Bioctobre 2020 - jour 4 : Radio

Publié le 05 octobre 2023 par Svtcolin
Ce billet est une pré-publication du tome 2 de Bioctobre 2020-2021, autour du mot clé "Bulky": Volumineux. N'hésitez pas à proposer vos remarques et correction en commentaire ! 

Planche N°IV           #Radio

- Radio -

 
    Le principe de la communication implique un émetteur, un récepteur, et un canal de communication. Il existe des signaux visuels bien sûr, pensons aux couleurs de fleurs qui attirent les pollinisateurs, aux couleurs vives du paon lors de sa parade. Certains organismes utilisent des signaux moléculaires tels que les phéromones des insectes sociaux. Enfin certains utilisent des ondes sonores plus ou moins spécifiques : des ultrasons des cétacés, aux infrasons de l’éléphant, en passant pas le chant des oiseaux. Plus le canal est spécifique et plus la communication sera efficace. Si parler dans un environnement bruyant n’est pas chose aisé, de la même façon une fleur verte ne sera pas très visible pour un insecte. En revanche utiliser des canaux très restreints assure une meilleure transmission du message. 
     Quand on pèse plus de 6 tonnes, et qu’on a les cordes vocales et la cage thoracique d’un éléphant il est possible d’émettre des signaux qui sont inaccessibles au reste de la savane. Il s’agit des « grondements », des sons très puissants (mesuré à 112 décibels à 1 mètre de la source) mais de très basse fréquences (10Hz). A titre de comparaison une grosse caisse batterie émet des sons à 100 dB, soit 10 fois moins puissants, et à une fréquence de 50 à 100Hz. Le domaine des « infrasons » désigne ces fréquences très graves, inaudibles pour l’humain, dont le seuil de détection se situe à environ 20Hz. Ces grondements se transmettent dans l’air tout comme les barrissements dont la portée est moins grande. Mais depuis les années 2000 Caitlin O’Connell-Rodwell a montré dans plusieurs études expérimentales que les éléphants d’Afrique étaient également sensibles aux infrasons transmis par des hauts parleur enterrés. Les grondements, comme les pas des éléphants sont alors propagés par ondes sismiques, les ondes de Rayleigh. Selon la nature du sol et les conditions thermiques de l’air il est estimé que ces signaux peuvent se propager jusqu’à 10km et probablement plus dans le sol, l’aire couverte est alors de plus de 300km² ! Les ondes transmises dans l’air sont captées par l’oreille interne, tandis que les ondes sismiques sont captées par des récepteurs tactiles cutanés au niveau des pieds si bien que la distinction entre sensation auditives et tactiles est ici bien floue ! Les ondes sont également transmises au squelette puis aux oreilles grâce aux coussins adipeux situé sous les doigts des éléphants lesquels marchent en quelque sorte sur des talons de gras (Coussin qui n’est pas sans rappeler le « melon » chez les cétacés).
 

Talon adipeux à la base du pied.


    Dans un contexte préservé, seuls les éléphants sont capables d’émettre de tels infrasons, mais malheureusement un nouvel émetteur génère désormais du bruit sur ce canal de communication et ce sans même s’en rendre compte : l’humain et ses machines (évidemment).
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