Le premier Sommet Afrique-Turquie scelle un partenariat d'un type nouveau

Publié le 20 août 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Ça phosphore du cote du Bosphore! Ankara déploie un activisme diplomatique qui devrait être suivie de près dans l'Union européenne...Relatio-europe publiait mardi une analyse de Ria Novosti sur la Turquie et la Mer Noire.  en marge de la visite à Moscou et à Tbilissi de son premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui  propose un Pacte de paix en vue de maintenir la stabilité dans le Caucase. Hier s'est achevé à Istanbul le premier sommet Turquie-Afrique sur le lancement d'un partenariat d'un type nouveau. Ce sommet, auquel participaient plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement entourés de ministres et de hauts fonctionnaires d'une cinquantaine de pays a adopté deux documents majeurs dont la "Déclaration d'Istanbul sur le partenariat Afrique-Turquie" et le "Cadre de coopération pour le partenariat Afrique-Turquie".


>>>La Déclaration d'Istanbul sur le partenariat Afrique-Turquie souligne, entre autres, que ce partenariat sera guidé par le respect des principes de la Charte des Nations unies, de l'Acte constitutif de l'Union africaine, les cinq principes de la coexistence pacifiques ainsi que d'autres principes universellement reconnus et régissant les relations entre les États.
Il énonce également la primauté du Conseil de sécurité des Nations Unies dans la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationale, ainsi que le rôle croissant de l'Union africaine dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits en Afrique à travers le Conseil de paix et de sécurité. La déclaration reconnaît en outre les efforts de l'Union africaine pour promouvoir le rôle des communautés économiques régionales afin de consolider la coopération sous-régionale et l'intégration continentale
La "Déclaration d'Istanbul sur le partenariat Afrique-Turquie" souligne l'importance cruciale d'améliorer la coopération dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes en vue d'éliminer ce fléau mondial. Le texte met un accent particulier sur la nécessité de consolider et d'élargir le partenariat afro-turc à tous les niveaux et dans tous les domaines et de créer entre les pays africains et la Turquie un partenariat durable et à long terme fondé sur l'égalité et les avantages mutuels.
>>> Le cadre de coopération pour le partenariat Afrique-Turquie constitue l'instrument de mise en œuvre de la Déclaration d'Istanbul sur le partenariat Afrique-Turquie. A cet égard, il définit les domaines d'actions prioritaires pour le développement des pays africains : la promotion de la coopération intergouvernementale, de la paix et de la sécurité, les échanges commerciaux et les investissements, l'agriculture, l'agro-industrie, le développement rural, la gestion des ressources en eau, la promotion des petites et moyennes entreprises, la santé, les infrastructures, l'énergie, les transports et les télécommunications, la culture et l'éducation, les médias et les technologies de l'information et de la communication.
Les échanges commerciaux entre la Turquie et l'Afrique ont atteint 13 milliards de dollars en 2007, plus du double de ce qu'ils étaient en 2003. « Nous avons pour but d'augmenter le volumes des échanges à 30 milliards de dollars en 2010 », a indiqué Ünal Ceviköz, le vice-sous-secrétaire au ministère turc des Affaires étrangères. Un cap que les Chinois, des investisseurs de plus en plus actifs en Afrique, ont passé depuis 2006, l'année où a été lancé le forum économique Afrique-Turquie qui réunit chaque année à Istanbul opérateurs économiques turcs et africains.

Les principaux partenaires économiques de la Turquie sur le continent sont l'Algérie, l'Egypte et l'Afrique du Sud. Plus de 2,5 milliards de dollars d'échanges ont été réalisés avec les Algériens au premier semestre 2008, selon l'ambassade de Turquie en Algérie. Quarante pour cent des entreprises turques, qui opèrent en Afrique, travaillent sur le territoire algérien, principalement dans le secteur des infrastructures.

Dans un entretien accordé au journal algérien El Watan, Muzaffer Soysanli, le conseiller commercial de l'ambassade turc en Algérie a estimé que les relations économiques entre les deux pays étaient néanmoins déséquilibrées. Les importations algériennes représentent à peine la moitié des exportations vers la Turquie dominées par les hydrocarbures. Elles s'élevaient à 2,3 milliards de dollars en 2007. Ankara espère donner un coup d'accélérateur à ces relations commerciales grâce à la signature d'un accord de libre-échange. Les droits de douane perçus sur les produits turcs pénalisent leur compétitivité par rapport aux produits européens sur le marché algérien.
En marge de ce sommet, le Maroc et la Turquie ont également sérieusement resserré leurs liens et renforcés leur coopération.Le Premier ministre marocain a, également, souligné que l'expertise acquise par le Maroc dans différents domaines, notamment l'agriculture, la pêche, l'eau potable et les infrastructures, le prédispose à participer activement, dans le cadre de la coopération triangulaire Maroc-Turquie-Afrique, au développement d'une coopération tripartite répondant aux besoins réels des pays africains.
Et ce type d'engagements a été pris avec la plupart des pays africains participant à ce sommet d'Istanbul qui est le point culminant d'une stratégie turque élaborée en 1998 et revue en 2003 pour se rapprocher des pays africains.
En 2003, la Turquie est devenue membre observateur de l'Union africaine et compte, depuis mai dernier, parmi les membres non-régionaux de la Banque africaine de développement (Bad).
Depuis 2005, année consacrée à l'Afrique, l'agence de coopération turque Tika a lancé 28 projets qui se concentrent en Afrique de l'Est, principalement en Ethiopie et au Soudan, mais aussi au Maroc, en Egypte au Nigéria.
Déclarée "partenaire stratégique" par le sommet de l'Union africaine qui s'est tenu à Addis Abeba en janvier dernier, la Turquie entend créer un véritable cadre de coopération socio-économique et politique. Elle a ouvert à cet effet trois bureaux régionaux de l'Agence turque de coopération et de développement (TIKA) à Addis Abeba, Khartoum et Dakar. Ankara a en outre décidé d'ouvrir 15 nouvelles ambassades en Afrique
Afin d'assurer la mise en œuvre des programmes et des politiques convenus, il est prévu un mécanisme de suivi. Le sommet Afrique-Turquie se tiendra tous les quatre ans alternativement en Turquie et sur le continent. La prochaine rencontre se tiendra donc en Afrique en 2013. Une conférence ministérielle d'évaluation sera convoquée tous les trois ans pour évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre du programme d'action et préparer le prochain sommet. Le mécanisme de suivi sera coordonné au niveau africain par la Commission de l'Union africaine et au niveau turc par le ministère des Affaires étrangères.
« La Turquie fait les yeux doux à l'Afrique », note Afrika.com en soulignant que Ankara a profité de cette rencontre d'Istanbul pour obtenir leur soutien aux Nations unies. La Turquie briguera en octobre prochain un siège de membre provisoire au Conseil de sécurité de l'Onu. En contrepartie, le ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan s'est engagé à faire de son pays « le porte-voix de l'Afrique ». Un bel activisme diplomatique qui donne une dimension nouvelle, peut-être, au dossier "Turquie-Union européenne"...

William PETITJEAN