Vers une augmentation du Turp?

Publié le 20 août 2008 par Energie2007

Selon un compte-rendu du comité central d'entreprise publié par la FNME-CGT en date du 12 juin, Michel Francony, président du directoire d'ERDF, viserait une augmentation du tarif d'utilisation des réseaux publics de 12% en 4 ans.

Selon un compte-rendu du comité central d'entreprise publié par la FNME-CGT en date du 12 juin, Michel Francony, président du directoire d'ERDF, viserait une augmentation du tarif d'utilisation des réseaux publics de 12%, "agencée comme suit: 6% au 1er janvier (2009) et 4% les trois années suivantes" *. La répercussion sur le tarif réglementé de vente de l'électricité (le Turp représente 46% de la facture)" s'élèverait à 2,5% du tarif bleu au 1er janvier 2009".

Dans ce compte-rendu figurent également des échanges portant sur la qualité de service fourni par ERDF, le renouvellement des concessions de distribution et la neutralité du distributeur. Extraits.

Qualité du service fourni par ERDF
"Par rapport à la situation globale en Europe en matière de distribution d’électricité, la qualité moyenne s’avère satisfaisante. Mais (la direction d'ERDF) déplore des écarts considérables en termes de délais de raccordements et de mises en service, aujourd’hui devenus inacceptables. Elle estime, dans certaines régions, dans un contexte climatique extrême ou en période d’activité de pointe, qu’elle n’est pas en situation d’offrir au pays la qualité de service qu’il est en droit d’attendre".
En conséquence, ERDF estime "nécessaire de dégager des recettes supplémentaires en demandant (à ses) clients un effort (lui) permettant de (se) montrer à la hauteur de (ses) ambitions".
Pour la qualité de l'électricité distribuée, ERDF entend réduire "l’écart entre des territoires ou le critère B** est de 30 minutes et d’autres où il s’élève à 3 ou 4 heures".

Contrats de concession
Michel Francony estime qu'en se focalisant sur "les conditions d’ouverture du marché", la direction d'ERDF a négligé "le risque que celle-ci court de perdre le monopole des concessions". D'où un retour attendu du "directeur territorial au cœur de l’activité de défense des territoires et des concessions". Directeur qui, après avoir connu son heure de gloire dans les années 1990, a vu son étoile pâlir dans la décennie suivante. Son come-back "sera largement évoqué au cours de la convention qui réunira les directeurs d’unité à l’automne". Et le président d'ERDF d'ajouter: "bien que la filiale mette tout en œuvre pour empêcher l’ouverture à la concurrence des concessions, il est indispensable de se préparer à cette éventualité".
La fusion de Gaz de France avec Suez est aussi un sujet de préoccupation: "Tant que ERDF collaborera avec GRDF, tout doit être mis en œuvre pour tirer parti de cette alliance. Certes, la coopération peut être en péril. L’alliance GrDF-GDF-Suez peut provoquer une rupture si chaque entreprise a pour objectif de ravir les concessions de l’autre".
Du côté de la CGT, on souligne la "forte rivalité entre le directeur territorial et le directeur de portefeuille" et l'impact négatif sur la qualité du service public de l'externalisation de certains services: "En outre, des réformes en continuité avec le système de management V2 se poursuivent. Elles dégradent pourtant la qualité du service public. C’est à croire qu’une fronde du management local s’est instaurée ! Nous n’ignorons pas que des dossiers d’externalisation de l’astreinte sont en cours d’étude. Il s’agit pourtant d’une des missions fondamentales du service public. Si nous ne réagissons pas rapidement, nous risquons de perdre la jouissance de nos concessions au profit de Suez-GDF".

A savoir
Dans le compte-rendu comité central d'entreprise suivant (3 juillet), la CGT détaille les mesures d'externalisation en se référant à "deux décisions, datées du 12 février 2008, (...) prises, l’une par le directeur général adjoint chargé du réseau patrimoine, l’autre par le directoire de la filiale". L’externalisation concernerait "l’activité appels dépannage en cas de débordement dus aux aléas climatiques, les interventions clients, la gestion et la réalisation des branchements, l’exploitation, la maintenance, le dépannage réseau, l’astreinte".

Neutralité et valeur ajoutée du distributeur
Michel Francony déplore que la "césure entre commercialisateurs et gestionnaires de réseau (ait réduit) le technicien clientèle (...) à un rôle opératoire. Il n’est plus habilité à délivrer des conseils". Estimant que ce rôle peut être valorisé "à un moment où des sujets tels que la maîtrise d’énergie et l’utilisation rationnelle de l’électricité sont au cœur des préoccupations des Français", il mesure le risque de partialité que "ce rôle d’intérêt général" peut laisser soupçonner: si les commercialisateurs "s’engagent dans l’éco efficacité, ils sont soupçonnés par les clients d’être motivés par des intérêts commerciaux. La filiale ambitionne d’occuper cette place laissée vacante. Malheureusement, la loi l’interdit, et la direction essaie d’obtenir des pouvoirs publics que ce rôle d’animation de proximité lui soit de nouveau dévolu".

Europe
A noter aussi le travail d'ERDF à Bruxelles pour "créer un club des distributeurs européens, à l’instar du club des transporteurs".

Consulter le compte-rendu du CCE d'ERDF du 12 juin, (document PDF, 30 pages, 640 Ko).
Consulter le compte-rendu du CCE d'ERDF du 3 juillet, (document PDF 33 pages, 1,3 Mo).

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- * Le calcul n'est pas évident. Il faut sans doute entendre 4% au total pour les 3 années suivantes.

- ** Le "critère B" mesure le temps moyen de coupure.

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