux humanise beaucoup son personnage notamment grâce au talent de Raphaël Quenard (décidément la vraie révélation du cinéma français récent).
Dans la peau de ce spectateur déprimé, il jongle naturellement entre une gouaille hilarante, une frustration menaçante et une sincérité déchirante
Dupieux pose un regard jamais moqueur sur ces gens, et notamment sur le personnage de Yannick tour à tour drôle, terrifiant, et in fine vraiment émouvant.
Yannick a tout pour devenir la comédie de cet été et le plus gros succès de son réalisateur.
Et que Quentin Dupieux se rassure personne ne se lèvera pour dire que son nouveau film n’est pas divertissant. On peut se lever pour saluer ce cinéaste prodigieusement inventif, subtil, malin, éperdu de cinéma!
On rejoint la cohorte de spectateurs emballés par la nouvelle proposition de cinéma de @oizo3000 ; #yannick est l'un de ses films les plus accessibles et les plus aboutis. Dupieux greffe à sa poésie habituelle une portée sociale bienvenue.. Raphaël Quenard consacré roi de2023 pic.twitter.com/iqSPcvqAgC
— Baz'art (@blog_bazart) August 5, 2023