Inexistences, la chronique inexistentielle ?

Par Juju-Gribouille @JujuGribouille

Titre : Inexistences
Auteurs : Christophe Bec (scénario et dessins), Sébastien Gérard (couleurs)
Éditeur : Soleil
Collection : Fantastique
Année : 2023
Pages : 152

Résumé d'une époque :

Des montagnes gelées, un monde à l'abandon, des ruines d'énormes bâtiments métalliques, quelques hommes qui tentent de survivre en petits groupes, un passé dont personne ne se souvient, sauf peut-être un enfant bleu, quelque part, dans la hors-zone. Légende ou réalité ? Pour le savoir, il faut s'aventurer dans un territoire inconnu, loin de son camp...

Le scénario éclaté:

Christophe Bec nous expose un monde mystérieux, âpre, froid, dangereux. Dans ces montagnes solitaires, les hommes se regroupent en petites tribus et mangent des cafards, tout ce qu'ils peuvent trouver pour tenir. Ces groupes se font la guerre parfois, pour la possession d'un entrepôt de ravitaillement militaire, où sont stockés de la nourriture des temps anciens et d'étranges technologies.

Le récit se décompose en chapitres, chacun nous présentant une histoire dans cet univers. Un récit choral, aussi bien dans sa narration que dans sa forme.
Christophe Bec adopte des méthodes de narration variées, BD mais aussi des cases encadrant des morceaux de texte ou les intégrant et même une nouvelle avec quelques illustrations, et parfois de grandes peintures.
Tout est possible pour nous donner un aperçu de ce futur glaçant. On y croit. Oui, un jour, après la fin du monde, on survivra tant bien que mal et on aura perdu trace de notre passé.
Dans l'introduction, Christophe Bec explique qu'il espère que ce futur ne se réalisera pas, à l'inverse de ces prédécesseurs auteurs de la science-fiction qui s'est malheureusement réalisée. A la fin de la lecture de cet ouvrage, on souhaite comme lui que cela reste de la fiction et qu'aucun humain ne connaîtra ce triste futur délabré.

Les dessins et les peintures :

Livre illustré, dessins narratifs, bande dessinée, peintures, inutile de choisir, Inexistences est un patchwork de tout cela. Et cela nous donne une plus grande vision de cette époque lointaine. Le dessin réaliste, mêlant un gros travail de hachures aux visions panoramiques, aux paysages d'ensemble, où l'homme fait figure de fourmi, pose une ambiance étouffante. Les couleurs brutes accentuent cet effet. Les blancs de la page, pour les textes, renvoient à cette neige éternelle qui se moque des hommes et a recouvert le monde, comme pour l'enterrer.
L'espoir n'est plus de mise. Et les magnifiques doubles, quadruples pages dépliantes de cette BD ne laissent aucun doute. Illustrations magnifiques d'un monde déjà mort, mais qui ne le sait pas encore.

Capturer des mouvements de vie, des personnes hagards, cette montagne écrasante, voilà ce que le dessin parvient à faire. Le titre de la BD prend tout son sens au fil des pages, savamment cadrées pour nous faire ressentir ce concept de vies vides de sens, à part survivre, pour survivre un jour de plus. Même cet enfant bleu n'est pas une lueur d'espoir, mais pour ces gens, une légende à vérifier, ou à oublier.
Pas d'onomatopée, pas de bruit, seul le silence règne avec les pensées des hommes comme seul murmure, ce choix accentue encore plus l'effet morbide de ce futur non désiré.

Conclusion d'une BD hors cadre:

Christophe Bec nous offre un univers dur, où l'homme a détruit son propre monde et tente de survivre dans des montagnes enneigées et éternellement silencieuses. Une histoire de science fiction réussie, mêlant peintures, nouvelle et BD.

Zéda erre dans les montagnes de Inexistences !