Déclassement

Par Deathpoe

La journée était une crainte qui n'en finissait plus de reposer contre le goudron sec de rues sans papier. Il fallait se traîner sur place et s'obliger à regarder en coin les soumissions au passé, la comparaison aux souvenirs, l'attente vers ce qui ne serait peut-être jamais.

Je regardai son visage sec et fermé, et m'apprête à lui dire qu'elle fait partie des deux capables de me pousser à bout. La seconde n'étant plus de ce monde pour le faire. Elle se crispe sans soucis à chacune de mes accélérations. Je l'avais déjà prévu il y a quelques temps: plus personne n'est vraiment capable de me suivre convenablement. Je ne me calme ni ne m'arrête plus, et quand bien même mon corps pourrait tirer toutes les sonnettes d'alarme possibles, je reste en sa pleine possession.  Jetant un regard dans le rétroviseur, je me dis qu'il est tout bonnement hors de question que je me pose. Le seul repos valable sera celui du cercueil, et il ne me manque par moments que certains points de comparaison, quelque chose qui alimenterait encore un peu plus la rage que je nourris depuis tant de temps à mon encontre. Mes rêves involontaires n'expriment souvent rien de plus qu'une immonde culpabilité. Les possibles se révélaient à nouveau à moi sans égards, j'en ressens les fondements précis, maintenant que la plupart de mes carburants sont réunis. De nouveau, je puis exclure toutes angoisses, les résorber à l'état de sucre en poudre.

"Achève-moi cet enfoiré. Cogne, cogne, cogne! Ouais, vas-y, tu peux à nouveau, allez, n'hésite pas. Mais qu'est-ce que tu crois? Tu veux être relégué aux dernières places, les fonds de tiroirs que l'on n'ouvre plus! Dépasse, dépasse, désire, ouvre, crève, implose, exclue."

En image je m'asseyais souvent de façon inconsciemment volontaire sur des pierres brûlantes. Je me vois maintenant les jambes dans le vide, dos au mur. L'esprit peut se pulvériser comme une cible-miroir.

The Doors "When the music's over"

"What have they done to the earth? 

What have they done to our fair sister? 
Ravaged and plundered and ripped her and bit her 
Stuck her with knives in the side of the dawn 
And tied her with fences and dragged her down 
I hear a very gentle sound 
With your ear down to the ground 
We want the world and we want it... 
We want the world and we want it... 
Now 
Now? 
Now! "