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Cinéma: 'The Dark Knight' de Christopher Nolan

Publié le 18 août 2008 par Paulo Lobo
Un nouveau Batman signé Christopher Nolan, tiraillé entre la tête et les jambes, le film d'action pétaradant et l'exercice cérébral accentué. 'The Dark Knight' prétend faire la leçon au Batman burtonien, il se veut plus sérieux, plus adulte, plus complexe et plus sombre. D'emblée, laissez-moi dire que je trouve que l'objectif est raté: pour moi, les deux Batman de Burton restent des chefs d'oeuvre cinématographiques, pleins d'insolence et d'inventivité, tandis que la version de Nolan, certes intéressante et honorable, est plombée par un excès de rigueur et d'intellectualisation. 'The Dark Knight' se présente comme un Batman bien ancré dans nos peurs et hantises modernes, convoquant notamment l'angoisse distillée par une menace terroriste omniprésente et toute-puissante, contre laquelle la société de l'ordre est tentée de se durcir et d'endosser une armure guerrière.Ultra-écrit au niveau du scénario, le film laisse trop souvent transparaître ses velléités d'oeuvre à message au détriment de l'action et du suspense. Nolan propose certes une réflexion ambiguë sur l'ordre et le chaos, la loi et la révolte, le bien et le mal, mais son approche conceptuelle des multiples rebondissements affaiblit quelque peu leur valeur émotionnelle. Cela dit, les portées politiques et philosophiques de l'oeuvre sont passionnantes et 'The Dark Knight' prend de la valeur au fur et à mesure qu'on y réfléchit - même si hier soir, en sortant de la salle, je me sentais assez déçu, aujourd'hui ses images et sinuosités ont trouvé un peu plus de résonance dans ma tête.Par rapport à Burton, tout le côté grotesque et stylisé est évacué, au profit d'une ambiance de thriller et de film d'espion à la James Bond. On est dans le premier degré pleinement assumé et dénué de toute espèce d'humour. La situation du monde est grave et ce n'est même pas un super-héros qui va arranger les choses! Au contraire, en voulant trop bien faire, il pourrait fragiliser encore plus le système. Batman se remet en question et ne trouve pas de réponse. De son côté, le mal ne s'est jamais aussi bien porté! Heath Ledger réinvente la figure du Joker et en fait un personnage dense et ténébreux, un vecteur d'anarchisme et de chaos, sûr de lui et de sa puissance. Quelque part, c'est lui le véritable héros de ce film, une sorte de rebelle 'without a cause' qui ne se laisse corrompre en aucune façon dans son déchaînement impitoyable.          

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