Le jeu de la musique

Publié le 30 janvier 2024 par Adtraviata

Présentation de l’éditeur :

Un garçon se suicide dans un terrain vague d’Hochelaga-Maisonneuve où souvent il passait la journée étendu au soleil et la nuit à faire des feux. Il s’est levé un matin d’août et s’est pendu à un arbre. Des amis lui survivent. Ils portent sa mémoire et continuent à vivre, à lutter, à aimer, confrontant les amours du présent à ceux du souvenir. Ils racontent les erreurs, les amis perdus, les peurs, les quelques victoires et les explosions de révolte.

Il y a les enfances isolées, les hommes violents, la dépression, les années d’humiliation, d’insatisfaction à trop travailler pour trop peu. Il y a les chicanes et les ruptures, entre amis, entre femmes. Mais il y a la vie qui surgit aux endroits les plus inattendus, l’amour encore, la beauté et l’espoir. Et il y a le jeu – le jeu des histoires, le jeu de la musique, et tous ces moments où nous sommes enfin réunis.

Depuis l’enfance dans l’Ontario français jusqu’aux squats punks de Californie, en passant par le Montréal des années 2010 tel que vécu par un groupe d’amis composé de militants, de marginaux, de féministes, d’étudiants et de chômeurs qui rêvent d’écrire, Le jeu de la musique est un appel, une ode à la vie et à l’amitié, adressée à celles et à ceux qui ressentent toute la violence du monde, au point parfois d’avoir envie de mourir.

Ce livre est présenté comme des nouvelles mais en réalité on comprend vite que les textes plus ou moins courts sont reliés entre eux par des personnages récurrents (notamment Sabrina et Céline), à divers moments de leur vie et que ces personnages sont tous liés au jeune homme qui s’est suicidé dans le prologue.

Sabrina, Céline, Jess et les autres ont du mal à vivre selon les codes conventionnels de la société, à mener des études pour trouver un emploi stable, un métier qui les passionne, ils peinent à trouver l’amour, à garder une relation au long cours, certains vivent en marge, dans des squats, tous ont tout simplement du mal à s’arrimer à la vie. Mais l’amitié est souvent pour eux une bouée de sauvetage et si la perte de sens, le désespoir ne sont pas loin parfois, tout n’est pas entièrement noir dans leur histoire, le retour à l’enfance peut les sauver peut-être.

C’est un livre très « moderne », qui perçoit bien la quête de sens et/ou le désenchantement des jeunes adultes contemporains, avec leur apparent détachement des conventions, leurs addictions, leur flexibilité, leurs chagrins. L’écriture est fluide, entraînante, les pages se tournent facilement même si le sujet est lourd, on s’attache à essayer de comprendre ces personnages qui nous auront fait partager leur intimité mais garderont leur part de mystère. A souligner aussi l’étrange beauté des photos de Francesca Woodman en couverture et quatrième de couverture.

« Ces lieux tranquilles où vivre et mourir en paix, il n’y en a presque pas. Il n’y en a presque plus. Et moins il y en a, moins on se souvient de cette autre vie, celle qui commence dans le ventre et qui éclate dans la gorge, dans les yeux, dans le sexe, dans nos langues qui touchent au soleil. »

« J’espère qu’en continuant à lire, à travailler, à faire ce que je fais quand je ne dors pas, à faire de mon mieux, je ressentirai de la tendresse, assez de tendresse pour attirer à moi ceux à qui je voudrais donner ma tendresse. Toujours, il faut fouiller la foule à la recherche d’êtres humains. »

Stefanie CLERMONT, Le jeu de la musique, Le Quartanier, 2017

Dernier billet pour les Bonnes Nouvelles de Je lis je blogue (et j’ai réussi à sortir un livre de ma PAL Québec)