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Médée de Pier Paolo Pasolini (film, 1969)

Par Etcetera
Affiche de Médée (version restaurée)

J’ai vu ce film lors de la rétrospective Pasolini qui a eu lieu dans plusieurs cinémas parisiens en été 2022, et j’ai donc planifié mon article un an après l’avoir vu.

Note technique sur le film

Date de sortie : 1969
Couleur, Italien (sous-titré français).
Scenario écrit par Pier Paolo Pasolini d’après la tragédie d’Euripide.
Genre : Drame.
Durée : 110 minutes (1h50)
Rôle titre : Maria Callas (qui, ici, ne chante pas)
Autres acteurs : Laurent Terzieff (le centaure Chiron), Giuseppe Gentile (Jason), Margareth Clementi (la princesse Glaucé), Massimo Girotti (le roi Créon).

Note sur Pasolini

Pier Paolo Pasolini (1922 à Bologne -1975 à Ostie) est un poète, écrivain, dramaturge, cinéaste, scénariste italien dont l’œuvre fit parfois scandale. D’abord poète et écrivain, dès les années 40. Il réalise son premier film, Accatone en 1960, L’Evangile selon Saint-Mathieu en 1963, Théorème en 1968, Médée en 69. Dès le début des années 70, il entreprend la « Trilogie de la vie » avec Le Décaméron (1971) Les Contes de Canterburry (1972) et Les Mille et une Nuits (1974). Son dernier film, Salo ou les 120 journées de Sodome sort en 1975. Cette même année, en novembre, Pasolini est assassiné sur la plage d’Ostie, près de Rome, ce qui a donné lieu à plusieurs hypothèses (crime politique, crime homophobe ou crime crapuleux d’un jeune prostitué)

Petit Résumé du début de l’histoire

Médée est la fille du roi de l’île de Colchide, un pays sauvage et barbare où l’on pratique la magie et les sacrifices humains et où l’on adore une idole toute puissante : la Toison d’Or.
Jason, de son côté, est un Grec civilisé. Il a été élevé par le centaure Chiron qui lui a inculqué la poésie et les arts guerriers. Devenu adulte, et avec l’aide des Argonautes, il est chargé par son roi de conquérir la Toison d’Or sur l’île de Colchide.
Lors de cette expédition, Médée tombe amoureuse de Jason. Par ses pouvoirs magiques, elle l’aide à voler la Toison d’Or et s’enfuit avec lui, après avoir assassiné et coupé en morceaux son propre frère, Apsyrtos.
(…)

Mon humble Avis

J’ai vu dans cette histoire essentiellement l’antagonisme entre les valeurs de la civilisation, représentées par les Grecs et en particulier par un Jason souriant et désinvolte, et les forces de la barbarie, de la violence, des puissances surnaturelles, représentées par l’île de Colchide et incarnées par une Médée au visage tragique.
La première partie du film nous montre une longue scène de sacrifice humain, extrêmement cruelle et oppressante, une cérémonie sans aucun dialogue ni explication, rythmée par une musique sauvage et percussive qui évoque un peu la musique chinoise traditionnelle telle qu’on l’entend parfois dans l’opéra de Pékin.
L’amour entre Jason et Médée pousse cette dernière à trahir sa patrie et sa royale famille, à commettre l’assassinat sauvage de son frère. Malgré tout, Médée reste une femme marquée par la culture et les rites de son pays d’origine : même en Grèce, auprès de Jason, elle reste une magicienne et une « barbare » aux colères dangereuses et les Grecs se méfient d’elle et la craignent.
Jason donne l’impression d’un homme inconséquent, au caractère frivole et léger, et il forme un couple très désassorti avec Médée, qui possède un tempérament exactement contraire et qui semble également plus âgée que lui.
On peut sentir aussi, au cours du film, une opposition entre les caractères masculins, assez solaires et impulsifs, et ceux des femmes, plus ténébreux, plus négatifs.
Ce film permet d’admirer, entre autres, les belles qualités d’actrice de Maria Callas, qui possède un charisme tout à fait étonnant et une expressivité formidable, telle qu’on la connaissait déjà par l’opéra.
Petit bémol tout de même : certaines scènes avec le centaure Chiron ne sont pas très bien faites car on voit le trucage qui donne un prétendu corps d’animal à Laurent Terzieff, ce qui casse un peu le charme. Il est vrai que dans les années 60, les moyens techniques et autres effets spéciaux étaient encore très rudimentaires.
Un beau film, où le talent poétique de Pasolini se manifeste avec force, et où son esthétique parfois brutale trouve une expression marquante.

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