Des petits-fils au grand-père au championnat de France

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Des petits-fils au grand-père, six membres de cette famille concourent au championnat de France d'échecs 2023.

Michel, Jean-Michel, Charles, Damien, Xavier et Arthur Coll, tous originaires de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), prennent part à la compétition qui se déroule jusqu'au 28 août à l'Alpe d'Huez. Une manière de montrer que pour eux, les échecs, c'est surtout une histoire de famille.

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L'Alpe d'Huez, 18 août 2023. Grand-père, fils et petits-fils jouent chacun 9 matchs dans la compétition - Photo © Famille Coll

Tout commence après la Seconde Guerre mondiale, lorsque Michel est initié aux échecs par son beau-frère, rentré d'un camp de prisonniers où il a lui-même appris à manier les pions. Ou bien peut-être que tout commence par une punition, dans les années 1970. Jean-Michel, 12 ans à l'époque, se voit privé de télévision car il a fait une bêtise. Michel, son père, lui présente alors un échiquier : " Je vais t'apprendre à jouer ".

Presque cinquante ans plus tard, cette passion pour le jeu a traversé trois générations de la famille originaire de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne). Jusqu'à mener les Coll au championnat de France d'échecs, organisé depuis le 18 et jusqu'au 28 août à l'Alpe d'Huez (Isère), où ils joueront chacun 9 matchs dans leur catégorie respective.

De Michel Coll, 89 ans, la contagion s'est propagée à ses fils, Jean-Michel, 60 ans, et Charles, 48 ans. Puis à ses trois petits-fils, les enfants de Jean-Michel : Damien, 29 ans, Xavier, 27 ans, et Arthur, 17 ans, le petit dernier que tous décrivent déjà comme le meilleur. " Il est en train de nous dépasser tous les 5 ", commente fièrement Jean-Michel.

En 2016, Jean-Michel Coll (à gauche) a créé le club d'échecs de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne). Michel, Damien et Arthur (de gauche à droite) viennent souvent y jouer le dimanche - Photo © DR

Celui qui a fédéré la famille autour des échecs, c'est lui. Jean-Michel a créé un club dédié au roi des jeux à Joinville-le-Pont, en 2016. Avant cela, le passionné s'est fait professeur pour son frère, puis pour ses fils. Même si pour certains, le coup de foudre n'a pas eu lieu instantanément. " Je n'arrivais pas à faire jouer Arthur ", se souvient Jean-Michel. " Quand j'étais petit, ça ne m'intéressait pas du tout ", confie ce dernier.

Damien, sacré champion de France de sa catégorie en 2017

Jusqu'au jour où Arthur découvre, à l'école, un mode de jeu qui retient enfin son attention. " J'ai commencé à faire des tournois en cadence rapide avec mes amis. Et les échecs sont devenus une passion ". Depuis, le jeune homme pratique sans relâche. " Je travaille autant le jeu que mes cours ", rit le lycéen.

Arthur n'est pas le seul dont la technique et la stratégie impressionnent. En 2017 à Agen, son grand frère Damien s'est illustré lors de sa première participation au Championnat de France, en remportant la médaille d'or dans la catégorie des non classés. " J'étais forcément très content, raconte Damien en souriant, mais honnêtement, je préfère gagner contre mes frères ! "

" Ce tournoi, on le prépare comme les Jeux olympiques ! "

Ce nouveau championnat à l'Alpe d'Huez, les Coll l'abordent chacun de manière différente. Certains, comme Arthur, Damien et Jean-Michel, ont pour objectif de gagner un maximum de points pour monter dans le classement national. Avec toute la motivation que cela implique : " Ce tournoi, on le prépare comme les Jeux olympiques ! ", s'enthousiasme Jean-Michel. Tous les trois s'entraînent ainsi plusieurs heures par jour.

Charles, Michel et Xavier sont plus tranquilles. Tout en aspirant aussi à aller le plus loin possible, ils attendent surtout de la compétition les moments tous ensemble, dans la maison qu'ils ont louée pour l'occasion, comme pour des vacances. " Le principal but du voyage, ce sont quand même ces instants qu'on n'oubliera pas ", glisse Xavier.

Les deux frères Arthur et Damien sont considérés comme les meilleurs joueurs de la famille. Damien, l'aîné, a d'ailleurs remporté le championnat de France en 2017, dans la catégorie non classé - Photo © Famille Coll

Car le dénominateur commun à ces joueurs d'âges et de niveaux différents, cela reste le plaisir d'affronter les siens. Avec l'envie parfois féroce de gagner. " Lorsque j'ai commencé à apprendre à Jean-Michel, je voulais qu'il joue jusqu'à ce qu'il devienne meilleur que moi ", se rappelle Michel. " Ce qu'il a fait en cinq mois ".

Une rivalité familiale et constructive

" Quand Jean-Michel m'a appris les échecs, c'était pour que je puisse remporter les parties contre mon père ", ajoute Charles. " Il y a beaucoup d'ego lors des matchs contre mon père, c'est un combat de coq ", poursuit Charles. " Il faut battre le roi ", renchérit Jean-Michel. " Moi, je suis heureux quand ils me battent ", répond malicieusement Michel.

À 89 ans, le patriarche joue aussi car " les échecs permettent de prévenir la maladie d'Alzheimer ". " Ils ont énormément de bienfaits pour le cerveau, vous savez ? ". Amélioration de la concentration et de l'apprentissage, structuration de l'esprit... " Le jeu développe toutes les qualités humaines ", résume Michel.

Cela aurait pu être le tennis, la danse ou la pétanque. Mais non. Ce sont les échecs qui ont créé ce lien intergénérationnel dans la famille. D'ailleurs, Charles le précise : " si vous venez déjeuner chez les Coll un dimanche midi, il y a peu de chances que nous parlions de politique. Par contre, nous parlerons très probablement d'échecs ! " Et après le dessert, l'échiquier se glissera entre les tasses de café.

L'intégralité de cet article est à retrouver sur Le Parisien sous la plume de Jeanne Toutain.