Manolos

Publié le 20 août 2008 par Mlle A


Treize heures et des poussières. Le bâteau accoste sur l'île de Thirassia, dans le mini-port de plaisance, où l'eau est superbe, et où quelques restos tentent d'alpaguer le chaland. Un peu plus loin, quelques vacanciers lézardent sur les minuscules plages de galets en front de mer. Nous sautons sur le ponton, bien décidés à grimper les marches vaillamment pour atteindre le village de Manolos, perché à flanc de falaise et y admirer la caldeira de Santorin.

C'est d'abord la chaleur qui nous accable, puis les marches. Cent. Deux-cent... Plus ? Nous cherchons l'ombre, comme perdus dans un désert de roche. A chaque détour du chemin, chaque branche susceptible de nous abriter  du soleil de plomb. En haut, le village semble presque abandonné, si ce n'est le restaurant touristique qui tend les bras aux courageux à la dernière marche de l'ascension. Nous n'y jetons pas un oeil, moins par esprit de contradiction que pour le pique-nique qui nous attend dans nos sacs. Nous croisons quelques villageois et même quelques voitures, stoppées le long des maisons aux volets clos. Nous sommes en quête d'un endroit ombragé.

Nous finissons par en trouver un, vers une aire de jeux pour enfants. Le tourniquet a rendu l'âme depuis longtemps et les balançoires semblent d'un autre âge. Nous commencons à casse-crouter. Un viel homme passe alors auprès de nous et nous salue d'un signe de tête, lancant un salut avec un fort accent grec. Je lui sourit. Et il me rend ce sourire, amusé certainement de nous voir pique-niquer là, au milieu de cette île qui a déjà à moitié eu raison de nous. Qui sait s'il nous prend immédiatement en sympathie ou si nous lui faisons un peu de peine... Quoiqu'il en soit, cinq minutes plus tard, il repasse dans l'autre sens, pose à nos pieds un sachet sans rien dire, si ce n'est en laissant échapper une sorte de grognement satisfait, et disparaît aussitôt.

Un peu étonnés, nous ouvrons le sac, curieux. Celui-ci nous offre alors un trésor inestimable, de quoi nous rebooster pour le retour au bateau : une vingtraine de belles figues locales, mûres à souhait. Une surprise d'autant plus agréable qu'inattendue, généreuse, spontanée. Une surprise délicieuse. A l'image de la Grèce.